Les francs-maçons
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L'ouvrage Le chansonnier belge,
choix de chansons des poëtes belges, suivi d'un choix de chansons
françaises, a été édité à Bruxelles en 1850.
Parmi les auteurs mis en évidence, on citera Jenneval - dont la Brabançonne ouvre le recueil - , Van Rijswijck, Adolphe Mathieu, Antoine Clesse, Ch. Potvin, Félix Bovie ... Les chansons françaises sont notamment de Béranger, Pierre Dupont, et Lachambeaudie (qui est l'auteur d'une chanson du présent site). Nous y avons trouvé deux chansons maçonniques, celle-ci (aux pp. 233-5) et Le serment à la Fraternité qui fait l'objet d'une autre page de ce site. Cette chanson-ci figure dans l'ensemble des auteurs divers et anonymes et ne porte effectivement aucune indication d'origine. Il semble difficile d'identifier avec précision les événements - tant externes qu'internes à la maçonnerie - auxquels il est fait allusion dans cette chanson, et les maçons auxquels elle s'en prend avec autant de virulence en les traitant (couplet 2) de faux frères. On peut cependant se demander si le couplet 5 ne ferait pas allusion à la politique répressive du tsar Nicolas Ier et peut-être à l'écrasement en 1846 du soulèvement de Cracovie, ou encore aux prolégomènes de la guerre de Crimée. |
Quant aux trois mots saints en triangle, mentionnés au couplet 6, on peut présumer qu'il s'agit du triptyque Liberté-Egalité-Fraternité, qui avait été évoqué comme maçonnique après la Révolution de 1848.
On peut sans doute aussi voir dans le thème d'ensemble de la chanson un reflet des débats qui à l'époque se développaient dans la maçonnerie belge quant à l'opportunité de son activité dans le champ des luttes politiques, et qui allaient aboutir à l'arrêté du Grand Orient du 21 octobre 1854.
Le thème classique de la critique des jésuites est évoqué au couplet 3, conformément aux obsessions de l'époque.
Les francs-Maçons AIR : T'en souviens-tu, disait un capitaine Frères, notre ordre au monde doit l'exemple
; 2 Dans leur succès pire qu'une défaite, 3 Nous arrêter ! mais notre oeuvre commence. 4 N'est-il donc plus un seul homme qui souffre
? 5 Nous arrêter ! mais tout marche, et le monde 6 Nous arrêter !
quand sur tous les profanes
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Comme en témoigne l'extrait ci-dessous, on trouve aussi cette chanson (avec quelques variations, principalement dans la ponctuation) dans un cahier manuscrit autographe (et non daté) de Félix Bovie, propriété du Musée belge de la Franc-maçonnerie.
Faut-il en conclure que le texte serait de Bovie lui-même ? Vraisemblablement pas, puisque ce carnet contient également une chanson dont l'auteur - qui n'est pas Bovie - est connu par ailleurs, et une autre qui, elle, porte la signature de Bovie. Il semble donc bien que Bovie aurait copié cette chanson-ci - éventuellement pour la chanter lui-même - après l'avoir trouvée à son goût. Dans ce cas, les différences par rapport à la version imprimée donnent l'impression qu'il s'agit d'une transcription à l'audition plutôt que d'une copie sur document.