Cantique de Chastaing
Le Rameau d'or d'Eleusis publié par Marconis de Nègre en 1861 contient (p. 106) ce pompeux cantique maçonnique, chanté avec l'accompagnement d'une musique céleste, suave harmonie que rêva Pythagore ; il est inséré dans un récit de l'Egypte ancienne, intitulé Une Loge à la bienveillance et censé avoir été narré par le 1er Surveillant au cours d'un Banquet :
Temple silencieux, témoin de nos mystères, |
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La prétendue antériorité (et supériorité), évoquée par Chastaing, des rites égyptiens sur les autres rites maçonniques se base sur de délirantes légendes telles que celles exposées par Marconis dans l'Histoire abrégée de la maçonnerie qu'il publie (pp. 1-11) dans le Sanctuaire de Memphis en 1849 et dont voici quelques extraits :
(p. 3) Quant à l'initiation égyptienne, sa renommée a parcouru le monde de l'antiquité et le monde moderne : toutes les initiations furent ses filles...
(p. 5) Mais de qui les Templiers avaient-ils reçu l’ensemble de la science maçonnique ? Des Frères d'Orient, dont le fondateur était un sage d'Egypte du nom d'Ormus, converti au christianisme par saint Marc. Ormus purifia la doctrine des Egyptiens, selon les préceptes du christianisme. Vers le même temps, les Esséniens et autres Juifs fondèrent une école de science Salomonique, qui se réunit à Ormus. Les disciples d'Ormus, jusqu'en 1118, restèrent seuls dépositaires de l'ancienne sagesse égyptienne, purifiée par le christianisme et la science Salomonique. Cette doctrine, ils la communiquèrent aux Templiers : ils étaient alors connus sous le nom dé Chevaliers de la Palestine ou Frères Rose Croix d'Orient c'est eux que le Rit de Memphis reconnait pour fondateurs immédiats.
En 1150, quatre-vingt-un d'entre eux arrivèrent en Suède, sous la conduite de Garimont, et se présentèrent à l’archevêque d'Upsal, qui reçut d'eux le dépôt des connaissances maçonniques. Ce furent ces quatre-vingt-un maçons qui établirent la maçonnerie en Europe.
Après la mort de Jacques Molay, des Templiers Écossais, devenus apostats à l'instigation du roi Robert-Bruce, se rangèrent sous les bannières d'un nouvel ordre institué par ce prince, et dans lequel les réceptions furent basées sur celles de l’Ordre du Temple. C'est là qu’il faut chercher l'origine de la Maçonnerie écossaise, et même celle des autres rits maçonniques. Les Templiers écossais furent excommuniés, en 1324, par Harminius.
Cette date concorde avec celle qui est donnée par le F. Chereau, de la séparation des Maçons d’Édimbourg d'avec ceux de Memphis, opérée en 1322, c'est-à-dire deux ans auparavant.
Les derniers restèrent fidèles aux antiques traditions ; les autres fondèrent un nouveau rit, sous le nom d'Hérédon de Kilwinning ou d’Écosse.
Voilà donc, dès la fin du 14e siècle, deux rits existants : le Rit de Memphis ou d'Orient, et le Rit Écossais. L'un et l'autre continuèrent à se faire des partisans dans toutes les parties de l'Europe.