Vis unita fortior
Cliquez ici pour entendre le fichier midi de la partition ci-dessous, séquencé par Christophe D.
L'ouvrage
(profane, mais contenant l'une ou l'autre chanson ouvertement maçonnique)
Le chansonnier belge,
choix de chansons des poëtes belges, suivi d'un choix de chansons
françaises, édité à Bruxelles en 1850, contient quelques chansons
d'Adolphe Mathieu,
parmi lesquelles (pp. 48-50) celle-ci.
Même si elle ne renferme pas la moindre référence strictement maçonnique, il nous semble hautement vraisemblable que le banquet fraternel pour lequel a été créée cette chanson soit en fait un banquet maçonnique, d'autant que le titre en est Vis unita fortior, qui est précisément la devise de la Loge bruxelloise des Vrais Amis de l'Union (cette expression latine ne semble à l'époque guère se rencontrer en Belgique hors de cet usage spécifique, alors même qu'elle a le même sens que la devise nationale L'Union fait la Force, qui a également inspiré Campenhout). C'est la raison pour laquelle nous l'avons fait figurer à ce site, d'autant qu'elle constitue, dans un tel cas, un intéressant témoignage de la volonté affichée par la maçonnerie de l'époque de se poser en protecteur des Arts et des Lettres. Ce qui précède rend à nos yeux très vraisemblable l'appartenance maçonnique de Mathieu, qui n'a pourtant pas encore été signalée à notre connaissance, même par Paul Delsemme dans son ouvrage Les écrivains francs-maçons de Belgique.
ci-contre : la devise Vis unita fortior figure à un vitrail ornant le siège de la Loge des Vrais Amis de l'Union |
On peut lire sur le site de l'Université de Mons cette notice de René Plisnier sur Adolphe Mathieu (1804-1876) :
Une liste de ses oeuvres figure ici, et un bon nombre sont lisibles sur le web (exemples : a, b, c, d, e, f, g, h, j, k, l). |
L'air de la République est celui que Béranger a emprunté, à plus d'une reprise, au vaudeville de la petite Gouvernante, mais en l'aménageant en fonction de la métrique ; nous en connaissons déjà une version pour vers de 8 pieds, mais il donne aussi (avec son amusante chanson de 1831, Conseils aux Belges, composée au moment où la Belgique nouvellement indépendante hésitait entre une royauté et une république) une version pour vers de 10 pieds (en dédoublant des notes là où c'est nécessaire, avec des changements dans la rythmique) :
La devise Vis unita fortior était également celle d'une Loge dieppoise initialement dénommée Les Trois Coeurs Réunis, qui, reconstituée en 1783, vit son titre changé en 1784 en celui des Coeurs Unis.
Ci-dessous la médaille de la Loge dieppoise des Coeurs Unis et un jetton (sic) daté de 1784 de la Société des Coeurs Réunis (dieppoise également). Chose curieuse, ce jeton (sans doute un simple jeton de présence) ne présente pas de caractère maçonnique manifeste.
Selon Dinaux dans son livre Les sociétés badines, bachiques, littéraires et chantantes, leur histoire et leurs travaux (p. 169), les initiales EFU qui y figurent pourraient constituer un rébus (F entre E U) dont la signification serait Frères entre Eux Unis.