l'Asilo della Verità
Cantata di Vincenzo Monti per l’inaugurazione della R∴ L
∴"Reale Eugenio" all’Or∴ di Milano (5 ottobre 1805)
IL MISTERO.
Vieni, Diva infelice,
Vieni. In questo a’ profani occulto asilo
Ti ricovra, e respirа
In securtà. Qui l’ira
Giunger non può de’ tuoi nemici. A tutti
Ignoto resterà che qui s’asconde
La non tacente Verità.
LA VERITÀ.
Che parli?
Io tua compagna? e che cоmune io teco
M’abbia l’ospizio? Nol sperar. Nemica
Ti fui, lo sono, e lo sarò. Tu cerchi
L’ombre; io la luce. Tu mostrar non osi
La fronte; io temo di celarla. Or dunque
Lasciami, o Nume tenebroso. Invano
Riunir t’argomenti
Mistero e Verità.
IL MISTERO.
T’accheta e senti.
So che avversa mi sei; non io per questo
T’ebbi men cara, augusta Dea, né mai
Ti nocqui io no; ché l’opra mia soventi
Anzi ti giova; e tu nol sai. Coperta
Dell’arcano mio velo
Tu diventi più bella; e spesso, il credi,
M’hai vicino, mi tocchi, e non mi vedi.
Ma tacciasi di questo. Altri pensieri
Chiede il tuo stato. Una crudelе in terra
Ti dan perpetua guerra
L’Ignoranza, l’Error, l’Orgoglio, e il cieco
Amor di se medesmo, e quell’orrendo
Mostro a tutti tremendo,
Che Fanatismо ha nome, arbitro antico
Degli umani intelletti. Ognun ti teme,
Ognun t’odia, ti scaccia, e cuor non trovi
Che puro ti riceva. Or ecco; in questi
Alla mia fe’ commessi
Taciturni recessi io t’offro, o Diva,
Altari, e culto, e sicuranza, e petti
Di te bramosi e di te degni. Inoltra
Là dentro il passo, e scorgerai se vero,
Se svelato ti parla oggi il Mistero.
Qui le virtù più bеllе
Han trono, incensi ed ara;
Qui dispogliаr s’impara
Da vili affetti il cor.
Eterna dalle stelle
Qui piove un Dio lа luce,
Non Dio tiranno e truce,
Ma tutto Dio d’amor.
LA VERITÀ.
Di stupor mi riempi,
O generoso mio rival. Mа quali
Sono dunque i mortali
Di tanto ben privilegiati.
IL MISTERO.
I figli
Dell’eterno ARCHITETTO.
LA VERITÀ.
Basta così ; quel detto
Mi fa tutto palese. Addio: ti resta
Tu con gli alunni del compasso; io corro
Altro asilo a cercar.
IL MISTERO.
Fermati, ascolta...
LA VERITÀ.
No lasciami: altra volta
Intervenni chiamata
Ai mistici consessi
Di questi oscuri Illuminati, ed ebbi
Di che pentirmi. Orsù; conosco anch’io
I lоr travagli, so che sono; addio.
Dell’аrcano altare al piede
Ogni labbro in sacro accento
Mi giurò silenzio e fedе,
Ma scordossi il giuramento
Più d’un labbro e mi tradì.
Porse il petto al santo amplesso,
E amor vero ognun promise;
Mа l’orgoglio i cuor divise,
E il fratel più volte oppresso
Dal fratello, oh dio! perì.
IL MISTERO.
Vero parlasti, austera Dеa ; ma quale
Degli umani istituti
Ottimo sempre si mantien? Tu stessa,
Di prudenza talor forse non varchi
I prescritti confini? e per soverchio
Zelo del giusto non ti veggo io spesso
Cangiata in vizio? Ma garrir che giova?
Entra, e i tuoi torti a prоvа
Conoscerai. V’аprite, eccelse porte
Del negato a profani
Mistico tempio; e voi brandite, o figli
Della luce, le spade, e coll’alzate
Punte in croce onorate
La Dеа del Ver, che viene.
Si spalancano le porte del Tempio, e comparisce il Coro delle
Virtù, che si avanzano giubilando incontro alla Verità.
LA VERITÀ.
Oh ciel! son io
Fuor di me stessa? o quelle,
Che là veggio, son pur le mie sorelle ?
CОRO DELLE VIRTÙ.
Vieni, aspettata
Dolce germana;
Delle bell’anime
La gioia è ingrata,
Se va lontana
La Verità.
LA VERITÀ.
Oh cercate da me gran tempo in vano,
Care sоrеlle, Egualità, Costanza,
Cortesia, Temperanza,
Beneficenza, Libertà! Dunqu’io
Dopo tanto desio
Vi ritrovo e v’abbraccio? Oh dolce incontro!
