When a lodge ...

En cliquant ici, vous entendrez un fichier mp3 de la partition Ye lads of true spirit, pay Courtship to Claret mentionnée plus bas, séquencé par Christophe D.

 

Cette chanson figure (sans mention d'air) sous le n° LXV (pp. 193-4) dans l'édition 1764 de Ahiman Rezon ; c'est une des 8 chansons qui figurent à cette édition 1764 (et aux suivantes : à l'édition 1778 par exemple, on la trouve aux pp. 196-8 sous le n° LIX), mais qui ne figuraient pas à l'édition originale de 1756.

La 12e édition (1821) des Illustrations of Masonry de William PRESTON reproduit ce texte (p. 429) et donne comme air Ye lads of true spirit, pay Courtship to Claret, air dont la partition figure par exemple ici et qu'il vous est proposé d'entendre.

Le couplet 8 est typique d'une certaine mentalité, fort répandue dans le passé (et même encore parfois de nos jours). On le trouve cité (voir ici) dans le chapitre 10 de l'ouvrage satirique de Daniel P. Thomson, The Adventures Of Timothy Peacock, Esquire or, Freemasonry Practically Illustrated (USA, 1835).
 

    

I.

When a lodge of free masons are cloath'd in their aprons
In order to make a new brother,
With firm hearts and clean hands they repair to their stands,
And justly support one another.

II.

Trusty brother take care, of Eve's droppers beware,
'Tis a just and a solemn occasion; 
Give the word and the blow, that workmen may know
You are going to make a free mason.

III.

The master stands due, and his officers too,
While craftsmen are plying their station; 
The deacons doth stand right for the command
Of a free and an accepted mason.

IV.

Now traverse your ground, as in duty you're bound,
And revere the most sacred oration, 
That leads to the way, and proves the first ray,
Of the light of an accepted mason.

V.

Here's tokens and signs, with problems and lines,
And room too for deep speculation; 
Here virtue and truth, are taught to the youth,
When first he is bound to a mason.

VI.

Hieroglyphicks bright, and light reverts light,
On the rules and tools of vocation; 
We work and we sing, the craft and the king,
'Tis both duty and choice in a mason.

VII.

What's said or is done, is here truly laid down,
In form of our high installation, 
Yet I challenge all men to know what I mean,
Unless he's an accepted mason.

VIII.

The ladies claim right to come into our light,
Since the apron they fay is their bearing; 
Can they subject their will, and keep their tongues still,
And let talking be chang'd into hearing

IX.

This difficult task is the least we can ask
To secure us on sundry occasions, 
When with this they comply, our utmost we'll try
To raise lodges for lady free masons.

X.

'Till this can be done, must each brother be mum,
Tho' the fair one shou'd wheedle and teaze on, 
Be just true and kind, but still bear in mind,
At all times, that you are a free mason.

1.

Quand les francs-maçons d’une loge ont ceint leur tablier
afin de faire un nouveau frère,
cœurs vaillants et mains propres ils gagnent leur place
et se soutiennent mutuellement comme il convient.

2.

frère fidèle, méfie-toi des indiscrets
c’est une belle occasion solennelle
donne le mot et frappe le coup, que les ouvriers sachent
que vous allez faire un franc-maçon.

3.

 le maître est à sa place, ainsi que les officiers,
tandis que les maçons prennent leur position
les diacres se tiennent debout pour la conduite
D’un maçon franc et accepté.

4.

 Parcours maintenant ton sol, c’est ton devoir,
et révère le très sacré discours
qui montre la voie, le premier rai
de la lumière d’un maçon accepté.

5.

 voici des attouchements et des signes, problèmes et droites,
également de la place pour une profonde réflexion
ici on enseigne à la jeunesse la vertu et la vérité
lorsqu’au début il doit devenir maçon.

6.

 de brillants hiéroglyphes, et la lumière renvoie la lumière
sur les règles et les outils de la vocation
nous travaillons et chantons le roi et le métier
c’est à la fois le devoir et le choix d’un maçon.

7.

 ce qui se dit ou se fait est ici fidèlement noté
selon la forme de notre importante installation
mais je défie quiconque de savoir ce que je veux dire
sauf s’il est maçon accepté.

