Fête à Liège en 1809 pour Kellermann
Cliquez ici pour entendre un MP3 de l'air Prenons d'abord l'air bien méchant, établi à l'aide de cette page du site NEUMA.
Ce cantique est un des trois chantés en l'honneur du maréchal Kellermann lors de la fête organisée pour lui à Liège, le 26 octobre 1809, par la Loge de La Parfaite Égalité.
COUPLETS
composés et chantés au Banquet par le Frère Renard,
sur l'air de l'Amour récipiendaire.
D'Ossian, j'aime les Héros,
J'aime leurs ombres répandues
Au sein d'un glorieux repos,
Fixant leur séjour dans les nues.
Ils ne sont plus aux Champs Troyens,
Ces Héros des antiques âges ;
Dans leurs palais aériens,
Ils peuplent les nombreux nuages. (bis)
Sur ce temple, ils viennent planer,
Du haut de la céleste sphère :
Tout Héros veut s'associer,
Au vainqueur qu'ici l'on révère.
Homère, a chanté les Héros,
Les Dieux, les combats des vieux âges ;
Pour louer nos Rolands nouveaux,
Chantons les Héros des nuages. (bis)
O VALMY ! l'heureux Champenois,
Près de toi, les a vus descendre :
Bientôt cédant à tes exploits,
Le Prussien dut les entendre :
Courbé sous le poids de ses maux,
Il dit, Regagnant ses parages :
Pourquoi lutter contre un Héros,
Qui surpasse ceux des vieux âges. (bis)
Quand un HéROS victorieux,
Des sables que le Nil arrose,
Vint monter le Bernard fameux,
Où la neige toujours repose :
On a vu l'ombre d'ANNIBAL,
Perçant les mystiques nuages,
Deux fois, pour suivre ce rival,
Quitter les Héros des vieux âges. (bis)
Aujourd'hui que, grâce à la Paix,
S'éclaircit le Ciel de la FRANCE :
Où faut-il placer désormais
Les Héros, fiers de sa défense ?
Adieu les Champs Ethéréens,
Adieu tout Héros de nuage ;
Fidèle aux Champs Eliséens,
La gloire attend ceux de notre âge. (bis)
J. B. Renard, Inspecteur des Contributions directes du Département de l'Ourthe, était l'Orateur de la Loge.
Il se hausse manifestement du col pour se montrer à la hauteur de la circonstance : recherche du vocabulaire, richesse et abondance des références historiques, littéraires, mythologiques, ... Les quatre premiers vers font irrésistiblement penser au tableau (vers 1800) d'Anne-Louis Girodet, Les Ombres des Héros français reçus par Ossian dans le Paradis d'Odin ou Apothéose des héros français morts pour la patrie pendant la guerre de la liberté. Ossian était d'ailleurs une des lectures favorites de Napoléon. Ce début nous transporte d'emblée dans les nues, et nous resterons sous ce signe aérien (et dans ce style quelque peu ... nébuleux) avec l'évocation des mystiques nuages (qui riment avec les vieux âges) et des Champs Ethéréens. |
Le terme d''Ethéréens, abusivement utilisé comme synonyme de célestes pour assurer la rime avec les Champs Eliséens, n'est à l'époque employé autrement que pour qualifier une doctrine scientifique (cfr Physique Du Monde, Dédiée Au Roi, 1780, p. 26 : Plusieurs Physiciens ont pris ce parti, & on les appelle Ethéréens ou Impulsionnaires, parce qu'ils soutiennent que tout l'espace céleste est rempli d'un fluide rare, subtil & résistant, qu'ils appellent l'éther, & qu'ils pensent que c'est cet éther qui, mû lui-même circulairement, entraîne les corps célestes dans des orbites circulaires).
Nous luttons contre la glace, la neige, les tourmentes, et les avalanches. Le Saint-Bernard étonné de voir tant de monde le franchir si brusquement, nous oppose quelques obstacles. Napoléon Bonaparte, 18 mai 1800 Il n'est évidemment pas question à l'époque de célébration maçonnique sans qu'il soit rendu tribut à l'Empereur : l'avant- dernier couplet est une allusion au franchissement en 1800 par Napoléon (revenu en 1799 des sables que le Nil arrose, i. e. l'Egypte) du col du Grand-Saint-Bernard (le Bernard fameux), événement immortalisé (ci-contre) par les célèbres tableaux de David. Le dernier couplet se réjouit particulièrement du retour de la paix : après Wagram le 6 juillet 1809 et le traité de Schönbrunn du 18 octobre - qui allait être suivi en 1810 du mariage de Napoléon avec Marie-Louise - on pouvait y croire ... |
L'Amour récipiendaire est une chanson maçonnique du début du siècle, sur l'air Prenons d'abord l'air bien méchant.