L'Union fait la Force

(1832) Musique de Campenhout

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En 1832, Van Campenhout (auteur de la Brabançonne) a composé, à l'occasion de la grande cérémonie commémorative du cinquantenaire de la fondation (le 29 avril 1782 par la Grande Loge des Pays-Bas Autrichiens) de la Loge les Vrais Amis de l'Union à l'Orient de Bruxelles, un hymne maçonnique (sur des paroles des Frères Desfossés et Grandmanche) intitulé - titre qui est aussi la devise nationale - l'Union fait la Force (devise dont la traduction latine, Vis unita fortior, est précisément la devise de cette Loge). Cela lui valut, simultanément, d'être fait membre honoraire dudit Atelier.

David Vergauwen, dans son ouvrage Maçonnieke chansons in negentiende-eeuws België (Liberaal Archief, 2017), donne de ce chant une version légèrement différente (les différences sont marquées en mauve et entre [] ci-dessous).

Refrain 

Francs compagnons [Chevaliers] de la maçonnerie,
serrons nos rangs, tenons-nous ferme en main,
peut-être un jour, notre union chérie,
doit-elle encore servir le genre humain,
doit-elle encore servir le genre humain,
 servir le genre humain.




Couplet 1 

J'ai vu l'envie en d'impuissants discours,
se prononcer contre notre existence,
elle disait : sans eux, le siècle avance,
nous n'avons plus besoin de leur secours ;
Oui, vers le bien s'avance un siècle sage,
mais quand le calme a dissipé l'orage,
quand le ciel brille aux yeux des [
alors qu'au port entrent les] matelots,  
faut-il, ingrats, détruire l'arche sainte,
qui vous reçut au moment de la crainte, 
et vous sauva de la fureur des flots. 

Couplet 2 

Sous d'autres cieux, un préjugé cruel,
là, sur le trône, enfant du despotisme,
là, dans la chaire enfant du fanatisme,
veut renverser et briser notre autel.
Ne craignons rien de ses honteuses armes ;
si du malheur nous tarissons les larmes,
si les vertus habitent parmi nous,
c'est vainement qu'à nous nuire il s'efforce,
nous le bravons, L'union fait la force,
et des méchants méprise le courroux.

Couplet 3

Ah! si j'en crois un généreux transport,
de nos travaux l'éternelle durée !
attestera leur essence sacrée!
et la vertu prenant un noble essor
du monde entier fera le sanctuaire
où, rouleront les flots de sa lumière !
tous les mortels ouvrant enfin les yeux
et repoussant des ombres mensongères,
ne feront plus qu'un seul peuple de frères,
qui bénira nos efforts glorieux.

Partition des couplets (ici, le 2e) 

Devant un fond de colonnes et une lettre G entourée de flammes, une femme - serait-ce une allégorie de la Franc-Maçonnerie? -  vêtue de sa seule chevelure (heureusement assez longue pour lui servir de feuille de vigne) et tenant en main divers objets à caractère symbolique, se dresse dans une lumière éclatante, cependant que dans l'ombre, sous l'oeil courroucé de quelques personnages caricaturaux, des serpents s'apprêtent à l'attaquer : thème classique de la défense et illustration de la Maçonnerie contre ses contempteurs, qu'on trouvait déjà, près d'un siècle plus tôt, dans la seconde partie de la cantate Les Francs-Maçons de Clérambault (Noire calomnie, Barbare furie, Tu sors des Enfers, Ton souffle perfide  Infecte les airs ... J'entends sur nos têtes Tes serpents affreux).

Cette gravure orne la couverture de la réédition (artisanale) de la partition de l'Union fait la Force que nous avons pu consulter, mais nous n'avons pu déterminer si elle figurait également à l'édition originale.

 

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