Santé du Roi
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Après les délires de l'enthousiasme bonapartiste, le Grand Orient de France allait-il se trouver a quia au moment de la Restauration ?
Loin de là : il a au contraire aussitôt proclamé, vis-à-vis de Louis XVIII, autant d'indéfectible fidélité qu'il en affichait naguère envers l'Empereur (voir par exemple ce très obséquieux discours de Marconnay en 1824 à la loge de La Clémente Amitié). C'est qu'à cette époque le patriotisme est censé impliquer la fidélité, non au régime qui incarne la nation à tel moment donné, mais à l'autorité qui détient les rênes du pouvoir, pourvu que cela puisse être considéré comme légitimement - et quel pouvoir pourrait être alors considéré comme plus légitime qu'un pouvoir de droit divin ?
A la p. 18 de son ouvrage Morale de la Franche-maçonnerie, Bazot se livre en 1827 à un remarquable exercice de casuistique pour justifier ces palinodies :
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C'est donc sans état d'âme que la première santé des banquets redevient, non plus celle de l'Empereur et de son auguste famille, mais celle du roi, comme faisaient nos pères.
En témoigne ce cantique, qui figure au Manuel du franc-maçon de Bazot dans sa 3e édition, de 1817.
Il a cependant disparu de la sixième, de 1835. L'amour idolâtre affiché à la Restauration n'était peut-être plus de mise sous Louis-Philippe ?
Il s'agit en tout cas d'une des dernières manifestations d'un attachement servile à la personne royale, qui apparaît comme d'autant plus indécent si l'on se réfère à celui porté naguère à Napoléon.
On verra plus tard que la fonction du Chef de l'Etat sera honorée plutôt que sa personne.
Voir l'air.
On remarquera que le dernier vers comme l'étaient nos pères fait référence au texte de la chanson d'origine, comme faisaient nos pères.