La céleste amitié

Cliquez ici pour entendre l'air de la partition reproduite plus bas

Cette chanson figure aux pages 54 à 57 du recueil d'Honoré, qui donne comme air celui de la Romance de M. de Marmontel, en s'éloignant de sa Muse. [Le texte de cette romance (dont le titre est Pétrarque partant de Vaucluse) figure - sans partition - aux pages 68 à 70 de la Petite encyclopédie poétique (Paris, 1804) de Louis Philipon de la Madelaine].

1

Vous, de la maçonnerie,
O sages instituteurs,
Qui, de notre artillerie,
Avez réglé les honneurs.
A mes chants soyez propices :
Un Temple est édifié
Sous les lois et les auspices
De la céleste amitié,
De la céleste amitié.

2

A Thalie, à Melpomène,
Que d'autres fassent leur cour :
La Muse qui nous entraîne
Est celle du tendre amour.
Tout à cet amour si vaste
Est par nous sacrifié,
Amour bienfaisant et chaste,
Douce et céleste amitié.

3

En vain, l'ignorant vulgaire
Veut sonder notre secret ;
Du Maçon, le caractère
Est d'être toujours discret :
Céler le bien qu'il peut faire,
N'en jamais faire à moitié,
Aimer tendrement son Frère
D'une céleste amitié.

4

Dans la Maçonnique lice,
Il fuit le chemin battu,
Construit des cachots au vice,
Des temples à la vertu
Enclin à la bienfaisance
Et sensible à la pitié,
Il sent en lui la présence
De la céleste amitié.

5

Présider d'aimables Frères,
Les instruire, les former,
Leur dévoiler nos mystères,
Surtout celui de s'aimer ;
Sage et Respectable Maître,
Ce soin vous est confié ;
Que de fruits vous verrez naître
De leur céleste amitié.

6

A la perpendiculaire,
Le niveau vous unirez ;
Du compas et de l'équerre,
Les sens vous leur montrerez ;
Ces bijoux sont la boussole,
De tout Frère initié,
Ils tendent toujours au pôle
De la céleste amitié.

7

Avec prudence et sagesse,
Des dessins vous tracerez ;
Avec force, avec noblesse,
Vous les exécuterez.
Pour la beauté de l'ouvrage,
Si vous êtes envié,
Vous conjurerez l'orage
Par la céleste amitié.

8

Mes Frères, je vous la jure
Avec la plus vive ardeur,
Cette amitié douce et pure,
Source de notre bonheur.
Tant que roulera la sphère,
Je serai toujours lié
Par l'amour le plus sincère
A la céleste amitié.

Honoré identifie l'auteur du texte et les circonstances de création :

Le Bihan, dans son ouvrage Loges et Chapitres de la Grande Loge et du Grand Orient de France (2e moitié du XVIIIe siècle), signale que la Céleste Amitié fut installée le 26 mai 1778.

L'auteur est évidemment l'abbé Alexandre-Guy Pingré : la Lyre des francs-maçons de 1830 reprend d'ailleurs (pp. 217-219) cette chanson en donnant explicitement L'abbé Pingré comme auteur et en ajoutant un couplet (intercalé entre le 2e et le 3e ci-dessus) :

Sur de profanes musettes
Qu'on célèbre les neuf soeurs ;
De la paix en nos retraites
Nous célébrons les douceurs :
Douceurs toujours renaissantes,
Quand on est réfugié
Sous les ailes bienfaisantes
De la céleste amitié.

Cette chanson figure également dans l'édition 1787 (pages 148 à 150) du Recueil de Cantiques du Manuel des franches-maçonnes ou la vraie maçonnerie d'Adoption. Mais ici, on propose comme air L'amant frivole et volage ou la fanfare de Saint-Cloud, avec le titre alternatif La plus belle promenade).

Le Recueil de la Loge Ernest Renan la reprend à ses pages 24 et 25, en en donnant la partition :

Le texte se retrouve, avec la mention d'air Que ne suis-je la fougère, au n° 16 de ce carnet manuscrit.

Il faut signaler que nous connaissons une autre partition pour cette romance de Marmontel, celle proposée en 1782 par Naumann dans ses Ariettes françoises.

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Retour au sommaire du Recueil de la Loge E. Renan :

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