Vis unita fortior

  Cliquez ici pour entendre le fichier midi de la partition ci-dessous, séquencé par Christophe D. 

 

L'ouvrage (profane, mais contenant l'une ou l'autre chanson ouvertement maçonnique) Le chansonnier belge, choix de chansons des poëtes belges, suivi d'un choix de chansons françaises, édité à Bruxelles en 1850, contient quelques chansons d'Adolphe Mathieu, parmi lesquelles (pp. 48-50) celle-ci.

Même si elle ne renferme pas la moindre référence strictement maçonnique, il nous semble hautement vraisemblable que le banquet fraternel pour lequel a été créée cette chanson soit en fait un banquet maçonnique, d'autant que le titre en est Vis unita fortior, qui est précisément la devise de la Loge bruxelloise des Vrais Amis de l'Union (cette expression latine ne semble à l'époque guère se rencontrer en Belgique hors de cet usage spécifique, alors même qu'elle a le même sens que la devise nationale L'Union fait la Force, qui a également inspiré Campenhout).

C'est la raison pour laquelle nous l'avons fait figurer à ce site, d'autant qu'elle constitue, dans un tel cas, un intéressant témoignage de la volonté affichée par la maçonnerie de l'époque de se poser en protecteur des Arts et des Lettres.

Ce qui précède rend à nos yeux très vraisemblable l'appartenance maçonnique de Mathieu, qui n'a pourtant pas encore été signalée à notre connaissance, même par Paul Delsemme dans son ouvrage Les écrivains francs-maçons de Belgique.

 

 

ci-contre : la devise Vis unita fortior figure à un vitrail ornant le siège de la Loge des Vrais Amis de l'Union

Adolphe Mathieu

On peut lire sur le site de l'Université de Mons cette notice de René Plisnier sur Adolphe Mathieu (1804-1876) :

Fils de notaire, Adolphe Mathieu est né à Mons le 22 juin 1804 (NDLR : 1802 selon d'autres sources). Après des études au collège de sa ville natale et à l’Athénée de Namur, il s’inscrit à l’Université de Louvain dont il est exclu après la publication d’une ode sur la mort de son grand oncle maternel, le Conventionnel Lesage-Senault, ode dans laquelle il faisait l’éloge du régime républicain. Il termine alors ses études à Gand.

En 1840, A. Mathieu est nommé bibliothécaire de la ville de Mons, mais perd son emploi en 1844 à la suite d’un différend avec l’autorité communale dont il ne partageait pas les options politiques. Deux ans plus tard, on le retrouve inscrit à l’Association libérale de Mons qui venait de se créer. Pour échapper aux attaques de ses adversaires, il quitte Mons et s’installe à Bruxelles. Le 4 août 1849, il est nommé professeur à l’Université de Liège, titre dont il n’usera pas. En 1852, suite à l’intervention de Charles Rogier, il est adjoint au conservateur de la section des manuscrits à la Bibliothèque royale. Cinq ans plus tard il en est conservateur et conservateur en chef en 1864. Il occupe ce poste jusqu’à sa mise à la retraite en 1873.

Mathieu meurt le 13 juin 1876 à Ixelles, localité dont il a été conseiller communal de 1860 à 1872. Il était également membre de la Société des Sciences, des Arts et des Lettres du Hainaut, de la Société des Bibliophiles belges séant à Mons, correspondant de la Classe des lettres de l’Académie royale (1850) et membre effectif de cette même classe (1863).

Publiciste, Mathieu avait un esprit caustique et la rime facile. Certains de ses adversaires l’ont appris à leurs dépens. Il a publié de nombreuses pièces en vers et a compté au nombre des collaborateurs de plusieurs journaux montois.

Une liste de ses oeuvres figure ici, et un bon nombre sont lisibles sur le web (exemples : a, b, c, d, e, f, g, h, j, k, l).

    


L'air de la République est celui que Béranger a emprunté, à plus d'une reprise, au vaudeville de la petite Gouvernante, mais en l'aménageant en fonction de la métrique ; nous en connaissons déjà une version pour vers de 8 pieds, mais il donne aussi (avec son amusante chanson de 1831, Conseils aux Belges, composée au moment où la Belgique nouvellement indépendante hésitait entre une royauté et une république) une version pour vers de 10 pieds (en dédoublant des notes là où c'est nécessaire, avec des changements dans la rythmique) :


La devise Vis unita fortior était également celle d'une Loge dieppoise initialement dénommée Les Trois Coeurs Réunis, qui, reconstituée en 1783, vit son titre changé en 1784 en celui des Coeurs Unis.

Ci-dessous la médaille de la Loge dieppoise des Coeurs Unis et un jetton (sic) daté de 1784 de la Société des Coeurs Réunis (dieppoise  également). Chose curieuse, ce jeton (sans doute un simple jeton de présence) ne présente pas de caractère maçonnique manifeste.

Selon Dinaux dans son livre Les sociétés badines, bachiques, littéraires et chantantes, leur histoire et leurs travaux (p. 169), les initiales EFU qui y figurent pourraient constituer un rébus (F entre E U) dont la signification serait Frères entre Eux Unis.

 

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