8.

 les dames réclament le droit de venir dans notre lumière
puisque le tablier qu’elles fabriquent est leur blason
peuvent-elles maîtriser leur volonté et tenir leur langue ?
Et que la parole se change en écoute ?

9.

 cette difficile tâche est le moins qu’on puisse demander 
pour nous mettre à l’abri en diverses occasions ; 
lorsqu’elles en seront d’accord nous ferons tout notre possible
pour créer des loges de dames franches maçonnerie.

10.

 jusque-là tous les frères doivent être muets
bien que la belle cajole ou taquine,
reste fidèle, juste et bon, mais garde toujours à l’esprit
qu’en toutes circonstances tu es franc-maçon.

Avec tous nos remerciements à Georges Lamoine qui a bien voulu préparer (et commenter) cette traduction française. 

Au vers 1 du couplet 2, il y a peut-être un jeu de mots entre eavesdroppers (mot désignant ceux qui écoutent aux portes, les indiscrets) et Eve’s droppers qui pourrait se référer à la curiosité bien connue qui a mené à sa perte l'Eve de la Genèse. Dermott accorde au respect du secret une énorme importance, puisqu'il y consacre les 10 premières pages d'Ahiman Rezon, où il raconte notamment l'amusante histoire de l'indiscrète femme d'un sénateur romain. 

Une version plus ancienne de la chanson figure (pp. 324-6) en 1754, sous le titre Song XI, à l'ouvrage The Pocket Companion and History of Free-masons (à l'édition 1763, c'est le Song IV aux pp. 205-8 et à l'édition 1765 aux pp. 141-2 ; à ces deux éditions, Eves-Droppers devient respectivement eavesdroppers et evesdroppers) :

When a Lodge of Free-Masons, are cloath'd in their Aprons, 
In order to make a new Brother ;
With firm Hearts, and clean Hands, they repair to their Stands,
And justly support one another.

Trusty Brother take Care, of Eves-Droppers beware,
'Tis a just and a solemn Occasion ; 
Give the Word and the Blow, that Workmen may know,
There's one asks to be made a Free-Mason.

The Master stands due, and his Officers too,
While the Craftsmen are plying their Station ;
The Apprentices stand, right for the Command
Of a Free and an Accepted Mason.

Now traverse your Ground, as in Duty you're bound,
And revere the authentick Oration,
That leads to the Way, and proves the first Ray
Of the Light of an Accepted Mason.

Here's Words, and here's Signs, and here's Problems and Lines,
And here's Room too for deep Speculation ;
Here Virtue and Truth are taught to the Youth,
When first he is called up to a Mason.

Hieroglyphicks shine bright, and here Light reverts Light,
On the Rules and the Tools of Vocation ;
We work and we sing the Craft and the King,
'Tis both Duty and Choice in a Mason.

What is said, or is done, is here truly laid down,
In this Form of our high Installation ;
Yet I challenge all Men to know what I mean,
Unless he's an Accepted Mason.

The Ladies claim Right to come into our Light,
Since the Apron, they fay, is their Bearing ;
Can they subject their Will ? can they keep their Tongues still ?
And let Talking be chang'd into Hearing ?

This difficult Task is the least we can ask,
To secure us on sundry Occasions ;
When with this they comply, our utmost we'll try,
To raise Lodges for Lady Free Masons.

Till this can be done, must each Brother be mum,
Though the fair One should wheedle or teaze on ;
Be just, true and kind, but still bear in Mind,
At all Times that you are a Free Mason.

A la version d'Ahiman Rezon, au premier vers du couplet 6, le mot shine a disparu dans Hieroglyphicks shine bright, and here Light reverts Light

Il est à noter que certaines éditions présentent le texte en couplets de 6 vers, ce qui en met en évidence les rimes internes (qui sont parfois approximatives, comme men avec mean ou done avec mum) ; ainsi par exemple, pour le premier couplet :

When a Lodge of free masons
Are cloath'd in their apr
ons
In order to make a new br
other,
With firm hearts and clean h
ands
They repair to their st
ands,
And justly support one an
other.

On retrouvera encore ce texte aux pp. 95-6 du Freemason's manual de Jeremiah How en 1862 ou aux pp. 78-9 des Masonic Miscellanies, in Poetry and Prose de Stephen Jones en 1797.

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