La Légende d'Hiram d'Alain Krotenberg
Cliquez ici pour entendre un extrait de l'enregistrement, interprété par Eric Beillevaire, baryton, accompagné par le Sinfonietta de Paris, dirigé par Dominique Fanal (DPV CD 11152)
Alain Krotenberg a composé en 2004-2005 (c'est son op. 17) la cantate pour baryton-basse et orchestre La Légende d'Hiram, sur un texte de Jean-Bernard Lévy (coïncidence : cette composition est pratiquement simultanée à celle de Golemovic sur le même sujet). Cette oeuvre a fait l'objet d'un enregistrement, qui est disponible depuis le 1er décembre 2011. |
La plupart des visiteurs de ce site ont suffisamment entendu parler du mythe d'Hiram - ou du moins de celle de ses versions qui sert de base au Rituel du 3e grade - pour qu'il ne soit pas nécessaire de le développer ici.
Mais il en existe une version fort différente : c'est celle de Gérard de Nerval, qu'on trouve dans l'Histoire de la Reine du Matin et de Soliman Prince des génies, aux pp. 232-351 de son Voyage en Orient.
Nerval a-t-il été maçon ? La question ne semble pas tranchée ; mais en tout état de cause il avait une connaissance très précise de la légende maçonnique et a brodé sur ce thème une oeuvre littéraire très romanesque, qui n'a plus guère de rapport avec la pensée maçonnique sous-jacente à la version originale.
On lira avec intérêt à ce sujet le volumineux blog (particulièrement riche en documents anciens) consacré par L. A. T. à La Légende d'Hiram et en particulier sa page analysant avec acuité (et citant intégralement, mais dans une présentation dont la lecture est moins confortable que celle mentionnée ci-dessus) le texte de Nerval.
Une des spécificités de cette version nervalienne est d'ajouter aux personnages classiques ceux de Tubalcaïn (qui, lors d'une sorte de descente aux enfers, révèle à Hiram son appartenance à la race des Eloïms), et surtout de la Reine de Saba, que Salomon (personnage ici plutôt ridicule) voudrait épouser mais qui lui préfère Hiram.
La version de Lévy va dans le même sens, mais en remet une couche supplémentaire, en faisant donner par Salomon lui-même (qui chez Nerval est déjà, par jalousie, l'instigateur du complot) le coup de grâce achevant Hiram.
Avouons que cette transformation d'un drame antique en une vengeance de cocu nous semble particulièrement incongrue.
Il n'en est pas moins vrai que la musique d'Alain Krotenberg rachète cette faiblesse : sa profonde intensité dramatique, parfaitement en phase avec la dramaturgie du scénario, la rend en effet particulièrement prenante et évocatrice.