La maçonnerie du bois

 

La maçonnerie spéculative organisée apparaît au début du XVIIIe. 

Mais on sait qu'à l'époque existent aussi de multiples sociétés, ordres, associations, ..., aux structures souvent proches.

Parmi celles-ci, un certain nombre ont comme point commun de s'inspirer d'un métier (autre que la maçonnerie) pour bâtir autour de lui une structure symbolico-rituélique et une organisation, souvent très semblable à celle de la franc-maçonnerie (elle est d'ailleurs parfois copiée sur elle). On citera par exemple, en Grande-Bretagne, l'Ordre des Francs-jardiniers qui a fait l'objet (ci-contre) de l'excellent livre de Robert Cooper (voir aussi à ce sujet un article, aussi intéressant que bien illustré, mais seulement en espagnol, d'Iván Herrera Michel).

Alors que la maçonnerie se développait rapidement, ces concurrents n'ont eu, pour la plupart, qu'une audience plus confidentielle et une existence plus éphémère : est-ce la parfaite correspondance dialectique entre le métier opératif de la construction en pierre et le métier spéculatif de la construction au sens figuré ou symbolique, mettant en résonance la construction de soi-même et la construction du Temple de l’Humanité, qui explique cette différence ?

La plus importante, et la plus connue, de ces traditions qu'on peut qualifier de para-maçonniques est celle qui se rattache au bois et à la forêt. Même si l'expression maçonnerie du bois est en soi un oxymore, elle est cependant consacrée pour qualifier les sociétés de charpentiers, bûcherons, fendeurs et autres charbonniers qui coexistèrent longtemps avec la franc-maçonnerie classique.

Un Rituel ancien (XVIIIe) en est disponible sur cette page ou ici.

Ces sociétés disparurent cependant au courant du XIXe, à l'exception du carbonarisme qui était plutôt une société secrète à caractère politique et révolutionnaire, dont on peut voir ici un manifestation française. Cela n'a pas empêché Ragon de publier un Rituel de la maçonnerie forestière, contenant tout ce qui a rapport à la Charbonnerie et à la Fenderie ; [suivi d'] une analyse de 14 associations politiques secrètes ...

Voir également ici l'article consacré à la Charbonnerie par Bègue-Clavel dans son Histoire pittoresque de la franc-maçonnerie et des sociétés secrètes anciennes et modernes

Depuis quelques années cependant, cette maçonnerie du bois a retrouvé par endroits force et vigueur. 

Nous renvoyons sur ce sujet à l'ouvrage qui fait référence, celui de Jacques Brengues, devenu très recherché (et presque introuvable) jusqu'à ce qu'il soit heureusement republié en 2011.

On consultera aussi avec intérêt le site de la Renouée, dont la rubrique recherche historique est très riche en rituels anciens.

Bien entendu, ces sociétés avaient aussi leurs chansons. 

On connaît par exemple un recueil de Chansons des bons cousins et bons compagnons fendeurs, dédiées à toutes les bonnes Cousines du Chantier de la Paix par le Cousin Paris P. M., gravées par le Cousin Fouchault, AUX QUATRE COINS DU MONDE, Chez Eustache Dubois, dans la Forêt du Roi, sur le Siège d'honneur, vis-à-vis le pied Cormier, au bon Briquet. Avec approbation de la Cousine Catau, 1773. 

[ndlr : 

  • un pied Cornier (ou cormier) est un arbre qu’on laisse en guise de marque à l’extrémité d’un arpentage, d'un héritage

  • le Briquet est le profane, et particulièrement le récipiendaire].

Il nous a semblé justifié de publier ici l'une ou l'autre de ces chansons.

Trois sont éditée par Brengues dans son ouvrage :

Une autre, dont l'incipit est La respectable antiquité, provient d'un ouvrage de 1803.

Et celle-ci s'intitule le Coin et l'Encoignure.

Voir ici encore une autre chanson.

Paru en 2006, le numéro 72 des Cahiers de la Méditerranée est intitulé La Franc-Maçonnerie en Méditerranée (XVIIIe - XXe siècle). Il contient un très intéressant article - lisible en ligne - de Pascal Arnaud, Charbonnerie et Maçonnerie. Modèles, transferts et fantasmes… Dans la riche iconographie de cet article, figure (reproduit ci-contre) un document (M 1055 des Archives départementales du Jura) représentant des Symboles charbonniers et maçonniques mêlés.

On peut le comparer (ci-contre) à un tableau de carbonari, emprunté à la page Philippe Buonarroti et la Charbonnerie Insurrectionnelle du site EzoOccult.

Ci-contre : réunion de Bons Cousins au XIXe, selon la page Donnery du site Theudericus.

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Ci-contre : frontispice de l'ouvrage de 1803 mentionné plus haut, le Recueil précieux de la Charbonnerie des premiers tems.

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