Pierre Gaveaux

 En cliquant ici, vous entendrez son Hymne patriotique intitulé Le réveil du peuple, interprétée par G. Friedmann (ténor), extrait du double CD Bicentenaire de la Révolution française (Accord 200282)

 

Pierre Gaveaux (1761-1825) fut sous la Révolution et l'Empire un chanteur très apprécié, également auteur de nombreux opéras.

De nos jours, on s'en souvient surtout comme compositeur, le 19 janvier 1795, du Réveil du peuple .

Dans son Tome 3, Fétis consacre à Gaveaux la notice suivante :

GAVEAUX (Pierre), acteur de l'Opéra-Comique et compositeur dramatique, naquit à Béziers (Hérault), au mois d'août 1761, et non en 1764, comme il est dit dans le Dictionnaire des musiciens de Choron et de Fayolle. A l'âge de sept ans, il entra comme enfant de chœur à la cathédrale de sa ville natale. Sa voix était jolie ; cet avantage lui fit confier pendant près de dix ans l'exécution des solos dans tous les motets. Destiné à l'état ecclésiastique, il apprit le latin et fit sa philosophie. Parvenu à l'âge de dix-sept ans, il désirait aller à Naples pour y acquérir des connaissances plus étendues dans la musique ; mais l’évêque de Béziers le retint par la promesse d'un bénéfice. La mort de ce prélat dérangea les projets de Gaveaux, et lui fit accepter une place de premier ténor à la collégiale de Saint-Séverin de Bordeaux. Arrivé dans cette ville, il se mit sous la direction de François Beck pour apprendre la composition. Combès, organiste de la cathédrale de Béziers, lui avait autrefois donné quelques leçons de cet art ; mais Gaveaux n'était âgé que de douze ans lorsqu'il perdit ce maître, et depuis lors il avait été abandonné à lui-même. Il fit exécuter à Bordeaux quelques motets qu'il avait composés sous les yeux de Beck, et le succès qu'ils obtinrent décida de sa vocation pour la musique. Tout à coup il quitta le petit collet, et s'engagea comme ténor au théâtre de Bordeaux. Il y débuta avec succès, puis se rendit, en 1788, à Montpellier, où il ne fut pas moins heureux. Après avoir voyagé dans le midi de la France, il lut appelé à Paris, en 1789, pour chanter le premier ténor au Théâtre de Monsieur, qui était alors aux Tuileries. Quelque temps après, la troupe de ce théâtre alla jouer avec les bouffons italiens à la foire Saint-Germain ; pendant ce temps on construisait la salle Feydeau, qui ouvrit le 6 janvier 1791, et dans laquelle les deux troupes d'Opéra italien et français furent réunies.

Depuis lors, Gaveaux n'a plus joué et chanté que dans cette salle. A la réunion des deux troupes d'Opéra-Comique des théâtres Favart et Feydeau, en 1801, Gaveaux devint sociétaire de cette nouvelle compagnie, mais il n'y occupa plus qu'une position inférieure à celle qu'il avait eue jusqu'alors, comme chanteur et comme compositeur, car le genre de musique qui avait été en vogue depuis dix ans subit alors de notables modifications, et le chant de Gaveaux n'avait pas le charme de celui d'Elleviou et de Martin. Une atteinte d'aliénation mentale l'obligea à quitter la scène, en 1812.

Rendu à la raison après un traitement de quelques mois, il parut guéri pendant plusieurs années ; mais une nouvelle atteinte survint en 1819, et cet artiste, retiré dans une maison de santé près de Paris, mourut le 5 février 1825, dans un état de démence complète.

Pendant sa carrière dramatique, Gaveaux écrivit pour le Théâtre Feydeau beaucoup d'opéras où l'on remarque une certaine facilité de style et un bon sentiment de la scène, mais qui laissent désirer plus d'originalité dans les idées. La liste de ses opéras renferme les ouvrages dont les titres suivent :

suit une liste de 35 oeuvres, où l'on note :

17° Léonore, ou l'Amour conjugal, en trois actes, 1798. Cet ouvrage, le meilleur que Gaveaux a écrit, a fourni le sujet du célèbre opéra de Beethoven connu sous le nom de Fidelio.

Gaveaux a publié un recueil de Canzonettes italiennes dédiées à Garat, Paris, 1800, et un recueil de romances françaises.

Comme chanteur, Gaveaux s'est distingué dans les premiers temps de sa carrière dramatique par une voix agréable, légère et facile, par la chaleur et l'expression dramatique. Excellent musicien, il guidait les autres acteurs dans les morceaux d'ensemble, et communiquait beaucoup de verve à l'exécution. Dans les dix dernières années de sa vie théâtrale, sa voix avait perdu son timbre, était devenue sourde et nasale, ce qui fut cause qu'on ne lui confia plus que des rôles de peu d'importance. Ceux qui le firent connaître avantageusement, à l'époque de ses débuts, furent Floresky, dans Lodoiska de Cherubini, Roméo de Steibelt, Delfort, dans les Visitandines. En 1804, Gaveaux fut nommé chanteur de la chapelle de l'empereur Napoléon.

Dans son article Les musiciens d'église francs-maçons à Paris 1790-1815 : l'exemple des organistes (in Renaissance Traditionnelle, n° 162, avril 2011), Pierre-François Pinaud signale qu'il fut membre des Loges l'Age d'Or de 1802 à 1804 et Anacréon de 1808 à 1820.

On voit aux couplets dont l'en-tête est reproduit ci-contre à gauche qu'il fut compositeur de cantiques maçonniques, édités par la maison qu'il tenait avec son frère (de sang), que Fétis présente comme suit :

GAVEAUX (Simon), frère aîné du précédent, né à Béziers en 1759, fut attaché au Théâtre Feydeau comme répétiteur et souffleur de musique. En 1793, il établit à Paris une maison de commerce de musique en société avec son frère. Il est auteur d'une Méthode de flageolet.

L'ouvrage mentionné est le Manuel anacréontique des Francs-Maçons de Grenier.

La lyre (à gauche) décorant la tombe de Gaveaux au Père-Lachaise n'est pas sans rappeler celle figurant à la médaille (à droite) de sa Loge Anacréon.

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