Couplets de Defrenne

Cliquez ici pour entendre le début de l'air, emprunté au disque de Blyelle Horngacher, L'art de la musique mécanique, vol. 1

Dans le Tome VI (années 1825 à 28) des Annales chronologiques, littéraires et historiques de la maçonnerie des Pays-Bas à dater du 1er janvier 1814 (accessible via la digithèque des bibliothèques de l’Université Libre de Bruxelles), Auguste de Wargny donne (pages 479 à 485) un compte-rendu de la Fête de l'Ordre des Amis Philanthropes, le 27 décembre 1828.

Il y reproduit (mais en les datant, sans doute erronément, du 27e jour du 11e mois 5828, ce qui correspondrait plutôt au 27 janvier 1829) 2 cantiques chantés à cette occasion par Defrenne (qui était à l'époque le Vénérable de cette Loge).

Le premier est une boutade sur un air connu (air non spécifié par Wargny, mais que David Vergauwen, dans son ouvrage Maçonnieke chansons in negentiende-eeuws België, identifie comme la Première ronde du Départ pour Saint-Malo de Béranger), intitulée Les Gueux. Elle n'a rien de spécifiquement maçonnique (c'est la raison pour laquelle nous ne la reproduisons pas sur ce site), et se termine par un hommage au roi des Pays-Bas, le meilleur des princes ; c'est une variation sur le thème des Gueux de mer (1827), ouvrage de Henri-Guillaume Moke (que Defrenne, dans son 4e couplet, qualifie de jeune sage).

Le deuxième est celui-ci, qui doit se chanter sur l'air de la Barcarole de la Muette de Portici (cet opéra qui, un an et demi plus tard, allait jouer un rôle si important dans l'histoire de Belgique). On peut trouver la partition de cette Barcarole aux pp. 106-114 de ce document.

On voit (couplet 1) que les préoccupations anticléricales - mais qui (couplet 3) n'empêchent pas la piété - de Defrenne sont déjà bien présentes, 10 ans avant la rupture entre la maçonnerie et l'Eglise catholique, dont l'hostilité était alors effectivement déjà bien affirmée. L'éloge de la philanthropie (couplet 2) constitue également une constante chez Defrenne. Et un peu d'autodérision ne peut faire de mal pour conclure (couplet 4).


   

Couplets

 

DU MEME AUTEUR.

 

Air : De la Barcarole ; de La Muette de Portici.

 

Frères, quelle belle journée !
Souvent ici rassemblons-nous.
Contens de notre destinée,
Bravons de Rome le courroux.
Conduisons-nous avec prudence ;
Surtout, parlons bas!
Consolateurs de l’indigence,
Tendons-lui les bras ;
La soulager a pour nous des appas.

 

 

De l’aimable Philantropie,
Que les préceptes nous sont chers !
Non, ce n’est point une utopie ;
De les suivre nous sommes fiers.
En exerçant la bienfaisance,
Goûtons le bonheur.
Pour nous, ah ! quelle jouissance,
D’aider le malheur !
Le secourir est un besoin du coeur.

 

 

Arbitre souverain du monde,
Architecte de l’univers,
En toi seul notre espoir se fonde,
Préserve-nous de tout revers.
Heureux d’avoir vu la lumière,
Dirige nos pas !
Jusques à notre heure dernière,
Tu nous trouveras,
Marchant entre l'équerre et le compas.

 

 

Amis, c’est votre vénérable,
Qui vous offre ces couplets ;
Il confesse qu’il est blâmable,
D'oser offrir des vers malfaits.
Modérés dans votre critique.
Ne l'accablez pas !
Par un zèle ultra-maconnique,
S’il fit un faux pas,
Censurez-le ; mais que ce soit tout bas.

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