Les charmes de la maçonnerie

Cliquez ici pour entendre un MP3 de cet air, d'après cette page du site NEUMA.

 

Ce cantique, dont l'incipit est Ah ! que de plaisir dans la vie, figure aux pp. 120-1 de la Lyre maçonnique de 1813. On le retrouve (pp. 19-20) dans La Lyre des Francs-maçons de 1830.

Voir ici sur l'air Ah, que de chagrins dans la vie.
 


Armand-Séville, d'après une gravure de Marlet 

L'auteur, Armand-Séville, est désigné ici comme Souverain Prince Rose-Croix et comme l'Orateur titulaire de la Loge parisienne des Admirateurs de l'Univers. Il est aussi l'auteur de couplets en l'honneur d'Henri IV, chantés lors du Banquet de la Fête de l'Ordre du Suprême Conseil d'Amérique, le 27 décembre 1815.

En 1825, la Chronique Indiscrète Du Dix-Neuvième Siècle le donne comme employé aux Droits-réunis et comme membre de l'état-major de l'Ordre du Saint-Sépulcre (précisément dirigé par Chevallier, qui était le Vénérable des Admirateurs de l'Univers).

Il fut (seul ou en collaboration) chansonnier, vaudevilliste (Le Quaterne, 1801) et polygraphe (notamment grammairien). Il édita en 1814 le Chansonnier des Joyeux ; sous Louis XVIII, il était membre des Soupers de Momus. En 1834, il fut un des fondateurs de la société chantante des Enfants du Caveau

En 1832, le Nouveau Dictionnaire des Girouettes, qui le surnomme le Chevalier de Malte, ironise férocement (p. 50) sur les volte-face de sa courtisanerie, citations à l'appui.

Dans un almanach de 1820, on le trouve successivement comme Armand-Séville (le chevalier), membre de la société académique des sciences de Paris, et comme Armand de Séville, de plusieurs académies, secrétaire-général de l'ordre et archi-confrairie des chevaliers du St-Sépulcre de Jérusalem.

Changement de siècle, changement de ton

Au XVIIIe, les bienfaits prodigués par la maçonnerie sont à l'usage interne de la Loge, dont ils ne dépassent pas les murs. Le monde extérieur n'est pris en compte qu'exceptionnellement, par exemple pour fêter les événements heureux touchant la famille royale ; bien sûr aussi, on satisfait en permanence à ses obligations de philanthropie, en distribuant ponctuellement des soulagements à quelques malheureux. 

Mais la préoccupation du bonheur de l'humanité, considéré de manière générale, n'apparaît qu'au XIXe. On peut en voir une première manifestation dans ce cantique, où l'amour pour tout le genre humain pousse, non seulement à tâcher d'adoucir le destin du malheureux, mais aussi à travailler sans cesse pour le bonheur du genre humain. De telles exhortations sont exceptionnelles au XVIIIe, où on ne les trouve (à notre connaissance) que chez Le Bauld à Berlin.

On peut constater sur ce site, à de multiples pages, que le chansonnier du XIXe va marquer une constante accentuation de cette tendance.

Comme l'écrit en effet P.-Y. Beaurepaire dans Franc-maçonnerie et sociabilité (Edimaf 2013), p. 149) :

De 1789 aux années 1820, la transition révolutionnaire a entraîné par vagues d'ampleur inégale le départ des conservateurs et des modérés des loges, laissant le champ libre au débat jusqu'ici inimaginable sur la participation des francs-maçons ès-qualités à l'espace et au débat publics, et conduisant par étapes à l'émergence d'une frange maçonnique radicale engagée dans les combats de la cité.

             

Les charmes 

de la maçonnerie,

 

cantique.

 

 

 

air : Ah ! que de chagrins dans la vie !

 

Ah ! que de plaisir dans la vie,
Et quelle satisfaction,
Lorsque de la Maçonnerie
On suit la douce impulsion ! (bis)
Pénètre-nous de tes célestes flammes,
Douce amitié, flambeau divin,
Inspire-nous, et viens remplir nos âmes
D'amour pour tout le genre humain.

 

 

 

 

A tout Maçon donnons l'exemple
Par notre travail assidu ;
Que les bases de notre temple
Soient la Sagesse et la Vertu :
Du malheureux, par des soins salutaires,
Tâchons d'adoucir le destin ;
Sans cesse enfin travaillons tous, mes Frères,
Pour le bonheur du genre humain.

 

 

 

 

Après un travail profitable
Il est doux de se reposer;
Et dans un banquet agréable
Le Maçon vient fraterniser :
A l'amitié, dont toujours il fait gloire,
Il consacre encor ce festin,
Et son bonheur, son bonheur est de boire
A la santé du genre humain.

 

Par le Frère Armand Séville,

Souverain Prince Rose-Croix Orateur titulaire de la Respectable Loge des Admirateurs de l'Univers, Orient de Paris. 

 

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