Genius of Masonry, descend

An Ode on Masonry - Ode à la Maçonnerie

 Cliquez ici pour entendre le fichier midi de la partition ci-dessous (Bickham), séquencé par Christophe D.

 

En 1739, John Bancks (de Sunning dans le Berkshire - 1709-1751) publie à Londres, dans ses Miscellaneous Works in Verse and Prose, une Ode à la Maçonnerie (agrémentée de nombreuses notes de bas de page).

Cette Ode figurait également déjà à l'édition 1738 des Constitutions d'Anderson, où elle est le dernier des sept chants qui y ont été ajoutés par rapport à l'édition de 1723 et où il est précisé que les deux derniers vers de chaque Strophe sont un Chœur. Elle figurera encore dans l'édition 1746, mais plus dans les suivantes.

L'Ode sera reprise par la suite, notamment dans Ahiman Rezon, où nous en avons copié le texte (qui est un peu différent de l'original).

 

 

ci-contre : selon une page du site de l'Academia Lodge 847 de San Francisco, le frontispice de l'édition 1784 des Constitutions d'Anderson pourrait servir d'illustration à ces vers.

Selon François Gruson dans son article Architecture maçonnique, architecture de l’esprit, à ce frontispice le graveur Cipriani représente le temple de la Grande Loge de Londres, qui fut édifié en 1775-1776 sur les plans de l’architecte Sandby, surchargé d’outils symboliques et d’une nébuleuse apparition allégorique des valeurs spirituelles. (cette image correspond parfaitement à celle que l'on voit ici)

 AN ODE ON MASONRY.

I

Genius of Masonry descend, 
In mystic numbers while we sing; 
Enlarge our souls, the Craft defend, 
And hither all thy influence bring; 
With social thoughts our bosoms fill, 
And give thy turn to every will.

II

While yet Batavia's wealthy powers, 
Neglect thy beauties to explore; 
And winding Seine adorned with towers, 
Laments thee wandering from his shore; 
Here spread thy wings and glad these Isles, 
Where arts reside and freedom smiles.

III

Behold the Lodge rise into view, 
The work of industry and art; 
'Tis grand, and regular, and true, 
For so is each good Mason's heart; 
Friendship cements it from the ground, 
And secrecy shall fence it round.

IV

A stately dome overlooks our east, 
Like orient Phœbus in the morn; 
And two tall pillars in the west, 
At once support us and adorn; 
Upholden thus the structure stands, 
Untouched by sacrilegious hands.

V

By concord formed, our souls agree, 
Nor fate this union shall destroy; 
Our toils and sports alike are free, 
And all is harmony and joy; 
So Salem's Temple rose by rule, 
Without the noise of noxious tool.

VI

As when Amphion tuned his song, 
Even rugged rocks the music knew; 
Smooth into form they glide along, 
And to a Thebes the desert grew; 
So at the sound of Hiram's voice, 
We rise, we join, and we rejoice.

VII

Then may our vows to virtue move, 
To Virtue owned in all her parts; 
Come, candour, innocence, and love, 
Come and possess our faithful hearts; 
Mercy, who feeds the hungry poor, 
And Silence, guardian of the door.

VIII

As thou Astrea, though from earth, 
When men on men began to prey; 
Thou fledst to claim celestial birth, 
Down from Olympus winged thy way; 
And mindful of thy ancient seat, 
Be present still where Masons meet.

IX

Immortal Science too, be near, 
We own thy empire o'er the mind;
Dressed in thy radiant robes appear, 
With all thy beauteous train behind; 
Invention young and blooming there,
Here Geometry with Rule and Square.

X

In Egypt's fabric learning dwelt, 
And Roman breasts could virtue hide; 
But Vulcan's rage the building felt, 
And Brutus, last of Romans died; 
Since when, dispersed the sisters rove, 
Or fill paternal thrones above.

XI

But lost to half of human race, 
With us the Virtues shall revive; 
And driven no more from place to place, 
Here Science shall be kept alive; 
And manly talk, the child of sense, 
Shall banish vice and dulness hence.

XII

United thus, and for these ends,
Let scorn deride and envy rail; 
From age to age the Craft descends, 
And what we build shall never fail; 
Nor shall the world our works survey, 
But every Brother keeps the key.

to Arts and Sciences

ODE à la MAÇONNERIE

1

Génie de la Maçonnerie, descends 
Tandis que nous chantons en vers mystiques; 
Ouvre nos âmes, défends l'Art, 
Et mets-y toute ton influence. 
Emplis nos cœurs de pensées sociales 
Et donne à chaque esprit ta marque.

2

Alors que les riches puissances bataves 
Négligent d'apprendre tes beautés, 
Et que la Seine et ses méandres, ornés de tours, 
Pleure ton départ de ses rives, 
Etends ici tes ailes et réjouis ces Iles 
Où les Arts résident et la Liberté sourit.

3

Regarde la Loge s'élever et devenir visible 
Œuvre de l'application et de l'art ; 
Elle est grande, et régulière, et véritable, 
Car il en est de même du cœur de tout bon Maçon. 
L'Amitié la cimente sur sa base, 
Et le secret l'enveloppera.