Oh me felice! Ma qual sorte amica
Fuggitive e disperse
Vi riunì, vi aperse
Questo asilo di pace?
UNA DELLA VIRTÙ.
Un Dio, che sempre
Per noi fia Dio. Leva lo sguardo, e mira:
Eccolo.
LA VERITÀ.
Oh vista? e non è quello il volto
D’EUGENIO?
UNA DELLE VIRTÙ.
È desso. Su l’augusta fronte
Della paterna stella.
Non vedi il raggio balenar? Sbandite
D’ogni parte e tradite, Ei ci rаccоlsе
Tutte intorno al suo solio, Ei ne permise
L’aver cultо e seguaci; ed è suo dono
Se, LUI nostro ORIENTE e nostro Duce,
Questo Tempio abitiamo e questa Luce.
LA VERITÀ.
Oh magnanimo, oh degno!
Ch’ogni buono l’аdоri!
UNA DELLE VIRTÙ.
E non siam sole
Al regale suo fianco. Altre sublimi
Lо circondano a gara
Generose virtù, che la profonda
Gl’insegnano di Stato
Difficil’ arte.
LA VERITÀ.
Ed io fra tante, io sola
Esclusa rimarrò?
UNA DELLE VIRTÙ.
Sgombra il sospetto,
Noi medesme al suo piede
Ti guideremo. Ei chiede
Di te pur sempre, e ti desira, e contro
Le lusinghe e gli inganni
Che circondano i troni Egli ti spera
Sua compagna, sua scоrtа e consigliera.
LA VERITÀ.
Sì: quel cor d’udirmi è degno,
E a quel core io parlerò.
IL MISTERO.
E agl’iniqui il tuo disegno
Io fedel nasconderò.
LA VERITÀ.
Dunque pace, o Dio Mistero.
IL МISTERO.
Dunque pace, o Dea del Vero.
A DUE.
Senza velo, e senza sdegni
Fra noi regni - l’amistà.
UNA VIRTÙ.
L’almo SOLE del grande ARCHITETTO
Su la fronte d’EUGENIO risplenda:
UN’ALTRA VIRTÙ.
Per l’augusto Fratello diletto
Ogni petto - di gioia s’accenda;
TUTTI
Il fragor delle palme battute
A Lui porti la terza salute,
E il possesso d’un’alma sì cara
Sia la gara - di tutte Virtù.
|
l'Asile de la Vérité
Cantate de Vincenzo Monti
pour l'inauguration de la Respectable Loge Roi Eugène à l'Orient
de Milan le 5 octobre 1805
Le Mystère
Viens Déesse malheureuse,
Viens. Dans ce refuge caché aux profanes,
Mets-toi à l’abri et respire
En sécurité. Ici, la colère
De tes ennemis ne peut t’atteindre. Et personne
Ne saura qu’ici se cache
La Vérité qui ne se tait pas.
La Vérité
Que dis-tu ?
Moi ton amie ? Et que je partage avec toi
le même refuge ? Ne l’espère pas. Je fus
ton ennemie, je le suis et le resterai. Tu cherches
l’ombre ; moi, la lumière Tu n’oses pas montrer
ton visage, moi je redoute de le cacher. Alors
laisse-moi, ô Dieu ténébreux. C’est en vain
que tu tentes de réunir
Mystère et Vérité.
Le Mystère
Calme-toi et écoute.
Je sais que tu es mon adversaire ; pour autant
tu me fus chère quand même, auguste Déesse, et
jamais je ne te fis de tort ; au contraire,
mon action t’est souvent profitable et tu ne le sais pas.
Cachée par mon voile secret
Tu deviens plus belle ; et souvent, crois-moi,
Je te suis proche, tu me touches mais tu ne me vois pas.
Mais ne parlons plus de cela. Ta situation requiert
D’autres pensées. Sur terre, contre toi,
une guerre cruelle et incessante est menée
par l’Ignorance,
L’Erreur, l’Orgueil, l’Amour,
Aveugle à lui-même et
Cet horrible Monstre qui tous effraie,
Et qui a nom Fanatisme, ancien arbitre
Des esprits humains. Tous te craignent,
Tous te haïssent, te chassent et tu ne trouves pas
de c½ur pur pour te recevoir.
Alors, voici : dans les profondeurs
Silencieuses dédiées à ma fidélité, ô Déesse,
Je t’offre autels, culte et sécurité, des c½urs
Qui te désirent et qui sont dignes de toi. Avance
A l’intérieur et tu verras si le Mystère, aujourd’hui,
Te parle franchement et sans voile.
Ici, les vertus les plus belles
Ont trône, encens et autel ;
Ici on apprend à chasser de son c½ur
Les sentiments vils.
Ici, des étoiles descend une lumière
Eternelle, un Dieu,
Non pas un Dieu tyrannique et cruel,
mais un Dieu qui n’est qu’amour.
