l'Arbeiterchor de Liszt

En cliquant ici, vous entendrez le début de cette pièce, interprétée par Dietrich Fischer-Dieskau et le Nederlands Kamer Koor dirigé par Uwe Gronostay, avec Rudolf Jansen au piano (CD Globe GLO5070 Chöre und Lieder von Liszt und Rheinberger)

En cliquant ici, vous en entendrez un extrait avec les deux derniers vers (en grasses ci-dessous), dans l'interprétation du Honved Ensemble Male Chor dirigé par Andras Toth, avec Gergely Boganyi au piano (CD Hungaroton HCD 31923)

 

Johann Philipp Kaufmann (1802-1846)

Selon Philippe Autexier dans la Lyre Maçonne (p. 280), lors de la réception du poète Philipp Kaufmann, le 25/9/1843, à la Loge de Solingen Prinz von Preußen zu den drei Schwertern (Prince de Prusse aux Trois Epées), Liszt, qui était son ami, prit la parole pour souhaiter que le nouvel initié écrive des poèmes pour l'atelier, poèmes que lui-même mettrait en musique en guise de souvenir durable, ainsi que de garant de sa fidélité, de sa reconnaissance cordiale et de son attachement à cette Loge (dont il avait été fait membre d'honneur quelques semaines plus tôt, le 12 août).

Kaufmann écrivit un poème sur lequel Liszt composa son Arbeiterchor, chœur d'hommes à quatre parties avec basse solo et piano. Vous en trouverez ci-dessous le texte, avec la traduction proposée par Autexier lui-même.

Selon Autexier, qui remarque que dans ce lied le piano martèle avec insistance la batterie maçonnique, celui-ci fourmille d'allusions maçonniques, notamment une allusion directe au nom de la loge ([Dieu] Qui nous donna l'acier pour l'épée et les outils). La dernière strophe évoque évidemment la thématique à la chaîne d'union

Arbeiterchor 

(texte du lied)

Herbei, den Spath und Schaufel ziert, 
Wer Grosses oder Kleines schafft,
Der Schweiss, der uns're Stirne netzt, 
Der gilt als Perlenkrone jetzt, 
Die Kraft, die uns're Nerven spannt, 
Die gilt als Schild in uns'rer Hand. 

Wir schaffen froh und unverzagt, 
So lang noch Kraft in unser'm Arm', 
Ja, wir schaffen froh und unverzagt, 
So lang das Herz noch hofft und wagt, 
So lang noch Kraft in unser'm Arm', 
So lang das Blut noch roth und warm, 

So lang noch eine Esse braust, 
So lange noch Mühlrad pocht, 
Das Vaterland ist unser Feld, 
Von unsern Händen wird's bestellt, 
Von unsern Herzen wird's bewacht 
In Frost und Gluth, bei Tag und Nacht. 

Die Freiheit bleibt ein Hammer fest, 
Den, keiner mehr aus Händen lässt, 
Ja die Freiheit bleibt ein Hammer fest, 
Den keiner mehr aus Händen lässt, 
Ein Ambos bleibt sie für und für, 
D'rauf pochen wir, ja pochen wir.

Und jedes Werk sei Gott vertraut, 
wer auf ihn baut, hat wohl gebaut, 
Wer Stahl zum Schwerdt und Werkzeug gab, 
Blickt jetzt segnend auf uns herab. 
Der Stahl zum Schwerdt und Werkzeug gab, 
Blickt jetzt segnend auf uns herab. 

D'rum schliesst den grossen Bruderbund, 
D'rum schliesst den grossen Bruderbund, 
Den Bund an Mund, und Mund an Mund. 
Ein Vater sieht vom Himmel d'rein. 
Wir sollen alle Brüder sein, 
Alle Brüder, ja alle Brüder sein. 

Choeur des travailleurs

(traduction libre empruntée à Autexier)

Avancez, vous qui portez la pelle et la bêche, 
vous qui arborez la plume et l'épée, 
vous qui, avec persévérance, courage et force, 
accomplissez une tâche modeste ou grandiose ! 

La sueur qui baigne nos fronts 
maintenant forme une couronne de perles, 
la force qui nous anime 
est un écu dans notre main. 

Joyeux et intrépides nous travaillerons 
aussi longtemps que le cœur espérera et osera, 
que la force sera dans nos bras, 
que le sang sera rouge et chaud, 

que la forge résonnera, 
que le fuseau sifflera ; 
que le chaudron bouillira, 
que la roue du moulin battra. 

La patrie est notre terrain 
que nous cultivons de nos mains, 
que nous protégeons de nos cœurs, 
hiver comme été, de jour comme de nuit. 

La liberté demeure solide comme un marteau 
que personne ne lâche des mains, 
elle ne cesse d'être une enclume 
sur laquelle nous battons, que oui, nous battons.

Et que chaque ouvrage soit confié à Dieu ;
qui bâtira sur lui aura bien bâti. 
Celui qui a donné l'acier pour l'épée et les outils 
jette son regard de bénédiction sur nous maintenant.

Formez ainsi la grande alliance fraternelle, 
de cœur à cœur, de lèvre à lèvre ; 
un père du haut du ciel regarde ici-bas, 
nous devons tous être des frères. 

Pour en savoir plus ...

... sur Liszt maçon et son Arbeiterchor, on lira également avec intérêt l'article de Bruno Moysan, Liszt et la franc-maçonnerie, dans le n° 565 (mars-avril 2010) de la revue L'éducation musicale, numéro qui consacre un riche dossier de 30 pages au thème Musique et franc-maçonnerie

   

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