The Progress of Masonry
En cliquant ici, vous entendrez un fichier MP3 de cette partition, séquencé par Christophe D.
Ahiman Rezon de Dermott donne sous le n° 35 (ici dans l'édition 1764 et ici dans l'édition 1805), sans mention d'air, cette chanson sous le titre The Progress of Masonry.
Mais nous disposons d'un document rare : une version plus ancienne - et avec partition - reproduite ci-dessous. Le titre, qui ici mentionne son caractère humoristique, donne à penser qu'il conviendrait peut-être de la prendre ... au second degré.
The Progress of Masonry, A New Song,
And very HUMOUROUS Pray lend me your Ear my dear Brethren a while, Full Sober my Sense. Tho Joking my Style, I’ll sing you such Wonders, all unknown to those, That e’er flutere’d in Verse, or Hobbled in Prose, Derry down, hey derry down (2) As all in Confusion the CHAOS yet lay, E’re Evening and Morning made the first Day. The unform’d Materials lay Tumbling together, Like so many Dutchmen in thick Foggy Weather, Derry down, &c. (3) When to this Confusion no end there appear’d The Sovereign Mason’s Word Sudden was heard, Them Teem’d Mother Chaos with material Throes, By which this Beaut’eous Lodge of th’world then arose, Derry down, &c. (4) then Earth and all Heaven with Jubile rung And all the Creation of Masonry Sung, When lo ! to Compleat and dorn the Gay Ball, Old ADAM was made the Grand Master of All, Derry down, &c. (5) But SATAN met EVE, as she was a Gadding, And set her (as Since all her Daughters) a madding, To find out the Secrets of Free Masonry She pluct of the Fruit, and she eat of the Tree, Derry down, &c. (6) Then as she was filled with high flowing Fancies, As ever was fond Girl who deals in Romances, She thought her with Knowledge Sufficiently Cramm’d And said to the Spouse, my Dear eat and be D – n’d, Derry down, &c. (7) But ADAM astonish’d like one struck with Thunder, Beheld her from Head to Foot, over with Wonder And since you have done this Thing, Madam said he, For your sake no Women Free Masons shall be, Derry down, &c. (8) Now as she bewaild her in Sorrowful Ditty, The Good Man beheld her, and on her took pity, Free Masons are tender, so for the Sad Dame, He made her an apron, to cover her shame, Derry down, &c. (9) Thus then did they Solace in Mutual Joy, Till in Process of time they had Two Chopping Boys, The Priest of the Parish, as Gossip Devised By Name CAIN, and ABEL the Youth circumcized, Derry down, &c. (10) Now old father SETH, next mounts on the Stage In Manners Severe, but in Masonry Sage, He Built him two Pillars, full large and full thick, The one was of Stone and the other of Brick, Derry down, &c. (11) But soon did Mankind behave past enduring, Twas Drinking, t’was Swearing, t’was fighting & Whoring Until Jove arose, and fierce in his Anger Said that he wou’d suffer such Miscreants no longer Derry down, &c. (12) Then from their high Windows the Heaven did pour For Days and for Nights, one Continual Shower, Till nought cou’d be seen but the Waters around, And in this great Deluge, all Mortals were Drown’d Derry down, &c. (13) Sure ne’er was beheld so Dreadful Sight To see the old World in such very odd Plight, For there was to be seen all Animals Swimming, Men, Monkeys, Priests, Lawyers, Cats, Lapdogs and Women Derry down, &c. (14) There Floated a Debter away from his Dunns There swam Father Gray-Beard & Stark Naked amidst Nuns, And here a Poor Husband, not heeding his Life, Contented in Drowning, to shake off his Wife, Derry down, &c. (15) A King and a Cobler, here Mingl’ed to View, With spendthrift young Heirs, as there were not a few, A Whale and a Dutchman came down with the Tide, And a Rev’rend old Bishop, by a young Wenches side, Derry down, &c. (16) But NOAH was Wisest, for NOAH Judg’d right, And Built him an Ark, so stout and so Tight, Tho Heaven and Earth were coming together, He kept safe in his Lodge, and stood Buff to the Weather, Derry down, &c. (17) Then after the Flood like a Brother so True, Who still had the Good of the Craft in his View, He Delved the Ground and he Planted the Vine, He Founded his Lodge, Ay, and gave his Lodge Wine, Derry down, &c. (18) Let Statesmen Toss, Tumble, and Jumble the Ball, We sit safe in our Lodge, and Laught at them all, Let Bishops Wear Lawn Sleeves & Kings have their Dinner Free Masonry, sure, is by Heaven’s Appointment, Derry down, &c. (19) Now Charge my Dear Brethren, to BYRON’S great Name, Our Noble GRAND-MASTER, whose Vertues & Fame, Shall through the Wide Globe, Eternally Ring, Whilst we in full CHORUS, will Joyfully Sing Derry down, &c. |
