Cantique sur la paix 

par Rizaucourt

 

Ce cantique fait partie (pp. 41-3, reproduites ci-dessous en colonne de gauche) du document Planches, discours et cantiques, à l'Occasion de la Célébration de la fête de la paix, qui a eu lieu au Grand Orient de France ... le 20 germinal an 9 (10 avril 1801), où il est annoncé comme Cantique du Frère Rizaucourt, Orateur de la Respectable Loge des Elèves de la Nature sur l'air Quand Louis me dit, ma Louise.

On remarque que la gloire d'avoir, sur les champs de bataille, créé les conditions de cette paix, est ici équitablement partagée entre Bonaparte (couplet 2) et Moreau (couplet 4).

Le couplet 3 montre que, si Rizaucourt ne coupe pas (notre éclatante lumière ne brilla jamais à tes yeux) dans la légende qui fera de Bonaparte un maçon, il contribue à créer les conditions de son accréditation (Héros, avec tes vertus, ton génie, tu peux passer pour Franc-Maçon).

Le T. 1 du Miroir de la Vérité d'Abraham, dans l'écho qu'il donne (pp. 201-213) de cette manifestation, reproduit (sans la moindre modification) ce cantique à ses pp. 211-3 avec quelques commentaires (textes ci-dessous en colonne de droite).

Le couplet 4 sera réutilisé le 23.11.1801 à la Parfaite Union de Montauban pour la 4e Santé en l'honneur de Moreau.

Par contre, en 1810, ce même couplet 4 glorifiant Moreau (alors exilé aux Etats-Unis) a évidemment disparu dans l'édition qui figure à la p. 17 du recueil de cantiques maçonniques dédiés à la Respectable loge des Amis réunis à l'Orient du 9e Régiment d'Infanterie légère à l'Orient de Longwy (1810) et qui est mentionnée par Sylvain Chimello dans son remarquable ouvrage La Fraternité en choeur (cette édition donne comme air du petit matelot ou de la pipe de tabac).

Quand Louis me dit, ma Louise est l'incipit du 2e des couplets chantés par Louise à la scène I de l'acte I de la comédie (1777) de Monvel et Dezède Les trois fermiers. On en trouve la partition aux pp. 31-3 de cette édition. Si nous comprenons bien le commentaire d'Abraham, cet air ne serait qu'une solution alternative pour un air qui aurait été composé par Laforêt.

 

      

                                

Différens cantiques ont été chantés ; mais ce qui a fait le plus de sensation, et ce qui a été couvert des plus vifs applaudissemens, a été le suivant, composé par le Très Cher Frère Rizaucourt, Orateur de la Respectable Loge des Elèves de la Nature, mis en musique et chanté par le Très Cher Frère La Foret, artiste aussi distingué par ses rares talens, que par ses vertus maçonniques. 

Privé de la musique, on peut le chanter sur l'air : Quand Louis me dit, ma Louise.

 

 

1er

Lorsque la paix ramène en France
Les ris, les plaisirs enchanteurs,
Charme pur, douce jouissance,
Volupté, règnez dans nos coeurs
Quand par-tout, avec allégresse ,
Paix, on te chante à l'unisson,
Avec quel transport, quelle ivresse
Doit te chanter le Franc-Maçon.    (bis).

 

 

2

Honneur à toi dont la vaillance
Sut nous procurer cette paix,
Accepte la reconnaissance
De tous les Francs-Maçons français ;
Bonaparte, ô puissant génie !
O héros, que nous chérissons !
Vis toujours pour notre patrie,
C'est là le voeu des Francs-Maçons.    (bis).

 

 

3

Si notre éclatante lumière
Ne brilla jamais à tes yeux,
Tu n'en es pas moins notre frère,
La lumière te vient des cieux.
Que dans la Franc-Maçonnerie,
Héros, tu te comptes ou non,
Avec tes vertus, ton génie,
Tu peux passer pour Franc-Maçon.    (bis).

 

 

4

Acceptes aussi notre hommage,
O guerrier justement vanté !
Moreau (*), la gloire de notre âge ;
Ce tribut est bien mérité.
Si, par tes talens, ta prudence
Tu nous retraças Xénophon ;
Nons l'aurions tous juré d'avance,
Te connaissant pour Franc-Maçon.    (bis).

 

 

5

Fille du ciel ! ô paix chérie !
Source du bonheur des mortels ;
En ce jour, la Maçonnerie
Ici t'élève des autels.
Ah ! de la discorde cruelle
Eteins, à jamais, les brandons,
Divine paix ! sois éternelle ;
Voilà le cri des Francs-Maçons !    (bis).

 

 

6

Envain l'Angleterre obstinée
Veut seule opposer des refus :
Tems heureux ! beau siècle d'Astrée,
Vous allez nous être rendus.
Mais tu vas abjurer la guerre,
Car dans ton sein, fière Albion,
On sait qu'il est plus d'un bon frère,
Plus d'un excellent Franc-Maçon.    (bis).

 

 

7

On n'entend plus l'airain qui tonne,
Il est arrivé ce beau jour ;
Où Minerve chasse Bellonne,
Où Mars nous quitte, sans retour.
Maintenant, sous tes doux auspices,
Paix, nous chargerons nos canons,
Ces armes servent de délices
Quand on en use en Francs-Maçons.    (bis).

 

Par le Très Cher Frère Rizaucourt

 

(*) Membre de la Respectable Loge de la Parfaite-Union, à l'Orient de Rennes.

 

 

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