La lire maçonne

 

La lire maçonne est un chansonnier maçonnique publié aux Pays-Bas à plusieurs reprises, pour la première fois en 1763 et la dernière en 1787. Des quelques rares chansonniers francophones du XVIIIe publiés avec les partitions, c'est de loin le plus volumineux.

La Lire maçonne, ou Recueil de chansons des francs-maçons,

 revu, corrigé, mis dans un nouvel ordre & augmenté de quantité de chansons qui n'avoient point encore paru ;

 par les frères de Vignoles et Du Bois

avec les airs notés, mis sur la bonne clef, tant pour le chant que pour le violon & la flute. 

Les auteurs estiment que dans leur ouvrage l'utile est mêlé avec l'agréable, et le sérieux diversifié par le badin, sans blesser les lois de la décence. Ils sont également très fiers d'annoncer qu'un certain nombre des chansons sont en Hollandois.

Vignoles  

Sur Vignoles (qui fut de 1768 à 1774 Grand Maître Provincial pour l’étranger de la Grande Loge d’Angleterre, mais qui n'a pas la réputation d'un personnage très recommandable), on lira avec intérêt l'article de Wonnacott, de Vignoles and his Lodge "L'immortalité de l'Ordre" paru dans la revue Ars Quatuor Coronatorum (vol. 34, 1921, p. 132), ainsi que l'article THE ENGLISH PROVINCIAL GRAND LODGE OF AUSTRIAN NETHERLANDS AND ITS GRAND MASTER,THE MARQUIS DE GAGES publié en 1912 par Goblet d'Alviella dans le vol. 25 de la même revue, particulièrement en sa p. 46.

Dans son article More about de Vignoles Grand Master for Foreign Lodges paru dans Ars Quatuor Coronatorum (vol. 96, 1983, p. 211-218), E.E. STOLPER estime que De Vignoles (dont le véritable nom était sans doute Jean Joseph Joniot) était un individu bien remarquable. Il est certain qu'il était égoïste, quasi mégalomane, et son caractère était très complexe ce qui lui créa de nombreuses difficultés ... De Vignoles était sans aucun doute un homme compétent, et si l'on tient compte qu'il est mort dans la misère, c'était un escroc incompétent.

Dans son article Quand les francs-maçons signent des traités diplomatiques : circulations et échanges maçonniques entre France et Angleterre (1765-1775), Pierre-Yves Beaurepaire évoque sa vénalité et ses abus de pouvoir qui devaient le rendre tristement célèbre parmi les francs-maçons et conduire à sa radiation de l’ordre.

Du Bois

J. P. J. Du Bois avait déjà publié en 1762, en édition bilingue néerlandais-français, Les Devoirs, statuts, ou reglemens generaux des francs maçons ; Mis dans un nouvel ordre, & approuvés par la Grande Loge des Sept Provinces Unies des Pais-Bas qui est une adaptation locale des Constitutions d'Anderson.

Ce quatrain signé de Du Bois sert de frontispice à ses Devoirs, statuts, ou reglemens generaux des francs maçons.

La Loi des Francs Maçons, prescrite dans ce Livre,
De leur fameux Secret montre l'utilité ;
Leur Art est difficile, il enseigne à bien vivre ;
Mais il fait leur Plaisir & leur Félicité !

Il y prévoit (p. 51) que Pendant le Soupé, on boira les Santés publiques, & avant, de même qu'après chaque Santé, il sera permis de chanter une Chanson Maçonne, avec l'accompagnement des meilleurs Instruments de Musique. On peut lire ici qu'il était en 1774 Grand Secrétaire de la Grande Loge des Provinces Unies et également chancelier de l'Ordre Sublime des Chevaliers Grands Elus.

Du Bois sera également l'auteur en 1773 d'une Muse maçonne.

Quatre éditions 

Nous connaissons pour notre part quatre éditions de La Lire. Voir ici à la table des matières pour l'analyse détaillée de leurs différences.

I.

     

II.

Frontispice et dédicace (complétée manuscritement, ici à la Loge l'Union Royale) de l'édition 1763. Cette édition, contenant déjà 362 pages de chansons (en sus de tables, numérotées 363 à 384, et d'un ensemble de préfaces, errata, ... numéroté séparément), est rare. 

La Bibliothèque municipale de Lyon en détient un exemplaire sous la cote Bibliothèque municipale de Lyon B.511869 et nous a obligeamment autorisé à faire usage sur ce site des clichés (crédit photographique Bibliothèque municipale de Lyon, Didier Nicole) qu'elle nous en a fournis, clichés que nous avons adaptés pour les mettre aux normes du présent site.

Frontispice de l'édition 1766, qui contient 516 pages. De nombreuses chansons ont été ajoutées, et l'ordre de succession est quelque peu différent. La gravure (inversée) a été refaite.

La dédicace est maintenant aux Très Respectables, très Honorables, très dignes et très chers Frères, sans plus de place vide pour désigner à la ain une loge particulière.

La plupart des pages reproduites sur ce site l'ont été à partir de cette édition. (NB : cette édition est désormais en ligne chez Google Books)

Le supplément 1765

Beaucoup ignorent l'existence d'un stade intermédiaire entre les deux premières éditions ci-dessus, celles de 1763 et 1766 : en 1765 est paru un supplément qui (après une préface numérotée 3 à 6 et une table) contient, numérotées de 363 à 518, 156 pages de chansons supplémentaires. Celles-ci ne constituent qu'une partie des nouvelles qui se retrouveront à l'édition 1766. Beaucoup (dont toutes celles des 54 premières pages) sont en néerlandais. La mise en page est très aérée, et les chansons occupent dès lors plus de place qu'elles ne le feront dans l'édition 1766.

Google a mis en ligne une reliure contenant à la suite l'édition 1763 et le supplément 1765.

III.

IV.

frontispice de l'édition 1775. Elle contient les mêmes chansons que la précédente, mais avec quelques minimes différences dans l'orthographe (modernisée), la mise en page, les culs-de-lampe et autres ornementations, ainsi que, parfois, dans les textes, comme on le voit à un exemple. Le nombre de pages est inchangé (516). Cette édition est également en ligne.

frontispice d'un exemplaire de 1787, celui de la bibliothèque de la Grande Loge de France. Des chansons ont encore été intercalées ou ajoutées en fin de volume, dont le nombre de pages passe à 536.

Cette édition de 1787, qui est elle aussi en ligne, peut être considérée comme quelque peu bâclée : les chansons nouvelles sont d'inégale qualité, et ne sont pas toujours dépourvues d'erreurs.

à gauche, un exemplaire de la Loge amstellodamoise La Bien Aimée.

à droite : bel exemplaire de l'édition 1775 (visible à l'exposition la Franc-Maçonnerie et l'Europe qui s'est tenue du 22 mai au 18 juin 1993 à Bruxelles).

  

détail du frontispice :

à gauche, exemplaire de 1763 ; la gravure (inversée) sera recopiée aux éditions suivantes :

à droite, exemplaire de 1787 ; on reconnaît le nom du graveur, Frère Boily (peut-être Charles-Ange, 1736?-1813). 

Table des matières du recueil 

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