Le Progrès de la Maçonnerie, Une nouvelle chanson, très humoristique Veuillez prêter l’oreille un instant, mes chers Frères Je suis sobre d’esprit, mais taquin en style Je vous chanterai des merveilles, inconnues de ceux Qui voltigent en vers, ou clopinent en prose Derry down, hey derry down (2) Tout était encore confusion et CHAOS, Avant le soir et le matin du premier jour. La matière informe gisait encore amassée Comme des Hollandais dans un brouillard épais, Derry down, &c. (3) Alors que cette confusion semblait sans fin On entendit soudain le Souverain Mot du Maçon et du Chaos primordial la Matière émergea, créant ainsi cette magnifique Loge mondiale, Derry down, &c (4) Alors Ciel et la Terre jubilèrent ensemble et Toute la création se mit à chanter la Maçonnerie, Et voyez, pour compléter et orner le Globe joyeux Le vieil ADAM fut fait Grand Maître de tous, Derry down, &c (5) Mais SATAN tomba sur EVE qui flânait, Et la rendit folle (tout comme toutes ses filles depuis lors) , Pour découvir les secrets de la Franc-Maçonnerie Elle cueillit le Fruit de l’Arbre et le mangea, Derry down, &c (6) Et elle, remplie de caprices dévorants Comme toute fille qui aime les romances, Et se croyant de Savoir la tête bien bourrée Elle dit à son Epoux, Mon Cher mange et sois D[amn]é Derry down, &c (7) Mais ADAM foudroyé comme par le Tonnerre, la contempla étonné des pieds à la tête, et dit puisque que vous avez commis cet acte, Madame, Pour votre bien, aucune femme ne sera Franc-Maçon Derry down, &c (8) Tandis qu’elle était plongée dans un chagrin douloureux, Le Brave Homme, la vit et eut pitié d’elle, Les Francs-Maçons sont tendres, et donc à la Dame attristée il offrit un tablier pour couvrir sa honte Derry down, &c. (9) Ainsi se réconfortèrent-ils dans une joie mutuelle, Et avec le temps ils eurent deux solides garçons Par le curé de la paroisse, selon les potins, les gamins CAIN et ABEL furent circoncis Derry down, &c. (10) Puis le vieux Père SETH entra en scène De caractère austère, mais sage en Maçonnerie, Il lui construisit deux grandes et larges colonnes L’une de pierre et l’autre de brique, Derry down, &c. (11) Mais bientôt l’Humanité dépassa les bornes, Elle buvait, jurait, se disputait, & se prostituait, Jusqu’à provoquer le courroux de Jupiter qui se leva Et jura qu’il ne tolérerait plus de tels Mécréants. Derry down, &c. (12) Alors de la voûte des Cieux les écluses s’ouvrirent Pendant des jours et des nuits, d’un Flot continu, Et partout les Eaux submergèrent tout, Dans ce grand Déluge, tous les Mortels furent noyés Derry down, &c. (13) Jamais on n’avait vu un spectacle aussi effrayant Le vieux monde souffrait en si étrange condition, Tous les animaux nageaient : Hommes, Singes, Prêtres, Avocats, petits Chiens et Femmes Derry down, &c (14) Ici un Débiteur flottant s’éloigne de ses créanciers Là un père à la barbe grise, nu comme un ver, nage parmi des Nonnes, et ici un pauvre mari, se résoud à la noyade, pour se libérer de sa femme Derry down, &c. (15) Un Roi et un Cordonnier furent réunis ici, Ensemble à maint jeunes héritiers dépensiers, Une baleine et un Hollandais sont arrivés par la marée, avec un vénérable vieil évêque tout près d'une jouvencelle Derry down, &c. (16)
Mais NOé était le plus sage, car il était bon juge,
Il construisit une Arche, si solide et si étanche,
Et malgré que le Ciel et la Terre se soient mélangés,
Il fut sauvé dans sa Loge, à l’abri du mauvais temps
Derry down, &c.
(17) Après le déluge, et en tant que véritable Frère Qui avait le Bien de l’Ordre en vue. Il creusa le Sol et planta une Vigne Il fonda sa Loge, Oui, et lui donna du Vin, Derry down, &c. (18) Les politiciens peuvent jongler, faire des tours et des acrobaties. Nous sommes dans notre Loge, et rions d'eux tous. Tandis qu’évêques portent rochet et que dinent les Rois, La Franc-Maçonnerie existe par faveur du Ciel Derry down, &c. (19) Buvons mes Chers Frères, au grand BYRON, Notre Noble GRAND-MAITRE, dont les vertus et la renommée, retentiront a tout jamais sur le vaste Globe, et qu’en CHOEUR nous chantons joyeusement Derry down, &c. |
Merci à Jacques Huyghebaert qui nous a aidé par son précieux travail de traduction.
On voit que le récit biblique est ici parodié avec un zeste d'impertinence, ce qui semble trancher avec les habitudes de la maçonnerie britannique.
On peut d'ailleurs voir ici et ici que le caractère éventuellement blasphématoire de ce texte faisait encore l'objet de discussions en 1820.
Dermott a fait des modifications à ce texte original. La plupart de ces modifications sont seulement de forme et n'altèrent pas le sens. Mais deux sont plus importantes :
a) il intercale, entre les couplets 10 et 11, un couplet supplémentaire, portant ainsi à 20 leur nombre total ; ce couplet explicite la raison d'être des deux piliers d'Enoch (ici, de manière inhabituelle, attribués plutôt à Seth) mentionnés au couplet 10 :
On them he engrav'd with wonderful
skill, |
Sur eux il
grava avec une merveilleuse habileté, |
b) il donne pour le dernier couplet (voué aux Santés) le texte ci-dessous. Notre version originale pour sa part invitait à porter la santé du Grand Maître Byron ; celui-ci fut le Grand Maître de la Grande Loge d'Angleterre (celle dite des Modernes, contre laquelle s'étaient dressés les Antients de Dermott) de 1747 à 1752. On peut donc logiquement supposer que notre document devrait dater de cette époque.
Now charge, my dear brethren, and chorus with me, To the King and the craft (as the master song.) |
Allons mes
chers frères, chargeons et buvons en choeur Au Roi et à l'Art royal (comme au chant du maître) |
On trouve
une amusante allusion à cette chanson (avec la citation des couplets 5
à 7, en grasses ci-dessous) dans le chapitre
10 de l'ouvrage
satirique de Daniel P. Thomson, The Adventures Of Timothy Peacock, Esquire or, Freemasonry Practically Illustrated
(USA, 1835) :
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