Cantique des Fendeurs 

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Le texte de ce cantique quelque peu leste figure aux pp. 14-16 de l'ouvrage de Ragon, Rituel de la maçonnerie forestière, contenant tout ce qui a rapport à la Charbonnerie et à la Fenderie ; [suivi d'] une analyse de 14 associations politiques secrètes ...

Brengues (p. 172) le commente ainsi : sous l'apparence opérative transparaît un symbolisme érotique qui ne pouvait échapper aux gens de l'époque, habitués à cette forme de libertinage suggestif. Il l'a trouvé dans la revue les Muses du Tour de France, où il a été publié par Albert Bernet (qui était à la fois maçon et compagnon).

On le trouve également sur une page du riche site Miscellanées, qui l'intitule Les Fendeurs et le date de 1881, tout en précisant CANTIQUE COIGNARD Déterré en la Forêt Ducale d'Elbeuf dans la vente Saint-Nicolas, au Pied du Hêtre et Tiré du Rituel de la Franc-Maçonnerie Forestière, Refendu sur la Chouque de Marbre Du Boqueron Levasseur Aux soins et frais communs de Fraxinus Virensis Pharmacopolus et de Grandinus Elboviensis Fendillardinus.

 

 

A propos de l'air.

 

LES FENDEURS

AIR : Mon père était pot.

Mes chers amis, braves fendeurs,
Que la hache rassemble,
Est-il de plaisirs plus flatteurs
Que de bien fendre ensemble ?
Aimons et buvons,
Chantons et fendons,
C'est notre loi suprême ;
Dans ces sombres lieux,
A qui fend le mieux,
Donnons le diadème.

Selon le bois, un bon fendeur,
Ménage son adresse.
Les uns veulent de la raideur.
D'autres de la souplesse.
Toujours, à droit fil,
Posez votre outil,
Si vous voulez bien fendre ;
Le coin bien trempé,
Bien mis, bien frappé,
Le bois devra se fendre.

Si vous fendez un jeune ormeau.
Ménagez l'encoignure ;
Sagement, avec le ciseau,
Disposez l'ouverture.
Petit à petit,
On ouvre un réduit
A l'instrument docile ;
Si l'on brusque trop,
Souvent le galop
Blesse l'ormeau fragile.

Le chêne résiste souvent ;
Tant mieux pour la victoire.
Les fendeurs, comme les amants,
Sont amis de la gloire.
Que l'outil, d'abord,
Caresse le bord
De l'écorce revêche ;
Le coin s'affermit,
Le bois s'attendrit
Et le fendeur fait brèche.

Parfois, il se trouve, au chantier,
Quelque vieille culasse,
C'est le plus ingrat du métier
Et le plus fort s'y lasse.
Jamais un fendeur
N'usa sa vigueur
Sur ce bois coriace ;
Il met dans son coeur,
Un feu destructeur
Qui tonne et le crevasse.

Mais toujours fendre est un travail
Qui, chez nous, prévient l'âge.
Faut épargner le gouvernail
Pour faire un long voyage.
Fendre à tous propos,
Sans prendre repos,
Croyez-moi, n'est point sage ;
L'outil le plus fin
S'émousse à la fin,
Et plie à l'abordage.

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