Le Chansonnier franc-maçon de Jacquelin (1816)

Ce n'est vraiment que par souci d'exhaustivité que nous mentionnons ce recueil de 1816 signé de Jacquelin et intitulé le Chansonnier franc-maçon, qui est accessible sur Gallica, et où il a rassemblé bon nombre de ses propres chansons.

Il contient - si même il en contient - fort peu de chansons nouvelles : pour la plupart des chansons, nous en avons en effet trouvé (comme indiqué en dernière colonne du tableau ci-dessous) d'autres éditions, presque toujours antérieures.

Même quand elles ont - et c'est loin d'être le cas de toutes - une teinture maçonnique, les chansons sont dans le style typique de Jacquelin, celui d'une maçonnerie d'Empire, qui se résume à l'assiduité aux Banquets et aux Loges d'Adoption, aux tributs à Bacchus et à Vénus. Le refrain suivant (p. 89) traduit parfaitement cet esprit :

Francs-maçons, vrais amis des dames,
Consolez-vous en bien mangeant.
Vous voulez, vous voulez des femmes ;
On n'en peut avoir sans argent.

Un laborieux Dialogue en vers entre l’auteur (très satisfait de lui-même) et son Libraire précède les 69 chansons. Relevons-y le passage suivant, qui augure de la prochaine évolution des rapports entre l'Eglise catholique (et particulièrement les jésuites, cible traditionnelle des maçons) et la maçonnerie :

Le Libraire

Toujours les Francs-Maçons furent de bonnes gens
Joyeux par caractère et surtout indulgents.
Le Saint-Père l’est moins ; car de secte ennemie
Nous traitant sans façon, il nous excommunie.
Le sort de votre livre est des plus hasardeux,
A l’index, un beau jour, je vous vois mis tous deux.

L’Auteur

A le faire brûler puisse-t-il condescendre !
Mon recueil, vrai phénix, renaîtrait de sa cendre,
Plus brillant que jamais. Contre toutes raisons,
Si le Pape proscrit mes refrains, mes chansons,
C’est qu’il ne connaît pas nos usages, nos rites,
Les Maçons, après tout, valent bien les Jésuites.

L'argument selon lequel les condamnations papales ne peuvent résulter que d'une mauvaise information a été utilisé dès le XVIIIe siècle et le sera souvent encore par la suite (exemple ici).

Ci-dessous la Table des chansons de ce recueil :

Titre Page Autres éditions
Recueil  page

Cantique de la Saint-Jean

1

Les Fagots de la Saint-Jean

5

Il n’est que de la Saint-Jean

9 Lyre 1812 99

La Réception de Bacchus 

13 Lyre 1810 1

Ronde d'Adoption 

17 Annales, vol. 7 (aussi dans le Nouveau code récréatif, p. 24) 60

Les Jeans célèbres 

21 Lyre 1810 103

Portrait du vrai Franc-Maçon

24 Lyre 1810 116

Cantique écrit à l’Orient de la Grenouillère

27 Lyre 1810 150

Cantique de Santés 

31 Lyre 1810 186

La Planche des Travaux 

35 Lyre 1810 213

Il est Minuit 

40 Lyre 1812 13

Le Frère Timoléon 

41 Lyre 1811 1

Couplet à des Visiteurs 

46 Lyre 1809 36

L’harmonie maçonnique 

47 Lyre 1811 50

Les Francs-Maçons à faire 

51 Lyre 1811 93

Mes Voyages imaginaires

54 Lyre 1811 109

Mastíquons 

57 Lyre 1811 141

Gémissons 

59 Lyre 1811 161

Les Cinq Echelons

62 Lyre 1811 202

Le nombre trois

65 Lyre 1809 6

Le nombre Sept 

68 Lyre 1811 180

Ma Rentrée à la Loge de Saint-Eugène 

71 Lyre 1809 79

Ronde d'Adoption 

74 Lyre 1812 1

Il pleut

79 Lyre 1812 120

Apollon franc-maçon

81 Lyre 1813 1

Les amis de l’Humanité

85 Lyre 1813 71

On ne fait rien sans argent 

89 Lyre 1812 106

Cantique de banquet 

93 une version profane (Amis au lieu de Frères) avait paru dans l'Almanach des Grâces 1805 68

