Cantate à Lyon en 1806

Les Loges parisienne et strasbourgeoise dénommées la Candeur sont bien connues, mais il y eut aussi à Lyon une Loge portant ce titre distinctif, fondée le 2 mai 1783.

        

 Elle célébra son centenaire en 1883. 

 

(image provenant de la p. 88 de la Revue belge de Numismatique en 1884)

Nous la connaissons notamment par le Tableau pour 1806 de la Loge et de son Chapitre, que Google a mis en ligne.

On trouve à la fin de ce document (pp. 19-22) cette Cantate Pour la Féte de St-Jean. Elle semble contenir pêle-mêle - sans que la cohérence en soit évidente - un classique discours moral (précédé d'une dramatisation évoquant le premier voyage) à l'intention d'un néophyte, un hommage à un disparu, l'inévitable (à l'époque) coup d'encensoir à Napoléon (ce Héros adoré des Français par ses vertus et ses succès) et une ardente prière au Grand Architecte.

Le texte il fait le bien sans autre espoir que l'espoir de le faire est d'esprit très proche de celui du précepte maçonnique Fais le bien pour l'amour du bien lui-même.

On trouve au tableau de la Loge plus d'un Frère dont le nom commence par B, ce qui ne permet pas l'identification précise de l'auteur.


 

C A N T A T E

Pour la Fête de St-Jean, à la Loge de
la
Candeur, Orient de Lyon.

 

 

Choeur de maçons.

 

O Nuit, étends ton voile sombre,
Seconde nos travaux par le ciel épurés :
Enveloppe-nous de ton ombre,
Pour dérober nos mystères sacrés.

 

                        Symphonie. (Orage.)

 

le néophyte.

 

Où suis-je ? où m'avez-vous conduit ?
Autour de moi la foudre gronde ;
De toutes parts l'obscurité profonde
Vient remplacer la clarté qui me fuit.

 

                       Symphonie douce.

 

un maçon.

 

Si ton coeur était pur, tu n'auras rien à craindre ;
Tu vas, en ce moment, au centre des vertus.
Si tu crois, tu n'es pas à plaindre,
Et le danger n'existe plus.
Un vrai Maçon se distingue au courage ;
Son coeur est humain, généreux ;
Il s'ouvre aux cris du malheur qu'il partage,
Et le malheur disparaît à ses yeux.
Toujours il fut bon père,
Bon époux, bon citoyen ;
Il chérit les vertus, par-tout il les révère,
Par-tout il fait le bien,
Sans autre espoir que l'espoir de le faire.
Qui peut l'égaler désormais ?
Dans les champs d'Austerlitz il partagea la gloire
De ce Héros, l'enfant de la Victoire,
De ce Héros adoré des Français.
Par ses vertus et ses succès,
Il mérita sa place au temple de Mémoire,
Et celle qu'en nos coeurs il occupe à jamais.

 

le néophyte.

 

Quelle morale douce et pure !
Les Maçons sont des Dieux.

 

le maçon.

 

Songe sur-tout que le parjure
Est à nos yeux
Un monstre affreux,
L'horreur de la nature,
Et que la mort le poursuit en tous lieux.
Promets donc le secret.

 

le néophyte.

 

                         Devant vous je le jure

 

I N V O C A T I O N.

trio ou Choeur.

De ce globe étendu puissant Régulateur,
De l'univers Architecte sublime,
Que jusqu'à ton coeur magnanime
Parvienne, en ce beau jour, l'encens de notre coeur !
Etre divin par ta nature,
Protège-nous ! Fais encor plus :
Donne-nous le pouvoir de pardonner l'injure,
D'être à jamais fidelles aux vertus !
Arme contre nous ta justice, 
N'épargne point de criminels enfans ;
Que ta foudre te venge et nous anéantisse,
Avant que nous puissions manquer à nos sermens !

 

               Par le Frère B.

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