Saint-Napoléon et alia
Sous l'Empire, non seulement d'innombrables chansons sont écrites à la la gloire de Napoléon, mais encore nombreuses sont les Loges dont le titre distinctif fait avec dévotion référence, directement ou indirectement, à lui (ou à des membres de sa famille). Pourquoi pas, puisqu'il y eut même en Bretagne une Napoléonville et en Vendée une ville (qui deviendra Bourbon-Vendée et qui redeviendra ensuite La Roche-sur-Yon) du nom de Napoléon ?
La plus prestigieuse était Saint-Napoléon à Paris, constituée en 1804 par Grasse-Tilly, véritable gotha napoléonien dont étaient membres les maréchaux Brune, Masséna, Kellermann, le vice-amiral Ganteaume, les généraux Devaux de Saint-Maurice, Fabès, Gardane, Loison, Miollis, Quantin, Radet, Roize, Valence et Rampon, qui fut Vénérable en 1813. Parmi les membres civils, on relèvera les noms de Lacépède (qui en fut Vénérable), Laplace (1749-1827) et Mathieu de Lesseps (1774-1832), le père de Ferdinand. Elle célébra Napoléon lors de la Saint-Jean d'Hiver 5805. Elle resta en activité jusqu'en 1835.
Il est à noter que le vocable Saint Napoléon, adopté comme titre distinctif par plusieurs loges, n'est pas une simple amplification poétique, mais qu'il reflète bien l'existence d'un saint officiel (même si celui-ci fut inventé de toutes pièces pour la circonstance) de l'Eglise catholique, fêté le 15 août (jour de l'anniversaire de l'Empereur) : voir à ce sujet les articles de Vincent Petit, l'un Religion du souverain, souverain de la religion : l’invention de saint Napoléon et l'autre Saint Napoléon, un saint pour la nation - Contribution à l’imaginaire politique français. Napoléon III remit cette fête en vigueur en 1852. Le parallélisme entre la sanctification de Napoléon en religion et en maçonnerie (voir plus bas l'encadré un rite napoléonien) mériterait sans doute une étude ... |
Que de Saint Napoléon ! Saint Napoléon à Amsterdam (Pays-Bas) fut fondée en 1810 ; le maréchal Oudinot en fut Vénérable d'honneur et l'amiral Jean-Guillaume de Winter en fut membre ; en 1813, après la fin de l'occupation française, elle fut rebaptisée Willem-Fredrik (du nom du prince Guillaume). On citera aussi :
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Nombreux sont les autres exemples de dénominations honorant Napoléon et les membres de sa famille :
Napoléomagne à Toulouse (en 1815, elle deviendra La Concorde)
Napoléon le Grand à Paris (précédemment La Bienfaisance, fondée en 1784)
les Amis du Grand Napoléon à Paris
Napoléon le Grand à Fontainebleau
Saint-Joseph Napoléon à Deux-Ponts
les Amis fidèles de Napoléon à Marseille
l'Abeille Impériale à Paris (où les Maréchaux Lefebvre et Sérurier furent Surveillants)
Saint-Joséphine à Paris
Sainte-Joséphine de la Franche Amitié à Saint-Etienne (nouveau nom, pris en 1805, de Saint-Joseph de la Franche Amitié fondée en 1802)
Ecossaise de Marie-Louise à Paris (image en bas de page)
Sainte-Caroline à Paris
Les Enfants de Napoléon au 16e Régiment d'Infanterie de Ligne
et, à l'extérieur :
Napoléon le Grand à Madrid et à Gijon
le Triomphe de Napoléon à Prun
les Amis de Napoléon-le-Grand à Alexandrie (Italie)
Napoléon à Florence
Napoléon et Joséphine des Amis Réunis à Mayence (nouveau nom des Amis Réunis adopté en 1809)
Sainte-Joséphine des Amis Réunis (Loge militaire) à Talavera de la Reina (Espagne)
les Amis fidèles de Napoléon à Barcelone
l'Etoile Napoléon à Gand
Sainte-Marie-Louise à Amsterdam
le Berceau du Roi de Rome à La Haye
les Vrais Amis de Napoléon à Gênes
Napoléon à Udine
La Vertu Triomphante - Sa Majesté l'Empereur à Rome
Reale Gioseffina (Joséphine Royale) à Milan - NB : un extrait des Travaux de cette Loge en 1807 figure au T. 2 des Annales Maçonniques, visible (à la suite du T. 1) sur Google livres
médaille et détail d'un diplôme de la Loge milanaise Reale Gioseffina
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les Amis de Napoléon et de la Victoire à Dantzig (Loge militaire)
Les Amis du Roi de Rome et de Napoléon à Ljubljana
Sainte Marie-Louise d'Autriche à Amsterdam
Reale Eugenio à Milan
Eugène Napoléon à Zadar
et tout simplement Napoléon (loge bilingue français-italien) à Livourne.
