Impression d'un néophyte

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La BNF a mis en ligne ce cantique de Léonard Schneitz intitulé Ma réception : impression d'un néophyte et chanté au banquet de la Loge Isis-Montyon le 8 février 1856. L'auteur tente de reproduire les réactions qu'il attribue à un nouvel Apprenti et il en profite pour rappeler le rituel de la cérémonie.

On remarque que, conformément à une mode assez répandue à l'époque, la date indiquée (le 3e jour du mois de adar 5855) résulte d'un mixte entre la datation maçonnique (pour l'année) et la datation hébraïque (pour le jour et le mois).

 

     

Ma réception

 

Impression d'un néophyte

 

Cantique maçonnique chanté par le Frère Schneitz

 

au banquet de La R.L. Isis-Montyon

le 3e jour du mois de adar 5855 (8 février 1856, ère vulgaire).

 

Air De la Plainte du Mousse : Ma mère qu'as-tu fait de ton pauvre petit ? 

 

Découragé, honteux, en voyant qu'en ce monde,
L'égoïsme au front dur trône avec impudeur,
Je rêvais de beaux jours, loin de ce gouffre immonde,
Qui pour l'humanité, comprimait mon ardeur...
Quand un ami survient et me dit : « Prends courage !
« Si (pour le peu de temps qu'ici-bas nous passons)
« Tu veux de la vertu, voir le ciel sans orage,
« Viens épancher ton âme avec les Francs-Maçons. 
»  (Bis.)

 

 

Je le suis : et soudain vient s'offrir à ma vue,
L'image de la mort dans son abaissement...
Il faut de mes devoirs signaler l'étendue
Et sur un noir tombeau faire mon testament.
Une sainte frayeur s'empare de mon être...
Partout je vois briller de sévères leçons...
Homme ! je dois mourir, mais afin de renaître
Plus heureux et plus pur avec les Francs-Maçons.  (Bis.)

 

 

Le bandeau vient encor m'apporter ses ténèbres,
Et comme un faible enfant, j'ai besoins d'un appui.
J'entends des bruits confus et des clameurs funèbres...
Grands Dieux ! est-ce le ciel qui m'écrase aujourd'hui ?
Pourtant, on me retient sur le bord de l'abîme...
Puis l'horrible fracas fait place à de doux sons.....
C'est la Fraternité ! qui de sa voix sublime
Me dit : « Viens, je t'attends avec les Francs-Maçons.
»   (Bis.)

 

 

Mon coeur n'a point failli, car au sein des alarmes,
La main d'un guide sûr n'a pas quitté ma main.
L'épreuve s'adoucit..., ce n'est plus qu'un bruit d'armes :
Ainsi de la vertu s'aplanit le chemin.
Un juge m'interroge et pour lui, nuls mystères...
De l'âme qui s'émeut, scrutant jusqu'aux frissons,
Il dit « Si parmi nous tu veux trouver des frères,
« Il faut donner ton sang pour gage aux Francs-Maçons.
»   (Bis.)

 

 

Je suis purifié par l'eau, puis par la flamme ;
Et mon goût est froissé sous un breuvage amer ;
On me dicte un serment que bien haut je proclame,
Un compas sur le coeur et la main sur le fer.
De ses terreurs d'enfant mon âme s'est remise...
De coeurs remplis d'amour je vais faire moisson :
Vivat ! Je touche enfin à la terre promise ! ! !
La lumière apparaît et je suis Franc-Maçon ! ! !  (Bis.)

 

 

Me voici membre élu de la grande patrie ;
De gloire et de travaux, je vais avoir ma part ;
J'en suis heureux et fier, noble maçonnerie,
Et veux que ton drapeau frappe au loin le regard.
Dans le monde profane il faut qu'on te révère ;
Il doit en être ainsi, car nous reconnaissons
Un Dieu pour Créateur, chaque homme pour un frère :
Tel est l'acte de foi de tous les Francs-Maçons !  (Bis.)

 

                                   Léonard Schneitz.

                               Vénérable de la Loge de Henri IV,
                                    Orient de Paris

La plainte du mousse

Ma mère qu'as-tu fait de ton pauvre petit ? est une bien larmoyante chanson, dont nous avons trouvé le texte ici (ci-dessous les deux premiers couplets), la partition ici (sans accompagnement) ou ici (avec accompagnement de piano) et un fichier sonore ici.

Pourquoi m'avoir livré, l'autre jour, ô ma mère , 
A ces hommes méchants qu'on nomme matelots? 
Qui toujours aux enfants parlent avec colère, 
Et se plaisent à voir leurs cris et leurs sanglots. 
Mère, toi qui rendait la douleur moins pénible, 
Avec ta voix si douce à celui qui pâtit ! 
Si ces gens sont mauvais, la mer est plus terrible ! 
Ma mère qu'as-tu fait de ton pauvre petit ?

De ton logis le pain était bien noir ma mère. 
Mais ta main le donnait avec des mots si doux, 
Que pour moi la saveur en était bien moins amère, 
Et puis je le mangeais assis sur tes genoux ; 
Ici, point de pitié, personne, hélas ! ne m'aime, 
Et lorsque le repas des autres se finit, 
On me jette ma part, en lançant un blasphème. 
Ma mère qu'as-tu fait de ton pauvre petit ?

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