4

Un dôme majestueux domine à l'Est, 
Tel Phoebus l'oriental au matin ; 
Et deux grands piliers à l'Ouest 
En même temps nous soutiennent et nous ornent. 
Ainsi portée la construction se dresse, 
Que nulle main sacrilège n'a touchée.

5

Faites pour la concorde, nos âmes s'accordent 
Et le destin ne détruira pas cette union; 
Nos joies et nos labeurs sont libres également, 
Et tout est harmonie et joie. 
De même le Temple de Salomon s'éleva selon la règle, 
Sans le bruit d'outils fâcheux.

6

De même que lorsqu'Amphion chanta, 
Même les rocs rugueux reconnaissaient la musique; 
Adoucis une fois mis en forme, ils glissent 
Et vers une Thèbes le désert se déplaça: 
De même, au son de la voix d'Hiram, 
Nous nous levons, nous unissons et nous réjouissons.

7

Donc puissent nos vœux nous inciter à la vertu, 
A la Vertu reconnue sous toutes ses formes : 
Venez, candeur, innocence, et amour, 
Venez posséder nos cœurs fidèles: 
Pitié qui nourrit les pauvres affamés, 
Et le Silence, gardien de la porte.

8

Et toi, Astrée, même si, revendiquant ta divine naissance,
Tu as fui la terre
Au moment où l'homme devint une proie pour l'homme,
De l'Olympe descends d'un coup d'aile, 
Et attentive à ton ancien séjour, 
Sois encore présente là où les Maçons se rencontrent.

9

SCIENCE Immortelle sois proche aussi, 
Nous reconnaissons ton empire sur l'esprit ;
Parais drapée de tes robes radieuses 
Suivie de tout ton train de beauté; 
La jeune invention fleurissant là, 
Ici la Géométrie à l'aide de l'Equerre et de la Règle.

10

Dans la bâtisse d'Egypte [la Bibliothèque de Ptolémée] se logeait le savoir
Et les poitrines romaines pouvaient abriter la vertu ; 
Mais le bâtiment sentit la rage de Vulcain, 
Et Brutus, dernier des Romains, mourut : 
Depuis, les sœurs dispersées errent 
Ou occupent les trônes paternels loin au-dessus.

11

Mais perdues pour la moitié du genre humain, 
Les Vertus vont revivre chez nous : 
Et n'étant plus chassées de place en place, 
Ici la Science sera maintenue en vie : 
Et le bon goût viril, enfant du bon sens, 
Chassera d'ici le vice et la bêtise.

12

Ainsi unis, et à ces fins, 
Qu'importe que le mépris nous tourne en dérision et que la jalousie raille ; 
De génération en génération l'Art se transmet, 
Et ce qui est bâti ne faillira jamais ; 
Et le monde ne verra pas nos travaux, 
Mais tout Frère garde la Clé !

aux Arts et aux Sciences

(texte français d'après Les Constitutions d'Anderson - traductions sur les textes de 1723 et 1738, par Georges Lamoine, SNES Toulouse, 1995)

Il est intéressant de lire la note de bas de page insérée par l'éditeur (en 1739, rappelons-le) à propos de cette ode :

MASONRY. A famous Art, Science, or Mystery, that, when our Author writ this Ode, was in high Repute; as it had been (according to the Records of its Institution and Progress) for many Ages before, and as it continues to be at the Time of compiling these Notes: Many Noblemen, Gentlemen, and others, in this Kingdom of England, and in all other his Majesty's Dominions, at this Day professing themselves of the Order of Free And Accepted Masons, and attending at certain Periods of Time at their several Lodges. This Order is governed by a Grand Master, (whose Title is said to be more antient and more honourable than that of the Grand Master of Malta) and two Grand Wardens, of equal Antiquity with, and second in Dignity to, the Grand Master. These are chosen annually out of the Nobility and superior Gentry of this Realm, at the Grand Festival of the Order, which is usually celebrated a Month or two before the Summer Solstice. Every inferior Lodge hath also its Master and Wardens, whose Office is semestrial, and who are elected out of the most worthy and reputable Brethren. As our Author is a Brother of the Craft, and as such will be understood by every True Adept; so he desires every one who is not so, to look upon his Poem as they would upon the Rhapsodies of an antient Priest, when treating of his Oracles, or the Secrets of his Religion. Every Word is to be accounted a Mystery in itself, and every Comment to be esteem'd heretical which is not given by the Author's own Hand, or with his Approbation, as the present, and no other extant, undoubtedly is.

La partition suivante est tirée (p. 1) du vol. 2 du Musical Entertainer de George Bickham (1737) qui lui donne pour titre The True Mason (le vrai maçon) et mentionne que la musique est de M. C. (ou T. ?) Vincent : s'agirait-il de Richard Vincent (1701-1783), compositeur d'autres chansons de ce recueil, ou d'un autre membre de sa nombreuse famille ?

Aux Illustrations of Freemasonry de William Preston, on trouve une chanson ayant le même incipit, mais un texte complètement différent.

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