Couplets sur la mort fait et chanté en Banquet de maître

94 il s'agit en fait d'un couplet recopié de la scène X de la comédie (1806) de Jacquelin et Rigaud, Molière ou le souper d'Auteuil 18

Les Amis sont là

95 Lyre 1811 132

Le franc-maçon épicurien

98 réutilisation (en remplaçant Amis par Frères) d'un air de la comédie Molière avec ses amis de Rigaud et Jacquelin (1801) 13

Stances lyriques contre la guerre 

99

Cantique de banquet

102 reprise (avec un couplet de moins) d'une chanson faite et chantée à un dîner d'amis, parue dans l'Almanach des Grâces 1805 26

Extrait d’un Cantique de famille chanté dans un banquet où se trouvaient les Frères Guillard, de Piis, Antignac, etc 

103

Petit Tableau de Paris

108 Lyre 1809 186

Extrait d’un Cantique de famille chanté à la Loge de St-Eugène, à l’Orient de Paris

109

Ronde chantée en fête d’adoption, en janvier

116 Lyre 1809 11

La Paix universelle 

120 Cette chanson (qui n'a rien de maçonnique), manifestement récente (elle salue la Restauration), est aussi publiée, la même année 1816, avec une autre mention d'air et sous la signature M. J. A. Jacquelin, Chev. de la Légion d'honneur, au Caveau moderne 218

C’est tout chaud, c’est tout bouillant

122 Lyre 1813 127

C’était écrit là-haut

125 Lyre 1813 146

Couplets chantés à la fête du Frère Hippolyte Merché-Marchand à l’Orient de Paris 

128 Lyre 1813 169

On n’en fait plus, et on n’en manque pas

131 Lyre 1813 14

Néant à la requête 

134 Lyre 1813 55

Fiez-vous, ne vous y fiez pas 

136 Lyre 1813 195

La Morale de Confucius 

139 Lyre 1813 82

Mes Etudes à l’Orient de Cythère 

143 Lyre 1811 193

Ronde de banquet

145 Lyre 1809 137

Chant d’amour 

149 Lyre 1809 97

Avis d’un franc-maçon à ses Frères 

153 Lyre 1809 148

La Modération d’un franc-maçon

157 Lyre 1809 156

Les Eteignoirs 

159 Cette chanson (qui n'a rien de maçonnique) est aussi publiée, la même année 1816, sans le sous-titre Dédié aux Enfans de la lumière et sous la signature M. J. A. Jacquelin, Chev. de la Légion d'honneur, au Caveau moderne 211

Versez-moi du bon vin

163 Lyre 1813 180

Le Credo d’un franc-maçon

165 Lyre 1810 127

La Descente d’Orphée aux enfers, et sa fin malheureuse

167 Lyre 1809 165

Avis à mes Sœurs à marier

171 Lyre 1810 45

Avis à mes Frères à marier 

174 Lyre 1810 42

Les Compensations dans les destinées humaines

177 Lyre 1812 110

Souhaits à mes Frères pour le jour de l’an

181 Lyre 1811 (le dernier couplet, trop napoléonien, a été modifié) 9

Prière d'un vieillard à la Parque 

184 Lyre 1813 100

Les Raisins sont trop verts 

187 Lyre 1813 201

Les Pendules à la Henri IV 

191 Lyre 1813 39

Cantique de Banquet 

193 Cette chanson (qui n'a rien de maçonnique) reparaîtra en 1818, avec une autre mention d'air et sous la signature M. Jacquelin, à L'enfant lyrique du Carnaval pour 1818 : Choix des meilleures chansons des convives du Caveau moderne 148

Le dernier chant d’Eliza

196 Lyre 1812 154

Bien dire et bien faire sont deux

199 Lyre 1810 12

A une jeune et jolie Néophyte 

201 Lyre 1811 177

Avis à mes Frères des Orients étrangers

203 Lyre 1811 46

Cass’cou

206 Lyre 1812 88

Il faut aimer

209 Lyre 1811 113

Sermon chanté en banquet

211 Lyre 1811 188

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