La respectable antiquité

Pour entendre l'air qui nous semble adapté :

 Cliquez ici pour la version Naudot

Cliquez ici pour la version La Tierce

Ce Recueil intitulé

RECUEIL PRÉCIEUX DE LA CHARBONNERIE DES PREMIERS TEMS,
ou
LA SOCIÉTÉ DES FRANCS-CHARBONNIERS,
RENDUE à sa primitive Institution, et à son ancienne Observance.

donne de précieuses informations sur la maçonnerie du bois. Le titre et la présentation sont sans doute inspirés du Recueil précieux de la Maçonnerie Adonhiramite qui constitue à l'époque un gros succès de librairie. Certaines chansons en sont d'ailleurs copiées.

Il contient

Les Catéchismes des trois premiers Grades, l'Ouverture et Clôture des différentes Ventes, l'Instruction de la Table, les Santés générales et particulières, les devoirs des premiers Officiers en charge, et l'Instruction de la Forêt.

et est Dédié Aux Francs - Charbonniers Instruits par son auteur, un Frère B[on] C[ousin], Ami de l'Ordre, des Hommes et de la Vertu.

Il a été Fait au sein de la Tranquillité, dans l'asile de la Bienfaisance, L'an de la vraie lumière de la Charbonnerie, 5803. 

Cette date est cependant sujette à caution puisque, dans le Rituel de la Vente de Table, il est mentionné que la première santé est tirée à notre illustre Monarque N... Empereur des Français (ce que Napoléon n'est devenu qu'en fin 1804).

Le recueil contient, à ses pages 100 à 140, des chansons charbonniques - dont un certain nombre sont visiblement des transpositions de chansons maçonniques (celle des pp. 127-8 par exemple recopie purement et simplement une chanson du XVIIIe, avec comme seul changement le remplacement du vrai maçon par le bon cousin ; celle des pp. 129-130 a les 3 premiers couplets en commun avec celle-ci ; celles des pp. 130-1 et 139 sont de simples transpositions ; et ainsi de suite).

Celle ci-dessous, particulièrement longue (12 couplets), figure aux pp. 115 à 118. 

Il nous semble incontestable, d'après la similitude des textes (voir tableau ci-dessous), que l'air ancien mentionné soit celui de la Chanson des Surveillants, dont on connaît deux partitions, celle de Naudot et celle de La Tierce.

Refrain maçonnique

Refrain charbonnier

De notre Art chantons l'excellence :
Ses secrets font notre bonheur.
Exaltons sa magnificence,
Qui des Rois montre la grandeur.

De notre art chantons l'avantage
Ses secrets font notre bonheur
Exaltons, exaltons son apprentissage !
Qui du ciel montre la faveur.

                             
AUTRE

Sur un Air ancien

La respectable antiquité
Nous apprend que le premier homme
Séduit par la fatale pomme
Au prix de sa félicité
Acquit la funeste science
Qui causa son malheureux sort
Et nous fit par son imprudence
Passer de la vie à la mort.

[Refrain]

De notre art chantons l'avantage
Ses secrets font notre bonheur
Exaltons, exaltons son apprentissage !
Qui du ciel montre la faveur. (bis.)

Dans les douleurs, dans les travaux,
Par cette désobéissance, 
Sa race éprouva dès l'enfance ;
 La faim, la soif et tous les maux.
Satan souleva la malice, 
Contre son divin Créateur ; 
Bientôt son penchant pour le vice, 
L'arma contre son bienfaiteur. 
De notre art chantons l'avantage, etc.

Quand notre Grand Maître irrité, 
Vit se multiplier les crimes ;
Vint par d'éclatantes victimes, 
Purifier l'humanité.
Du Déluge, un seul dans une Arche, 
Fut excepté du monde entier ; 
Sans doute ce grand Patriarche, 
Etait Bon Cousin Charbonnier.
De notre art chantons, etc.

La reconnaissance à l'autel,
Fit aller Noé rendre grâce :

           Ses fils loin de suivre ses traces,
Bâtirent la tour de Babel.
L'orgueil prépara la défaite,
De ces guêpiers audacieux,
C'est avec l'échelle parfaite,
Qu'il faut escalader les cieux.
De notre art chantons, etc.

Jadis les vins les plus exquis, 
Par l'ordre du Sauveur du monde ; 
A Canâ remplacèrent l'onde
Dont des vases furent remplis.
Mais Noë notre nouveau père, 
Par l'exemple nous instruisit;
Comment du sein de notre mère, 
On fait sortir le bon fazi. 
De notre art chantons ; etc.

Sur les dangers de votre sort,
Nous gémissons mortels vulgaires,
Vos soins, vos projets téméraires,
Semblent vous éloigner du port.
Si vous désirez voir l'effet,
Trouvez l'accès de cet asile ;
Où tout est d'un accord parfait,
Et ou l'on sait se rendre utile.
De notre art chantons, etc.

Une parfaite égalité ,
De ces lieux bannit l'égoïsme,
Les vains discours, le fanatisme
L'envie et l'indocilité,
Un mot de trop, un signe, un geste,
C'est la pierre d'achoppement ;
L'indiscret fait qu'on le déteste;
Et n'attend que le châtiment.
De notre art chantons, etc.

Loin du monde et de son fracas, 
Nous passons des jours sans nuage 
L'ordre préside a nos ouvrages


                       
Et les fleurs naissent sous nos pas.
En vain sur nous la calomnie,
Aiguise, et fait pleuvoir ses traits ;
Loin de troubler notre harmonie,
Elle sert d'ombre à nos portraits.
De notre art chantons, etc.

Espérance, foi, et charité
Sont la devise de la Vente,
Le refrain qui l'orne et l'enchante
C'est, honneur, vertu, probité.
Guépiers, dans l'une et l'autre vie,
Pour avoir part à nos lauriers
Il faut s'être passé l'envie,
D'être  B[ons] C[ousins] Charbonniers.
De notre art Chantons, etc.

Dans les consolantes lueurs,
D'une juste et ferme espérance ;
Nous recevrons la récompense
De nos innocentes sueurs.
Après notre pélerinage,
Dégagé de soins superflus ;
Nous passerons à l'héritage, 
Ou nous attendent les Elus.
De notre art chantons, etc.

Avec un doux ravissement,
Chantons les nœuds qui nous unissent ;
Que nos cabanes retentissent,
D'un joyeux applaudissement :
De notre Sauveur dans la Cène,
Profitons de l'instruction ;
Du remplissage usons sans gêne,
Entre le zéle et l'union.
De notre art chantons, etc..

Tous mes Bons Cousins Charbonniers,
Et vous qui désirez encore ;
Je vous salue et vous honore,
En quelque lieu que vous soyez.

              Pour mol j'ai passé mon envie,
Mais mes désirs particuliers ;
Sont d'apprendre pendant ma vie,
De mes Bons Cousins Charbonniers.
De notre art chantons, etc.

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