Chants pour l'Inauguration d'un Temple
Le Rameau d'or d'Eleusis publié par Marconis de Nègre en 1861 contient (pp. 232-244) un chapitre intitulé l'Inauguration d'un Temple qui décrit le très pompeux rituel proposé par Marconis pour cette circonstance. Ce rituel est un véritable festival de la logomachie moralisatrice qui caractérise très souvent la maçonnerie du XIXe siècle.
Il contient deux parties chantées, reproduites ci-dessous ; la première, intitulée chant d'ouverture, constitue l'ouverture de la cérémonie ; la deuxième intervient bientôt, après une Invocation au Sublime Architecte des Mondes.
Il n'y a pas de mention d'air, mais il nous semble y avoir une évidente parenté entre le dernier couplet et le refrain de ce cantique du début du siècle, qui est lui-même inspiré du Chant du départ de Mehul.
Marconis indique comme source du 2e texte les Esquisses de la vie maçonnique suisse : effectivement, les textes ci-dessous sont exactement les mêmes que ceux qui figurent en décembre 1853, sous le titre Chant d'Inauguration, aux pp. 44-46 de cette revue, avec la signature du Frère Charrière de Périgueux (il s'agit très vraisemblablement de l'Auguste Charrière que nous connaissons par ailleurs).
Ils nous semblent être un bon exemple de la religiosité de substitution qui caractérise à notre avis les conceptions maçonniques que partageait sans doute Marconis avec celui-ci, et dont cet extrait du discours de l'Orateur offre un échantillllon :
LE TEMPLE MYSTIQUE Au centre de l'espace que parcourent les astres dans leur marche régulière, s'élève le temple mystique ; le marbre, l'albâtre ou le porphyre n'en composent pas l'élégante et majestueuse architecture : ces matières sont laissées aux mortels pour construire des temples à leurs dieux imaginaires ; le temple mystique est fait d'une substance plus pure : une matière subtile, essence des éléments, compose ses colonnes qui brillent d'une douce clarté ; ici elle s'étend en longs portiques, là s'arrondit en voûtes imposantes, plus loin en coupoles hardies, ou bien elle forme un sanctuaire dont l'art ne pourrait imiter les religieuses beautés. Ce séjour est rempli d'une douce lumière qui dessine toutes les formes et charme les yeux ; des génies, armés d'épées flamboyantes, n'en défendent pas l'entrée : la douce Bienveillance, assise sous les premiers portiques, tend la main à l'être timide qui vient y implorer la Divinité pour être admis dans le sanctuaire des Grands Élus. |
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le choeur. Dieu créateur, Ame de l'univers,
une voix. Tu prête[s] au jour son disque lumineux,
le choeur. Dieu créateur, Ame de l'univers, etc. Quand le choeur a répété cette strophe, on entend gronder le tonnerre.
un apprenti. A l'Orient, j'entends gronder les
cieux ;
un maître. Craignez plutôt d'outrager l'Étemel, Après un moment de silence : Le Dieu vengeur, juste effroi des pervers, Le temple s'ouvre aux derniers bruits de la foudre; le feu sacré, dédié à la fraternité, brûle sur l'autel.
un maître. Dieu d'Hiram, que notre bouche implore,
le choeur. Nous l'entendons, Dieu nous appelle, etc. Les Frères entrent en semant des fleurs. un maître. Au nouvel Orient suspendons nos guirlandes,
le choeur. Celui dont le bras redoutable
le vénérable. Connaissez à quel prix du Dieu qui vous
contemple
le choeur (levant les mains vers l'autel). La fraternité nous appelle, |