Le nombre trois

 Cliquez ici pour entendre l'air du vaudeville d'Arlequin Musard

Cliquez ici pour entendre l'air votre prévoyance est vaine

Nous avons trouvé deux versions différentes de ce cantique du Frère Jacquelin.

La première - par ordre chronologique de parution - figure aux pp. 254 à 258 du Code Récréatif des Francs-Maçons de Grenier (1807) et se chante sur un pot-pourri d’airs divers :

LE NOMBRE TROIS,

 Cantique Maçonnique par trois fois trois couplets, 

chanté dans la Respectable Loge Saint-Eugène, à un banquet de la Saint-Jean d’été.

Paroles du Frère Jacquelin

LE NOMBRE TRoIs, 

Cantique Maçonnique par trois fois trois couplets, 

Chanté dans la Respectable Loge Saint-Eugène, à un banquet de la Saint-Jean d'été. 

Paroles du Frère Jacquelin

Air : Du vaudeville d'Arlequin Musard

Partout la Fable nous atteste
L'influence du nombre Trois ;
Il est favorable et funeste, 
Chompré (*) va parler par ma voix : 
J'y trouve pour premier exemple 
Les Grâces au nombre de trois,
Un vrai Maçon doit dans leurTemple (bis.) 
Répandre son encens trois fois. 

(*) Auteur fort connu du Dictionnaire de la Fable.

COMMENTAIRES

Voir l'air du vaudeville d'Arlequin Musard

Pierre Chompré (1698-1760) est effectivement l'auteur d'un Dictionnaire abrégé de la Fable pour l'intelligence des poètes, des tableaux & des statues, dont les sujets sont tirés de l'Histoire Poétique, paru pour la première fois en 1727 et maintes fois réédité par la suite, notamment en 1801.

Jacquelin semble lui avoir voué une grande admiration, puisqu'il publia un Manuel De Biographie, Ou Dictionnaire Historique Abrégé Des Hommes Célèbres, Depuis Les Temps Les Plus Reculés Jusqu'a Nos Jours Composé Sur Le Plan Du Dictionnaire De La Fable De Chompré.

Le fils de Pierre Chompré, Nicolas-Maurice (1750-1825), mathématicien et physicien, est mentionné par Le Bihan (dans son ouvrage Francs-maçons parisiens du Grand Orient de France) comme membre des Amis Réunis de 1782 à 1788.

Air : J'ai vu partout dans mes Voyages.

 J'aime assez les trois Hespérides,
Les pommes d'or ont bien leur prix ; 
Je laisse les trois Minéïdes 
Aux amans des chauves-souris
De leurs mépris pour tes mystères 
Bacchus, ainsi tu te vengeas ! 
Comme nous vidons bien nos verres (bis.) 
Nous ne serons jamais des rats

Air : Du vaudeville du prétendu de Gisors

Dans toutes les Mythologies
(Car je me tais sur le sacré)
Par malheur je vois qu'aux Furies
Le nombre trois est consacré. (bis.) 
Pourraient-elles troubler notre ame? 
Parmi nous plus d'un les connaît, 
Car il trouve près de sa femme (bis.) 
Ces trois têtes sous un bonnet (*).

(*) Ceci doit être pris pour une plaisanterie, car personne ne fait plus que l'auteur de ces couplets, profession d'aimer et de respecter les dames.

Voir l'air J'ai vu partout dans mes voyages.

 

Les Minéides affectant de travailler pendant que l'on célébroit les Fêtes de Bacchus, furent changées en Chauve-Souris. (Banier, explication des Métamorphoses d'Ovide, 1737)

 

 

L'air du vaudeville du prétendu de Gisors (Mon ami, combien tu t'abuses) est donné par La Clé du Caveau (3e édition) sous le n° 878. 

Le prétendu de Gisors est une folie-vaudeville d'Alexandre-Fursy Guesdon (dit Alexandre), représentée pour la première fois sur le théâtre des Troubadours le 5 messidor an VIII.

 

 

 

Air : Ce Magistrat irréprochable

Faut-il que parmi les trois Parques 
On compte l'affreuse Atropos ? 
Ah! lorsque l'on porte nos marques 
On peut bien braver ses ciseaux. (bis.) 
Eh! n'avons-nous pas l'assurance, 
Lorsque nos jours seront finis, 
De trouver une autre existence 
Dans le cœur de tous nos amis ? (bis.) 

Air : De sommeiller encor, ma chère

Quand aux trois gueules de Cerbère
Je ne crains rien pour mes molets, 
J'ai pour le forcer à se taire 
Le meilleur de tous les secrets. 
Puisqu'Orphée au son de sa lyre 
Eut le talent de l'assoupir, 
J'aurai trois pièces à lui lire (bis.) 
Je saurai trois fois l'endormir (*). 