La Vérité
Tu me remplis d’étonnement,
O mon généreux rival. Mais qui
Sont ces mortels
Dotés d’un si grand bien ?
Le Mystère
Les fils
de L’ARCHITECTE éternel.
La Vérité
Ça suffit ; par ces mots
Tout devient clair. Adieu : toi, reste
Avec les élèves du compas ; moi je cours
chercher un autre refuge.
Le Mystère
Arrête-toi et écoute.
La Vérité
Non, laisse-moi : sollicitée,
Je suis déjà intervenue
dans les assemblées mystiques
De ces obscurs illuminés et je l’ai bien
Regretté. Allons, moi aussi je connais
Leurs travaux, je sais qui ils sont ; adieu.
Au pied de l’autel mystérieux
Toutes les voix me jurèrent silence
Et fidélité d’un ton solennel,
Mais plus d’une oublia
Son serment et me trahit.
Tous offrirent leur poitrine à l’étreinte sacrée
Et tous promirent un amour véritable ;
Mais l’Orgueil sépara les c½urs
Et plusieurs fois le frère opprima
Le frère qui, ô mon dieu, périt.
Le Mystère
Tu dis vrai, austère Déesse ; mais quelle
Institution humaine
Demeure toujours excellente ? Toi-même,
De la prudence ne passes-tu pas
Les limites prescrites ? Et ne te vois-je pas
Souvent, par excès de zèle pour la justice,
Te changer en vice ? Mais à quoi sert d’ergoter ?
Entre, et tu auras la preuve que
Tu as tort. Ouvrez-vous hautes portes
Du temple mystique interdit
Aux profanes ; et vous, ô fils
De la lumière, brandissez vos épées
Et de leurs pointes levées en croix, honorez
La Déesse de la Vérité qui s’avance.
On ouvre en grand les portes du temple et apparaît le Ch½ur des Vertus qui s’avancent, remplies de joie, vers la Vérité.
La Vérité
O ciel, ai-je perdu la raison ? Ou bien
Celles que je vois là-bas
Sont mes s½urs ?
Ch½ur des Vertus
Approche, douce s½ur
Tant attendue ;
La joie des belles âmes
N’est pas agréable
Si la Vérité n’est pas
Présente.
La Vérité
O je vous ai cherchées en vain depuis longtemps
Mes chères s½urs, Egalité, Constance,
Courtoisie, Tempérance,
Bienfaisance, Liberté !
Enfin, après vous avoir tant désirées
Je vous retrouve et vous étreins ? ô douce rencontre !
O quel bonheur pour moi ! Mais quel destin favorable
Vous a réunies, vous
Fugitives et dispersées,
Et offert cet asile de paix ?
Une des Vertus
Un Dieu, qui toujours
Pour nous sera Dieu. Lève les yeux et regarde :
Le voici.
La Vérité
O quelle vision, n’est-ce pas le visage
D’EUGENE ?
Une des Vertus
C’est lui. Sur l’auguste front
De l’étoile paternelle
Ne vois-tu pas briller un rayon ? Chassées
De toutes parts et trahies, Il nous rassembla
Toutes autour de son trône, Il nous permit
D’avoir un culte et des disciples ; et c’est son don à
LUI, notre ORIENT et notre GUIDE,
Si nous habitons ce Temple et cette Lumière.
La Vérité
O quelle magnanimité, quelle dignité !
Que tout homme bon l’adore !
Une des Vertus
Et nous ne sommes pas les seules
A ses côtés. D’autres sublimes
Et généreuses vertus
L’entourent à l’envi
Car elles lui enseignent le métier difficile
Et important de l’Etat.
La Vérité
Et moi, parmi tant d’autres,
Resterais-je exclue ?
Une des Vertus
Chasse tes doutes.
Nous te guiderons nous-mêmes
A ses pieds.
Il s’inquiète toujours de toi
Et malgré les flatteries et les tromperies
Qui entourent les trônes, il t’espère
Comme amie, accompagnatrice et conseillère.
La Vérité
Oui ce c½ur est digne de m’entendre
Et à ce c½ur je parlerai.
Le Mystère
Et je cacherai fidèlement
Ton dessein aux iniques.
La Vérité
Alors paix ô Dieu Mystère.
Le Mystère
Alors paix, ô déesse de la Vérité.
Tous les deux
Sans voile et sans dédain
Qu’entre nous règne l’amitié
Une vertu
Que le soleil glorieux du grand ARCHITECTE
Resplendisse sur le front d’EUGENE :
Une autre Vertu
Que pour l’auguste frère bien-aimé
Tous les c½urs brûlent de joie ;
Tous
Que le bruit des applaudissements
Lui apporte la troisième santé
Et que toutes les vertus se disputent
La possession d’une âme si chère. |