Mes frères ...

Nous ne disposons pas encore de fichier midi pour la partition mentionnée, et serions particulièrement reconnaissant à qui pourrait en établir un.

Ces pages sont les pages 9 et 10 du recueil nantais intitulé Chansons et pièces fugitives par le Frère Roche en 1863.

Etre de la Saint-Jean est une expression perdue de nos jours, signifiant en général (mais il y a d'autres significations, plus flatteuses) ne pas être à la hauteur.

Jean semble d'ailleurs être à l'époque un paradigme de naïveté, comme dans l'expression Va-t-en voir s'ils viennent Jean ; et Gros-Jean est d'ailleurs lui-même le paradigme du niais.

Bien naïfs sont ceux qui (comme les maçons) prisent les vertus plus que les écus et comptent plus sur le talent que sur l'intrigue : voilà donc l'opinion commune que dénonce Roche, non sans humour. 

Un siècle et demi plus tard, n'est-ce pas toujours d'actualité ?

Barèges et Bagnères sont, dans les  Pyrénées, des stations thermales voisines.

Air : A table, à table.

 

Mes frères,
Mes frères,
Vous êtes tous de la Saint-Jean, 
Mes frères,
Mes frères,
Convenez-en. 
Faire courbette à la fortune 
N'est-ce pas la règle commune ? 
Et vous, en vrais esprits obtus, 
Vous osez priser les vertus 
Bien plus que les écus ! ... 
Mes frères,        (Bis) 
Vous êtes tous de la Saint-Jean, etc. 

Loin d'insulter à la misère 
Le pauvre est aussi votre frère, 
Pourvu qu'il soit homme de bien, 
L'on vous voit lui tendre soudain 
Votre bourse et la main. 
Mes frères,         (Bis) 
Vous êtes tous de la Saint-Jean, etc. 

Vous suivez la noble bannière 
Qui va propageant la lumière, 
Lorsque plus d'un homme nouveau, 
Redoutant son divin flambeau, 
La met sous le boisseau. 
Mes frères,        (Bis) 
Vous êtes tous de la Saint-Jean, etc. 

Pour attirer sur soi les grâces, 
Pour avoir des cordons, des places, 
Vous vous figurez bonnement 
Qu'on arrive par du talent 
Bien mieux qu'en intriguant. 
Mes frères,           (Bis) 
Vous êtes tous de la Saint-Jean, etc. 

Vous voit-on de nos romantiques, 
En admirateurs lunatiques, 
Sur Racine criant haro, 
Trouver, pour exalter Hugo, 
Molière rococo ? 
Mes frères,            (Bis) 
Vous êtes tous de la Saint-Jean, etc. 

Rétif aux ordres sanitaires 
Prescrivant Barrége et Bagnères 
Pour se guérir de tous les maux, 
Chacun de vous préfère aux eaux 
Et Champagne el Bordeaux. 
Mes frères,               (Bis). 
Vous êtes tous de la Saint-Jean, etc. 

Fruit d'une touchante harmonie, 
Chez vous point de lutte ennemie, 
Toujours unis, toujours joyeux, 
Si 'on se dispute en ces lieux, 
C'est à qui boit le mieux. 
Mes frères, 
Mes frères, 
Vous êtes tous de la Saint-Jean, 
Mes frères, 
Mes frères, 
Convenez-en. 

La Clé du Caveau ne donne pas d'air A table, à table. Il y a un air de ce nom dans les Contes d'Hoffmann d'Offenbach, mais cet opéra date de 1881. 

Nous avons par contre trouvé un choeur avec cet incipit à la fin du premier acte de la comédie-vaudeville de Scribe, Les malheurs d'un amant heureux, qui date de 1833 ; et là, il est fait référence au Final des voitures versées

Les voitures versées est un opéra-comique (1808) de Boieldieu et Dupaty. Et précisément le final de son premier acte est un air A table, à table, qu'on trouve aux pages 94 à 118 de la partition.

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