(*) L'auteur de ces Couplets a fait plusieurs pièces de théâtre.

Voir l'air Ce magistrat irréprochable. Cliquez ici pour l'entendre.

 

 

 

 

 

Voir sur l'air De sommeiller encor, ma chère. Cliquez ici (midi) ou ici (MP3) pour l'entendre, séquencé par B. A. 

 

 

 

 

 

 

Air : Pourriez-vous bien douter encore ? 

Lorsque pour passer l'onde noire 
Nous verrons la barque à Caron, 
Mes amis, voulez-vous m'en croire ? 
Il faut le recevoir Maçon. 
Si quelqu'un de la Confrérie 
Mourrait sans avoir un denier,
 Du moins il quitterait la vie 
Sans craindre un nouveau créancier. (bis.) 

Air : Il faut de la gaîté pour deux.

Vous vous attendez, mes chers frères, 
A m'entendre chanter Bacchus ; 
Dans tous leurs couplets, mes confrères 
Ne manquent pas son divin jus.
Mais ces refrains à la Grégoire 
Ne sont déjà que trop usés, 
Pourquoi vous inviter à boire ? 
Vous buvez, ma foi, bien assez. (bis.) 

Air : De la pipe de tabac

Comment ! Bacchus, dans tes batailles 
Des Maçons seraient les derniers ?

Voir l'air Pourriez-vous bien douter encore ?

 

 

 

 

 

Cliquez ici pour entendre un air sans doute identique à celui de Il faut de la gaîté pour deux.
 

 

 

 

Voir l'Air de la pipe de tabac. Cliquez ici pour l'entendre. 

Jacquelin ne se mouille guère en évoquant, sans la prendre à son compte, la légende des origines templières de la maçonnerie :

 Lorsque partout, sur les murailles 
On ne voit que les Templiers ! (bis.)
Cet ordre qui créa le nôtre (*)
A Raynouard vaut des lauriers,
En l'honneur de ce digne Apôtre 
Buvons comme des Templiers. (bis.) 

Air : Du partage de la richesse.

Maçons, n'écoutant que mon zèle 
Je vous ai gâché ces Couplets, 
Mais dessus, passez la truelle
Vous les trouverez moins mauvais. 
Si ma Chanson est un peu bête, 
Ne me faites point, s'il vous plaît, 
Entrer de l'esprit dans la tête 
A coups redoublés de Maillet. (bis.) 

(*) C'est d'après une opinion qui n'est pas généralement reçue, que l'auteur a hasardé ce couplet, qui doit être regardé simplement comme un hommage à M. Raynouard

Cet ordre qui créa le nôtre
A Raynouard vaut des lauriers,
En l’honneur de ce digne Apôtre
Buvons comme des Templiers.

et en en rejetant la responsabilité sur Raynouard :

C’est d’après une opinion qui n’est pas généralement reçue, que l’auteur a hasardé ce couplet, qui doit être regardé simplement comme un hommage à M. Raynouard.

Raynouard est effectivement l’auteur, en 1805, de la tragédie (précédée d'un précis historique) Les Templiers

Voir ici sur l'air Du partage de la richesse. Cliquez ici pour l'entendre.

La deuxième figure aux pp. 6 à 10 de la Lyre maçonnique pour 1809 dudit Jacquelin. 

Elle n'utilise plus qu'un seul air, J'ai vu partout dans mes voyages.

Elle donne également des précisions sur la date (14 juillet 1805 : l'inscription MDLDLV est quelque peu sybilline mais nous avons traduit la date en calendrier républicain - le 25 messidor an 13 - donnée par Jacquelin) et les circonstances (installation de la Loge de Saint-Eugène) de sa création.

LOGE DE SAINT EUGÈNE

Eugène de Beauharnais, fils de l'impératrice Joséphine et donc beau-fils de Napoléon, vice-roi d'Italie, Grand Maître du Grand Orient d'Italie et du Suprême Conseil italien, était Vénérable d'honneur de cette Loge.

Légende: +LOGE DE SAINT EUGÈNE+ / OR∴ DE PARIS. Grand G sur une ★ flamboyante dans une couronne de laurier et de chêne. Revers : Légende circulaire: CONSTITUÉE PAR LE G∴ O∴ DE FR∴ LE 14E J∴ DU 3E M∴ D∴ / L’AN 5805. Face rayonnante. 

(NB : cette médaille donne l'équivalent du 14 mai (3e mois) 1805 plutôt que du 14 juillet  ... on sait que les maçons eux-mêmes se prennent parfois les pieds dans le décalage de 2 mois).

Jacquelin et Pessey en furent membres.

