Frédéric Le Miere de Corvey

Jean-Frédéric-Auguste Lemière de Corvey (1771-1832), officier sous la République et le premier Empire, écrivain militaire, est surtout un compositeur et arrangeur (La Dame du lac et Tancrède de Rossini).

L'article de Marie-Claire Le Moigne-Mussat, L'activité lyrique des théâtres en Bretagne sous la Révolution (1794-1796), mentionne (p. 293) qu'il est le fils de Jean-François-André Le Mière (les initiales sont les mêmes), qui lui aurait transmis ses idées favorables à la Révolution. Elle donne ces autres renseignements :

De 1791 à 1815, il va mener une double carrière de militaire et de compositeur signant J.F.A. Lemière, fédéré breton des œuvres au titre évocateur : Hymne funèbre en l'honneur de nos frères morts pour la Liberté, La Révolution du 9 Thermidor faisant suite à la Révolution du 10 août, Chant de Guerre (Delenda est Carthago), La Mort à tout esclave anglais.

Cette filiation est également mentionnée par Marie-Françoise Bastit-Lesourd dans l'article qu'elle a consacré à Jean-Marie Raoul.

Des partitions sont accessibles sur le web.

Voici ce qu'en dit Fétis dans son T. 5 :

LEMIÈRE DE CORVEY (Jean-Frédéric-Auguste), compositeur, né à Rennes, en 1770, apprit la musique dans son enfance à la maîtrise de l'église cathédrale de cette ville, et fit, fort jeune encore, quelques essais de composition pour le piano et le violon, sans avoir fait d'études d'harmonie. Engagé comme volontaire dans un bataillon républicain de la Vendée, il se fit remarquer par l'exaltation de ses opinions, fut nommé sous-lieutenant, et se rendit à Paris le 10 août 1792. Il prit alors quelques leçons d'harmonie chez Berton, et fixa bientôt sur lui l'attention publique par la bizarrerie d'une de ses premières compositions ; il avait mis en musique un article du Journal du soir sur la sommation faite à Custines de rendre Mayence, et sur la réponse de ce général ; ce morceau fut publié en 1793, et eut un succès de vogue. En 1792 il avait donné au théâtre Montansier Les Chevaliers errants, petit opéra en un acte, qui avait été peu remarqué ; peu de temps après il partit pour la Belgique, où il servit comme aide de camp du général Thiébault, qui, grand amateur de musique, l'avait attaché à sa personne, à cause de ses talents. De retour à Paris en 1794, il y fit représenter quelques opéras, dont plusieurs furent bien accueillis par le public. Pendant les années 1796 et 1797 il suivit son général en Allemagne, et y fut blessé. Le traité de Campo-Formio le ramena à Paris, et le fit rentrer dans la carrière de la composition dramatique. L'attachement qu'il avait pour le général Moreau le fit éloigner de cette ville par le gouvernement consulaire. Il vécut en Provence jusqu'en 1806 ; mais alors il obtint de reprendre du service actif, et fit les campagnes de Prusse et de Pologne. Puis, en 1808, il alla en Espagne, et servit pendant toute la guerre de la Péninsule jusqu'en 1814, où il fut mis à la retraite avec le grade de lieutenant-colonel : précédemment il avait été fait chevalier de la Légion d'honneur et du Mérite militaire. Après le retour de Napoléon en 1815, il reprit son épée, et fit la campagne de Waterloo : ce fut la dernière. Craignant des persécutions à cause de ses anciennes opinions républicaines, il se tint dans la retraite pendant les premiers temps de la seconde restauration ; mais en 1817 il revint à Paris, et s'y livra de nouveau aux travaux de la composition, écrivit pour le théâtre, n'y obtint pas de succès, et finit par tomber dans un état voisin de la misère; car sa pension de retraite était insuffisante pour son existence et celle de ses deux filles. Dans les derniers temps de sa vie, il était obligé de corriger des épreuves de musique pour vivre. Il est mort à Paris, du choléra, le 19 avril 1832, à l'âge de soixante-deux ans. Malgré l'activité de sa carrière militaire, Lemière a beaucoup écrit pour le théâtre et pour la chambre. 

Fétis donne et commente ensuite une liste d'oeuvres, dont Andros et Almona (il en dit que de tous les ouvrages de Lemière, c'est celui qui a eu le plus de succès et qui avait le plus de mérite) et Le Congrès des Rois, en collaboration avec plusieurs autres compositeurs.

 

Le fichier Bossu le donne comme membre de l'Ordre du Temple (c'est sans doute via la Loge des Chevaliers de la Croix), mais nous avons trouvé trace d'une activité maçonnique bien antérieure : on voit ci-contre qu'en 1802, se trouvant capitaine-aide-de-camp du général Ménard, il était Maître des Cérémonies (et également Architecte) de la Loge (militaire) des Amis Fidèles à l'Orient du 5e Régiment d'Artillerie à cheval, alors cantonné à Besançon, dont il avait été chargé de rédiger le Règlement.

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