Mastiquons

 

La première édition datée de cette chanson de Désaugiers.se trouve (pp. 129-132) dans la Lyre maçonnique de 1811, avec la mention Cantique de Banquet chanté à la Loge de la Parfaite Réunion à l'Orient de Paris et l'indication d'air du vaudeville final de Madame Scarron. On la trouve aussi (pp. 3-6) sous le titre Ronde maçonique dans le recueil (non daté) Cantiques de quelques Frères de la Respectable Loge de la Parfaite Réunion.

Mais c'est du recueil d'Orcel que provient (pp. 46-8) l'édition reproduite ci-dessous.

Mastiquons

 

Chanson de Banquet, par Désaugiers.

 

Air : Balayons, Nettoyons.

 

Refrain et choeur.

Mastiquons (bis) ; Comus nous appelle,
Chargeons, alignons
Barriques, poudres et canons ;
 Saisissons (bis) et pioche et truelle ;
Ne tarissons point,
Et cimentons notre embonpoint.

 

Déja le feu des étoiles
Sur nos tuiles vient briller ;
Chers Frères, doublons de voiles,
Il est temps d'appareiller.
Un ciel pur et sans nuages
Au port nous conduira tous,
Puisqu'au sein des orages
ll ne pleut pas pour nous.

Mastiquons, etc., etc.

 

Si les saints murs de ce Temple,
A tout profane inconnus,
Chaque jour offrent l'exemple
Des plus touchantes vertus,
C'est qu'amis de tous les hommes,
Avec eux nos nœuds sacrés,
Tout Maçons que nous sommes,
Ne sont jamais plâtrés.

Mastiquons, etc., etc.

 

L'autre jour, plein d'un saint zèle
Pour le divin nombre trois,
D'ici je vais chez ma belle,
Et je l'embrasse trois fois.
De ce transport qui l'étonne
Je lui donne la raison ...
Ah ! me dit la friponne,
Reste toujours Maçon !

Mastiquons, etc., etc.

 

Petite maison bien pleine
D'un petit nombre d'élus,
Était le joyeux domaine
Que Socrate aimait le plus.
Or, cet excellent usage
Qu'il faisait de sa maison,
Nous prouve que ce sage
Fut jadis Franc-Maçon.

Mastiquons, etc., etc.

 

Et toi qui, dans la matière
Obscurément engourdi,
Nas jamais vu la lumière,
Pas même au coup de midi,
Il est temps que tu t'élèves
A nos sublimes travaux ...
Arme-toi de nos glaives,
Marche sous nos drapeaux !

Mastiquons (bis), Comus nous appelle ;
Chargeons, alignons
Barriques, poudres et canons ;
Saisissons (bis) et pioche et truelle,
Ne tarissons point,
Et cimentons notre embonpoint.

Amputée de son troisième couplet (L'autre jour plein d'un saint zèle), sans doute à ce moment jugé trop peu décent, la chanson se retrouve (pp. 249-50) à la Lyre des Francs-maçons de 1830 :

Orcel mentionne pour l'air Balayons, Nettoyons. Il semblerait qu'il s'agisse d'un air peu connu utilisé par Béranger sous le titre l'Entrepreneur de Balayage et repris de ce soir-là sous son ombrage. Mais on peut lire ici (à la p. 97 des éphémères de Louis Festeau) que cette chanson (sur l'air du vaudeville de Madame Scarron) a été attribuée à tort à M. de Béranger mais qu'en fait son auteur est Festeau.

Les éditions antérieures indiquent d'ailleurs comme air celui du vaudeville de Madame Scarron (air donné sous le n° 806 par la Clé du Caveau, avec le titre alternatif du vaudeville de Madame Favart). Madame Scarron est une comédie-vaudeville en un acte de Désaugiers (précisément !) et Servière (1806), dont le personnage central est Mme de Maintenon. Voici le début du charmant texte (p. 37) de son vaudeville final, qui permet de vérifier que la métrique correspond absolument :

Célébrons ce jour mémorable,
Et comme il n'est pas
De bonnes fètes sans repas,
La gaîté nous appelle à table,
Chez l'ami Scarron
Elle est l'enfant de la maison.

Un jour deux amans fidèles
Voulant être époux heureux,
D'amour coupèrent les ailes
Pour le fixer auprès d'eux.
Pendant six mois ils s'aimèrent,
Mais bientòt l'an s'écoula,
Les ailes repoussèrent
Et l'amour s'envola.

La chorale Lefébure, colonne d'harmonie maçonnique vivante et interobédientielle tourangelle, a inscrit cette chanson à son répertoire, dans un arrangement réalisé par le Frère O, qui l'a aimablement mis à notre disposition afin que nous puissions en faire profiter d'autres amateurs : vous pouvez y accéder en cliquant ici.

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