L'origine de l'Adoption

En cliquant ici (midi) ou ici (MP3), vous entendrez le fichier de l'air Quand l'amour naquit à Cythère, séquencé par B. A.

Ce cantique provient (pages 194-5) de la Lyre maçonnique pour 1810.

Il s'agit d'une des innombrables variations qui se sont multipliées à l'époque sur divers thèmes mythologiques (Vénus, Cupidon, Cythère, ...), tournant tous autour de l'amour, mis en rapport avec la maçonnerie d'Adoption.

On retrouve la chanson, sous le titre Origine de la Maçonnerie d'Adoption, à la Lyre des francs-maçons en 1830, aux pp. 184-5.

Nous n'avons guère trouvé d'informations sur la Loge des Amis Indivisibles, mais nous savons (voir ci-contre à droite) qu'elle avait un Chapitre (fondé en 1805).

Le document ci-contre à gauche établit bien que sa fondation remonte à 1802. Bésuchet ne la mentionne pas en 1829, ce qui donne à penser qu'elle avait déjà disparu (ou était passée sous l'autorité du Suprême Conseil) à ce moment. Un de ses membres a chanté ceci à la Clémente Amitié. Cette loge serait-elle le dédicataire de cette chanson au ton très maçonnique, signée Louis Du Bois et publiée (pp. 105-6) par le Chansonnier des Grâces pour 1838 ?

On sait qu'à cette Tenue d'installation furent chantés divers cantiques, dont :

  • celui du Frère Le Pitre, chanté par le Commissaire installateur le Frère Pajot aîné (incipit Il brille enfin ce jour heureux, air Femmes voulez-vous éprouver) ; il s'agit vraisemblablement de ce cantique-ci ;

  • celui de l'Orateur adjoint le Frère Masson (incipit Au Grand Orient de France, air de la fanfare de St-Cloud) ;

  • celui du secrétaire le Frère Desnos (incipit Frères, chantons cet heureux jour, air du Vaudeville d'Abusar).

Voir l'air.

MÉALLET

L'auteur, désigné ici comme Alex. MÉALLET, Officier dignitaire de la Respectable Loge des Amis Indivisibles, à l'Orient de Paris, est effectivement mentionné au fichier Bossu comme membre de cette Loge en 1811.

Mais le même fichier mentionne également (serait-ce le même, ou peut-être son frère ?) un (Claude-Antoine-) Jean-Baptiste Méallet, né à Macon le 11.9.1785, qui, tout en étant membre de la même Loge en 1812, est beaucoup plus connu puisqu'on le retrouve aussi par ailleurs comme :

  • Vénérable en 1815 de l'Arc-en-Ciel, première Loge parisienne de l'Ordre de Misraïm, et 90e de ce rite en 1816
  • homme de lettres, secrétaire de la Société royale académique des sciences, Orateur des Trinosophes en 1819 et à ce titre auteur d'une abracadabrante explication des emblèmes de la Loge de Table, qui a certainement été très appréciée puisqu'en 1823 Vuillaume l'a reprise (pp. 493-501) dans son Orateur franc-maçon.

On lit (p. 259) dans l'Histoire pittoresque de la franc-maçonnerie et des sociétés secrètes de Clavel que :

Le misraïmisme eut quelque temps la vogue, grâce à l’attrait que présentaient les formes toutes nouvelles du grade inventé par le frère Méallet. Les règlements généraux rédigés en 1805 paraissant trop défectueux, on s’occupa d’en composer de nouveaux. Ce fut encore le frère Méallet qui se chargea de ce travail. Le Grand-Conseil du quatre-vingt-septième degré, annexé à la loge de l'Arc-en-ciel, les délibéra et les arrêta. On y introduisit quelques dispositions à l’insertion desquelles les chefs du rite, dont elles détruisaient l’omnipotence, s’opposèrent vainement. On les livra à l’impression; le frère Méallet fut chargé de la révision des épreuves ; mais il tomba malade; et les chefs du rite profilèrent de cette circonstance pour s’occuper eux-mêmes de la correction et pour apporter au texte, de leur autorité privée, de notables modifications. Le frère Méallet recouvra la santé; et, voyant les changements qu’avaient subis les règlements, à son insu et contre le gré des frères qui les avaienl votés, il rompit avec les chefs du rite, et forma une loge misraïmite indépendante, sous le titre d’Osiris. Cette loge n’eut toutefois qu’une seule séance ; on négocia, et le frère Méallet vint reprendre sa place de vénérable dans la loge de l'Arc-en-ciel.

Bossu le donne également à partir de 1818 comme chevalier de l'Ordre du Temple où il occupa diverses hautes fonctions vers 1824.

L'ORIGINE DE L'ADOPTION.

CANTIQUE D'ADOPTION.

Air : Quand l'Amour naquit a Cythère.

 

On nous assure qu'à Cythère,
L'Amour, pour la première fois,
Avec les Grâces et sa mère,
Ensemble ont rédigé nos lois.
Cupidon était Vénérable,
Et présidait l'adoption :
Des Ris, des Jeux, la troupe aimable
Formait la Loge d'union.

 

On admit d'abord le Mystère,
La Bienfaisance et la Candeur ;
La Volupté fut secrétaire,
La Décence fut orateur.
Aux lieux où les Grâces résident,
Toujours on trouve la Gaîté ;
Telle est la Loge que président
Amour, Décence et Volupté.

Tous les dieux bientôt de Cythère
Veulent partager les travaux,
Chaque jour Récipiendaire,
Frères, Prosélytes nouveaux ;
Oubliant le dieu qui préside,
On dit que l'austère Raison
Vint même cacher son égide
Sous un tablier de Maçon.

 

Les Muses, le dieu du Génie,
Mènent les beaux-arts dans ces lieux ;
On en exclut la Jalousie,
L'Orgueil, le mensonge odieux ;
Quand les poisons de l'Imposture
Sur les Frères sont répandus,
Ils ne répondent a l'injure
Que par leurs mœurs et des vertus.

Par le Frère Alex. MÉALLET,

Officier dignitaire de la Respectable Loge des Amis Indivisibles, 
à l'Orient de Paris. 

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