La bonne union
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Nous avons trouvé cette chanson à la p. 191 du recueil du Tome 3 (1841) du périodique maçonnique Le Globe. Elle date donc de 1840 ou (au plus tard) 1841.
L'auteur, le Frère de Tournay, avait déjà fait des Prédictions pour l'an 1839. Il en fait ici d'autres, qui à plus long terme se révéleront étonnamment exactes.
La Loge parisienne de La Bonne Union (fondée en 1773 selon Bésuchet), à laquelle ces couplets étaient destinés, est celle dont Bazot fut Vénérable. Il ne faut donc pas s'étonner que De Tournay vante ici (au 2e couplet) ses Chansons maçonniques et lui fasse (dans la note 1) de la publicité.
Trois autres personnages sont nommément cités dans les notes de bas de page, nous devons supposer qu'eux aussi étaient membres de cette Loge :
Le Fromentin, architecte de la ville de Paris mentionné à la note 2 est certainement l'Auguste Samuel Fromentin (1789-1851) dont nous pouvons lire ici (dans le Nouveau dictionnaire biographique et critique des architectes français de 1887) que Fromentin, architecte contrôleur des travaux de la ville de Paris et du département de la Seine, ainsi que des hôpitaux et hospices civils, construisit, en 1831, l'église Saint-François-d'Assise. Il mourut en 1851.
Pinet, avocat à la Cour royale, auteur de plusieurs ouvrages de jurisprudence et de différentes pièces de poésie, est l'auteur d'une autre chanson de ce site, où il est désigné comme Avocat à la Cour royale de Paris, 33e degré, président de la Chambre symbolique au Grand-Orient de France..
Descous, négociant à Alger, ancien capitaine d'état-major, chevalier de la Légion-d'Honneur et de Saint-Louis, avait reçu en 1839 une médaille de récompense du Grand Orient pour avoir - comme il est rappelé ici - élevé sur le sol africain des temples à la gloire du grand Architecte de l'univers.
De Tournay, plus fort que Nostradamus ? Mais la partie la plus surprenante de la chanson est le pronostic suivant : Bientôt, je le pronostique, Rappelons en effet que nous sommes en 1841, moment où l'émir est une fois de plus en pleine guerre avec le colonisateur français, et que c'est seulement en 1864 qu'interviendra l'initiation maçonnique d'Abd el-Kader, entourée d'une véritable vénération pour sa personne, dont témoigne par exemple ce poème du Dr Maturié publié en 1861 dans le n° de janvier-février de la revue L'initiation ancienne et moderne. Faut-il considérer De Tournay comme un visionnaire ? Plutôt que de voir en lui un extra-lucide, imaginons donc, plus modestement, qu'il a choisi, comme symbole d'un événement si improbable que seule l'universalisation de la fraternité maçonnique pourrait le rendre un jour possible, celui qui précisément lui semblait le plus utopique ... et qu'il a visé juste, sans aucunement avoir même imaginé qu'il allait bien se réaliser ... près de 25 ans plus tard ! |
L'air Eh ! ma mère, est-c' que j'sais ça ? est donné par la Clé du Caveau sous le n° 113 et les titres alternatifs dans la paix et l'innocence et ronde du club des bonnes gens (air également connu sous le nom de air du Cousin-Jacques).
A. B., à qui nous devons le fichier midi que vous pouvez entendre, a également confectionné un fichier image avec cette partition et le texte complet tel que ci-dessous. Vous le trouverez au bas de la présente page.
COUPLETS
Air : Eh ! ma mère, est-c' que j'sais ça ?
Quand
l'amitié nous réclame,
Pour ma
voix faible et timide
Aussi
quelle ivresse pure
Je dois
aussi rendre hommage
(1) Chansons maçonniques par le frère Bazot ; 2 vol. in-18, 1838-1839. (2) Fromentin, architecte de la ville de Paris. (3) Pinet, avocat à la Cour royale, auteur de plusieurs ouvrages de jurisprudence et de différentes pièces de poésie. (4) Descous, négociant à Alger, ancien capitaine d'état-major, chevalier de la Légion-d'Honneur et de Saint-Louis. |
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Dans ces
lieux où Bélisaire
Bientôt, je le pronostique,
Grâce à ma belle patrie,
Mais je dois céder la place |