On trouvera ici et ici des Cantiques maçonniques, chantés respectivement à la Fête d'adoption donnée par la Loge de Saint-Eugène, à l'Orient de Paris, le 7 Janvier 5809 et à la Loge de Saint-Eugène, à l'Orient de Paris le 13 janvier 5810, et ici des Couplets sur l'origine de la Maçonnerie d'Adoption chantés à la même loge.

Elle efface aussi toutes les notes de bas de page - sauf celle rappelant modestement que L'auteur de ce Cantique a fait plusieurs ouvrages de théâtre.

Enfin, Jacquelin supprime 2 couplets (les 2e et 8e) - qui étaient effectivement particulièrement mauvais -, mais pour faire bonne mesure (il a annoncé 3 fois 3 couplets) en rajoute 2 autres (n°s 3 et 4 ci-dessous).

LE NOMBRE TROIS

CANTIQUE Maçonnique par 3 fois 3 couplets, chanté dans la Loge de Saint-Eugène, au banquet de la Saint-Jean d'été, le quatorzième jour du MDLDLV 5805 le dimanche 25 messidor an 13, Jour de l'installation de cette Loge

AIR : J'ai vu partout dans mes voyages

1

PARTOUT la fable nous atteste 
L'influence du nombre trois ; 
Il est favorable et funeste, 
Chompré va parler par ma voix : 
J'y trouve pour premier exemple 
Les Grâces au nombre trois; 
Un vrai Maçon doit, dans leur temple, 
Répandre son encens trois fois.

2

Dans toutes les mythologies 
(Car je me tais sur le sacré) 
Par malheur je vois qu'aux Furies 
Le nombre trois est consacré, 
Pourraient-elles troubler notre âme ? 
Parmi nous plus d'un les connaît ; 
Car il trouve près de sa femme 
Ces trois têtes sous un bonnet.

3

Beau sexe, dont je suis les traces, 
Pardonne un instant de gaîté ; 
Je reviens bien vite aux trois Grâces, 
Dont je fus toujours enchanté. 
Si tes rigueurs, si tes caprices 
Trois fois ont su me désoler, 
Dans tes bras combien de délices, 
Cent fois ont su me consoler !

4

Pâris, jugeant les trois déesses,
Accorda la pomme à Vénus, 
De deux il n'eut que des promesses ; 
La mère des Amours fit plus, 
Entre trois belles, moi, jeune homme, 
Qu'on me force à fixer mon choix, 
À qui donnerai-je la pomme ? 
À la moins cruelle des trois.

5

Faut-il que parmi les trois Parques 
On compte l'affreuse Atropos ? 
Ah ! lorsque l'on porte nos marques, 
On peut bien braver ses ciseaux. 
Eh ! n'avons-nous pas l'assurance, 
Lorsque nos jours seront finis, 
De trouver une autre existence 
Dans le cœur de tous nos amis ?

6

Quant aux trois gueules de Cerbère, 
Je ne crains rien pour mes molets ; 
J'ai pour le forcer à se taire 
Le meilleur de tous les secrets. 
Puisqu'Orphée, au son de sa lyre, 
Eut le talent de l'assoupir, 
J'aurai trois pièces à lui lire ; (1) 
Je saurai trois fois l'endormir.

7

Lorsque, pour passer l'onde noire, 
Nous verrons le nocher Charon, 
Mes amis, voulez-vous m'en croire, 
Il faut le recevoir Maçon. 
Si quelqu'un de la confrérie 
Mourait sans avoir un denier, 
Du moins il quitterait la vie 
Sans craindre un nouveau créancier.

8

Vous vous attendez, mes chers frères, 
À m'entendre chanter Bacchus. 
Dans tous leurs couplets, mes confrères 
Ne manquent pas son divin jus ; 
Mais ses refrains à la Grégoire 
Ne sont déjà que trop usés : 
Pourquoi vous inviter à boire ? 
Vous buvez, ma foi, bien assez !

9

Épilogue

Maçons, n'écoutant que mon zèle, 
Je vous ai gâché ces couplets ; 
Mais dessus passez la truelle, 
Vous les trouverez moins mauvais.
Si ma chanson est un peu bête, 
Ne me faites point, s'il vous plaît, 
Entrer de l'esprit dans la tête 
À coups redoublés de maillet.

J.A. JACQUELIN. 
Offi. dig. de la Loge de Saint- Eugène

(1) L'auteur de ce Cantique a fait plusieurs ouvrages de théâtre.

Cette deuxième version sera reprise (p. 65) en 1816 au Chansonnier franc-maçon de Jacquelin, sans la note de bas de page qui n'a plus d'objet mais avec une proposition d'air alternative, votre prévoyance est vaine (qui est le n° 598 de la Clé du Caveau).

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