Le poète-chansonnier-compositeur maçon Edouard Vicq (1819-1886) de Saint-Mihiel est l'auteur en 1869 de Cent Chansons.

Nous avons trouvé, aux pages 231 à 233 de ce recueil (qui est disponible sur le site de la BNF), ces ironiques considérations sur les mérites comparés du baptême (on dit à présent l'Adoption) des enfants de maçon et du baptême catholique. Cette chanson témoigne de la tension croissante, à l'époque, entre l'Eglise catholique et la maçonnerie française.

Nous n'avons aucune indication sur la partition, qui ne fait pas partie des 61 du recueil qui ont été publiées chez M. Benoit, éditeur de musique à Paris.

Chère voisine écoutez-moi, 
Je suis encor tout en émoi. 
Hier, mon cousin Nicodême 
M'a conduite voir un baptême 
Dans la loge des Francs-Maçons ; 
Quelles scandaleuses leçons !
Non, ce n'est pas dans nos saintes églises 
Qu'en baptisant on voit de pareilles sottises.

Le croiriez-vous, ces mécréants 
Ne baptisent pas les enfants 
S'ils n'ont point encore atteint l'âge 
Auquel on comprend le langage 
Du bon sens et de la raison, 
Dieu, que c'est bête un Franc-Maçon !
Non, ce n'est pas dans nos saintes églises 
Qu'en baptisant on fait de pareilles sottises.

ils disent à ces malheureux :
« Enfants, n'ouvrez jamais les yeux 
Que pour voir les douces images 
Qui, rendant vertueux et sages, 
Forment un cœur honnête et bon. » 
Dieu, que c'est bête un Franc-Maçon !
Non, ce n'est pas dans nos saintes églises 
Qu'en baptisant on dit de pareilles sottises.

« Que vos oreilles, chers enfants, 
Se ferment aux propos méchants ;
Que de vos bouches, même en songe, 
Ne sortent jamais un mensonge 
Un mot de haine ou trahison. » 
Dieu, que c'est bête un Franc-Maçon !
Non, ce n'est pas dans nos saintes églises 
Qu'en baptisant on dit de pareilles sottises.

« Que vos pieds aujourd'hui, demain, 
Suivent toujours le droit chemin ;
Que vos mains s'ouvrant à vos frères, 
Les soulagent dans leurs misères ;
Charité, c'est notre blason. » 
Dieu, que c'est bête un Franc-Maçon !
Non, ce n'est pas dans nos saintes églises 
Qu'en baptisant on dit de pareilles sottises.

Et pour comble d'impiété, 
Ils leur prêchent la liberté, 
L'amour de tous, la tolérance, 
L'oubli des torts, la bienfaisance, 
Puis enfin, mille horreurs sans nom. 
Dieu, que c'est bête un Franc-Maçon !
Non, ce n'est pas dans nos saintes églises 
Qu'en baptisant on dit de pareilles sottises.