La Fraternité
Cliquez ici (midi) ou ici (mp3) pour entendre le fichier du vaudeville des deux Edmond, séquencé par Christophe D.
Le recueil 1840 de la Revue maçonnique de Lyon et du Midi donne à partir de sa p. 156 un compte-rendu de la FÊTE SOLSTICIALE DU SUPRÊME CONSEIL DE FRANCE du RIT ÉCOSSAIS ANCIEN ET ACCEPTÉ tenue le 24 juin 1840.
On y lit que sur la fin des travaux de banquet, le frère Jules Barbier, membre de la loge des Trinitaires (cette Loge avait été fondée en 1821 par Vuillaume), a chanté le cantique maçonnique suivant, de sa composition.
Le frère Jules Barbier (à ne pas confondre avec le librettiste du même nom) était avocat. Le recueil 1840 du Globe nous apprend (p. 36) que le 27 décembre 1839 il fit fonction d'Orateur à la Fête d'Ordre du Suprême Conseil et prononça à cette occasion un discours ; l'année suivante, il fut élevé du 18e au 30e degré et devint titulaire de cette fonction d'Orateur de la Grande Loge. En 1844, il fit partie de la délégation du Suprême Conseil qui procéda à l'installation de la Loge rémoise l'Union Parfaite, et chanta à cette occasion. En 1848, il sera un des fondateurs de la Grande Loge Nationale de France. C'est lui qui, menant à l’Hôtel de Ville une députation des loges de Paris lors de la Révolution de 1848, déclara - abusivement d'ailleurs - : Nous saluons des acclamations les plus vives le Gouvernement républicain qui a inscrit sur la bannière de la France cette triple devise qui fut toujours celle de la Franc-Maçonnerie : « Liberté, Egalité, Fraternité. » Des éléments du fichier Bossu (voir ici et ici) nous permettent de l'identifier plus précisément comme Jules-Claude Barbier, né à Enghien le 28-2-1815, membre en 1840 de la Loge Mont Sinaï et Vénérable en 1842 de la Loge Les Trinitaires. Il s'agit donc bien du Jules-Claude Barbier (28.2.1815-1901) qui a terminé sa carrière comme procureur général près la Cour de cassation. Nous n'avons pas vu d'indication qu'il ait poursuivi des activités maçonniques après le très décevant échec de la Grande Loge Nationale de France, ce qui ne semble pas étonnant. |
Ce cantique (avec 6 couplets) est reproduit aux pp. 164-5 :
LA FRATERNITé
CANTIQUE MAÇONNIQUE.
AIR : N'en déplaise aux chanteurs modernes. (Desaugier)
Depuis long temps on dit sur terre
Maçons, c'est par de bons
exemples
Plus d'un croit secouer sa chaîne, |
|
Parfois les discordes
civiles,
Vrai lien de famille humaine,
Noble don du ciel, le génie, |
On peut lire à la p. 90 de l'Esprit des journaux que les couplets de Désaugiers ayant pour incipit N'en déplaise aux chanteurs modernes doivent se chanter (ce que confirme l'identité de structure et de métrique) sur l'air du Vaudeville des deux Edmon.
Sous le titre Chanson maçonnique, avec le même nom d'auteur, mais sans référence d'air, cette chanson réapparaît dans la rubrique Architecture poétique du n° 12 (décembre 1855) des Esquisses de la vie maçonnique suisse (pp. 185-6). Toujours avec 6 couplets, mais :
le 4e (Parfois les discordes civiles ...) a disparu (ce qui apparaît comme normal dans une revue suisse, puisqu'il est spécifique à la France)
un couplet final, traduisant l'espoir de la paix universelle, a en revanche été ajouté :
Un jour les peuples seront frères, |
Et l'on trouvait déjà la version intégrale (avec 7 couplets) aux pp. 117-8 du Tome 1 (1839) du Globe, avec la précision Cantique maçonnique chanté au banquet d'installation de l'illustre frère duc Decazes et la mention Orateur de la loge des Trinitaires à propos de Barbier.
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