Selon l'article
Napoléon I and Freemasonry, paru dans les Transactions of the
Quatuor Coronati Lodge en 1914 (vol. XXVII), le Rituel 1805 du Grand Orient
prescrivait que toutes les Loges auraient à ouvrir et fermer leurs Travaux
au triple cri de Vive Napoléon le Grand et son auguste famille.
Dans son Précis historique de l'ordre de la franc-maçonnerie (p. 43), Bésuchet signale - sans garantir cependant l'authenticité de cette affirmation - que le Comte de la Bourdonnaye (Vénérable de Saint-Napoléon à Angers) a même conçu en 1814 le projet (dont on ne sait s'il connut un début de réalisation - dans ce cas, en tout état de cause, la Restauration, dans les bras de laquelle la Bourdonnaye s'est jeté avec un enthousiasme égal, l'aura rapidement mis sous le boisseau) d'un nouveau grade intitulé Les Chevaliers de St Napoléon, qui ne devait pas être moins que le cinquième Ordre du Rite français. Dans le Tome 2 de son Histoire de la Franc-maçonnerie française (Fayard, 1974), Pierre Chevallier donne en tout cas (p. 170) quelques extraits d'un rituel spécial de Chevalier prussien, en vigueur après la mort de Napoléon, et dont voici trois répliques particulièrement significatives (si l'on veut bien se rappeler que l'heure y mentionnée est celle de la mort de Napoléon) : - le général : Quelle heure est-il ? - le gouverneur : 6 heures moins dix minutes - le général : Consummatum est |
Médaille de membre de la Loge madrilène Napoléon le Grand, avec la devise L'Union fait la Force
à l'Orient de Napoléon ??? une curiosité : sur ce diplôme de Rose-Croix décerné en 1807 par le Chapitre de la Bienfaisance à l'Orient de la 31e Leg. (ndlr : infanterie légère ?) au Frère Pierre-François Reynaud, capitaine au 26e Régiment de Ligne, membre de la Loge la Sagesse à l'Orient de Saint-Martin, île de Ré, la mention préimprimée Fait à l'Orient de ... a été complétée manuellement par Napoléon. |
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Ce discours prononcé par le
Très Illustre & Très Parfait Frère Siméon Grand Conservateur du Grand Orient de France dans les Tenues de la
Respectable Loge de Saint-Jean sous le titre distinctif Respectable Jérôme Napoléon de la Fidélité
à l’Orient de Cassel le troisième jour du neuvième mois 5807
témoigne de l'existence d'une Loge de ce nom. On lit ici
que :
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Un des signataires de ce diplôme, Aleman de Mirabel, est l'auteur de Vers au Frère Creste, chef de bataillon, publiés en 1807 à la p. 132 du T. 1 des Annales Maçonniques, tome visible sur Google livres ; il s'agit sans doute de Charles-François Creste, 1768-1844, officier de la Légion d'Honneur, qui en 1809 allait devenir major précisément au 31e régiment d'infanterie légère. |
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... en 1810, la loge de la réunion des étrangers, présidée de nouveau par le baron de Walterstorff, alors ambassadeur près de l'empereur Napoléon, changea son titre en celui de loge de Marie-Louise. (Besuchet, Précis historique de l'Ordre de la Franc-maçonnerie, p. 73) ci-contre : la médaille correspondant à cet événement. |
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