Fête à Liège en 1809 pour le Duc de Valmy

 

Le plus grand titre de gloire du maréchal Kellermann (1735-1820) est évidemment sa victoire à Valmy en 1792, qui le fit considérer comme le sauveur de la patrie.

Comme un grand nombre des grands dignitaires de l'Empire, il était également un grand dignitaire de la maçonnerie. Membre et Vénérable d'honneur de la Loge Saint-Napoléon, il fut un des artisans du Concordat de 1804 et devint en 1806 grand administrateur général du Grand Orient de France (pour une biographie maçonnique plus détaillée, nous renvoyons au superbe ouvrage de Pierre Mollier et Pierre-François Pinaud, L'état-major maçonnique de Napoléon, Ed. A L'Orient, septembre 2009). 

Valmy, symbole républicain

C'est le 22 septembre 1792, surlendemain de la bataille de Valmy et lendemain de l'abolition de la Royauté par la Convention lors de sa première réunion, que fut proclamé le début de l'an I de la République.

C'est par référence à ce symbole que, le 22 septembre 1996, au pied du moulin de Valmy (point pivot de la bataille) et de la statue de Kellermann, se sont rassemblés quelque 1500 maçons pour manifester leur attachement aux principes républicains et à la séparation des églises et de l'Etat, tout en protestant contre la dilapidation des fonds publics à Reims (pour la visite, au même moment, du pape à l'occasion du soi-disant 1500e anniversaire du baptême de Clovis).

On les voit ici formant la Chaîne d'Union pour chanter la Marseillaise.

Il n'est dès lors pas étonnant que, dans l'ambiance généralisée de culte de la personnalité qui caractérisait la maçonnerie impériale, les Loges aient considéré le fait de le recevoir comme un honneur recherché et l'occasion de grandioses festivités.

Ce Verbal de la Fête donnée au Très Illustre et Très Sublime Frère Kellermann, grand administrateur général de l'Ordre maçonnique, Sénateur, Maréchal d'Empire, Duc de Valmy, par la Respectable Loge de La Parfaite Égalité à l'Orient de Liège le 26 octobre 1809, figure aux archives de la PIER ainsi qu'aux Archives de l'Etat à Liège, sous la référence FM24 du riche Fonds de Froicourt.

Dans son Aperçu historique de la Franc-Maçonnerie à Liège avant 1830, Ulysse Capitaine, en 1853, qualifie cette fête de réception splendide.

Parmi les participants, on note les noms de Micoud d'Umons, préfet du département, Charbonnier, général de division et Bailly, maire de Liège, délégués par la Parfaite Intelligence.

La Parfaite Égalité

La Parfaite Égalité avait été créée en 1775 par des dissidents de la Parfaite Intelligence et elle fut installée en décembre 1777 sous les auspices du Grand Orient de France. Reconstituée en 1808, elle fut très prospère sous l'Empire (Liège était alors le chef-lieu du Département de l'Ourthe), auquel elle ne semble pas avoir survécu. Le libraire Vasse et Lambert-Nicolas Devaux (1755-?), chanoine de St-Pierre puis fonctionnaire impérial, en furent Vénérables.

à gauche : comme au bijou actuel de la PIER, le perron liégeois, symbole des libertés communales, apparaît déjà au timbre de La Parfaite Égalité

à droite : La Parfaite Égalité a eu son propre souverain chapitre.

On eut donc droit au festival de flatteries et de courtisanerie de rigueur à l'époque en semblables circonstances. 

Nous y avons relevé les textes de trois chansons, toutes trois caractéristiques de ce style et dont l'objet essentiel est la glorification des exploits, de la personne et des fonctions maçonniques de Kellermann :

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