Le faux et le vrai Maçon
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Cette chanson, qui occupe les pages 236 à 238 de La Lire Maçonne, se chante sur le même air (celui dit de la devise) que les deux précédentes, la devise du maçon (pp. 232-3) et science du maçon (pp. 234-5), chansons dont le sujet est d'ailleurs très voisin.
A l'édition de 1787, la chanson est ramenée sur deux pages (pour faire place, à la p. 238, à une chanson nouvelle) et le nom de Vignoles n'est plus indiqué (mais il est mentionné par le même Frère, ce qui revient au même).
Cette chanson est une véritable leçon de morale maçonnique et évoque les qualités qui font le vrai maçon : simplicité, probité, égalité, démocratie (cfr. couplet 6 : le maçon se soumet à des lois, pourvu qu'il les ait lui-même établies : que la loi qu'il doit tenir soit son ouvrage), libre débat (cfr. couplet 7 : la parole est libre, toute idée pouvant être énoncée et, pourvu que ce soit avec des gants et dans le respect de l'autre, débattue ; cette position très moderne tranche quelque peu avec l'espèce d'unanimisme prôné dans d'autres chansons de l'époque). Rares sont les chansons de cette période qui évoquent avec autant de précision les comportements découlant des valeurs maçonniques.
Comme d'autres du XVIIIe et du XIXe, la chanson oppose les traits positifs prêtés aux maçons et les traits négatifs qu'ils doivent éviter.
L'avant-dernier vers, Sans Roi mais sans inférieur, peut étonner à un moment où les chansonniers sont remplis de protestations de dévouement au Roi. Mais nous sommes dans les Provinces-Unies, qui constituent, non un Royaume, mais une République, et Vignoles, Français établi en Hollande, manifeste ici qu'il a bien intégré l'esprit démocratique de leurs institutions. D'autres chansons de la Lire - sans doute de provenance plus française - évoquent, plus classiquement, dans le vrai maçon un sujet fidèle à son Roi.
La même chanson sera récupérée en 1768 par la Lyre maçonne ou recueil choisi des plus jolies chansons dédiées à M. le M... de G... (ndlr : Marquis de Gages) Grand-Maître des Loges jaunes dans les Pays-Bas, pp. 186-9, avec de légers changements (remplacement de sa franchise par la franchise), le même titre et sans mention ni d'auteur ni d'air.
On la retrouvera en 1806 dans la Muse maçonne, pp. 142-4, avec le même titre et la signature de Vignoles
LE FAUX ET LE VRAI MaçON Par le Fr. de Vignoles Sur l’Air précèdent. 1 Qui veut du titre de Maçon 2 Affecter les airs souverains 3 Penser que les
honneurs sont dus |
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4
Bannir l'aimable égalité 5 Se faire un code, avoir
des lois, 6 Le Maçon prétend
obéir 7 S'il ouvre quelque
sentiment, |
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8
Récompense-t-on ses
talents ? 9 Les Maçons sont égaux entre eux |