Eloge du banquet maçonnique (par La Chesnaye)

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Le fascicule Discours prononcé le jour de la célébration de la fête de l'ordre, par le Frère M. de La Chesnaye, Vénérable de la Loge de Mars et Thémis, à l'Orient de Paris, datant vraisemblablement de 1806, contient également 5 pièces chantées le jour de cette fête lors du banquet de ladite Loge.

Celle-ci (figurant aux pp. 17-19), qui est la première, est précisément l'oeuvre de La Chesnaye lui-même, où il glose sur les délices du festin maçonnique, inégalable et même encore supérieur (cfr couplet 3) à celui des sept sages de la Grèce, dont la faiblesse était selon lui (mais cette opinion, contraire à celle de Delalande par exemple, lui est propre) de proscrire le vin.

Il évoque, par opposition, des drames ayant caractérisé d'autres banquets :

Il est classique d'opposer les canons du banquet maçonnique aux canons militaires ; il est plus rare, comme le fait l'auteur au premier couplet, de les opposer aux canons liturgiques, mentionnés avec une certaine condescendance.

A propos de l'air Femmes, voulez-vous éprouver ?

Le dernier banquet des Girondins, par Philippoteaux

Le Mariage de Pelée et Thétis, par Rubens

   


          

COUPLETS

cHaNTÉs

AU BANQUET DE LA. MÊME FÊTE.

 

CANTIQUE

Destiné pour la célébration de la Saint-Jean,
par la Loge de Mars et Thémis.

 

Air : Femmes voulez-vous éprouver ?

 

Enfans de Mars et de Thémis,
De nos lois francs dépositaires,
Chargez vos canons, mes amis,
Pour célébrer nos saints mystères ;
Non, ces vieux et pieux canons
Chers aux diseurs de patenôtres,
Ni ces homicides canons
Dont le bruit briserait les nôtres.

 

2

Mais ces canons, chers à Bacchus,
Fléaux de la mélancolie,
Dont le bruit attire Momus,
Et sa compagne la Folie :
D'où l’esprit s'exhale en bons mots
Où le chagrin toujours se noie,
Où l'on boit l’oubli de ses maux,
Où l'on puise à longs traits la joie.

 

3

Amis, à nos banquets joyeux
Est-il un festin préférable ?
Je dis plus : la terre et les cieux
N'en eurent point de comparable.
La Grèce vanterait en vain
Ceux où jadis fut plus d'un sage ;
Car, dit-on, ces sages du vin
Follement proscrivaient l’usage.

 

4

Paris n'aguères eut un banquet
Objet d'horreur et non d’envie,
Où ceux qu'à table on convoquait
Siégeaient sous peine de la vie ;
Où sous le nom de liberté,
Présida l'affreuse licence ;
Où comparut l’humanité
Teinte du sang de l’innocence.

 

5

L'Olympe eut un brillant festin
Pour les noces du beau Pelée :
Mais par un femelle lutin,
La fête bientôt fut troublée.
Nous craignons peu que le destin
Vienne ici toucher cette corde,
Car jour ou nuit, soir et matin,
Chez nous a régné la concorde.

 

AUX CONVIVES.

Frères chéris, vous dont le choix
M'a désigné pour Vénérable,
J'espérais que ma faible voix
Vous paierait d'un choix honorable :
Tel était mon premier projet ;
Mais ma muse hésite et balance :
De peur de rater mon sujet
Je garde un modeste silence.

                                              Par le Vénérable.

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