Le maçon aux profanes

En cliquant ici (midi) ou ici (mp3), vous entendrez le fichier de la partition harmonisée par Casadesus

Cette chanson figure aux pp. 204 à 206 du Code Récréatif des Francs-Maçons.

Nom commun d'usage très rare, un ariste est un personnage éminent (du grec aristos, le meilleur, sens qu'on retrouve dans aristocratie). Ariste est aussi un prénom masculin ; on trouve un Ariste chez Molière, dans les Femmes savantes et surtout dans l'Ecole des Maris (1661 ; mais la pièce fut encore jouée à Paris en 1774), où il est un personnage tolérant, sage et compréhensif, par opposition à son frère cadet, Sganarelle, possessif et jaloux. Serait-ce donc à ce personnage de théâtre que pensait l'auteur de cette chanson en vantant la morale honnête d'Ariste, capable de faire grâce à son frère ?

Nous ne connaissons qu'une autre évocation d'un Ariste dans le chansonnier maçonnique, c'est chez Le Bauld.

L'air mentionné est le même que celui des pages précédentes, à savoir les Couplets pour la fête d'un Vénérable qui se chantent sur celui de C'est un enfant, c'est un enfant.

 

LE MAÇON
AUX PROFANES.

Même air.

D'Ariste la morale honnête
Est nouvelle, il paraît, pour vous ;
Du plaisir se faire une fête,
Et du devoir être jaloux ;
Au talent de plaire
Joindre un cœur sévère,

Profanes, goûtez la leçon,
C'est un Maçon, c'est un Maçon.

Ariste à son frère fait grâce,
Il sait qu'un mortel peut errer ;
Sur la faute a-t-il fait main-basse,
Il invite à se relever ;
Il montre au coupable
Le port favorable ;
Profanes, etc.

L'ingrat et perfide égoïsme
En soulevant son tendre cœur,
Lui fait établir l'héroïsme
Au centre du commun bonheur ;
Et quand il l'opère
Voyez-le s'en taire;
Profanes, etc.

Ami toujours rempli de zèle.
Et prêt à se sacrifier,
Il est de même amant fidelle
Et des belles le chevalier.
En vain leur adresse
Tente à sa promesse.
Profanes, etc.

Voulez-vous de même qu'Ariste,
Ornant la sagesse d'appas,
Que complaisante et jamais triste ,
Elle instruise et ne choque pas ?
Aux plus saints des temples
Cherchez nos exemples ;
Profanes goûtez nos leçons
Soyez Maçons, soyez Maçons.

Frères, que notre artillerie
A ma voix se charge à l'instant,
Et que notre mousqueterie
Offre un feu partout éclatant ;
Ordre à nos mystères
Par trois, buvons, frères ;
Les mains tous ensemble aux canons,
Feu, feu, grand feu, feu des Maçons.

On trouvait déjà la même chanson, au siècle précédent, aux pages 131-2 de l'édition 1787 du Recueil de Cantiques du Manuel des franches-maçonnes ou la vraie maçonnerie d'Adoption. Celui-ci l'avait lui-même repris du recueil d'Honoré (pages 37 à 38), qui en est d'ailleurs lui-même l'auteur :



Mais Honoré donnait pour air L'art à l'amour est favorable, qui est un autre titre pour C'est un enfant

Au XXe siècle, la même chanson est encore reprise (pp. 8-9), sous le même titre, au Recueil de la Loge Ernest Renan.

On remarquera cependant que le dernier couplet se trouve ici supprimé. Peut-être, au lendemain de la guerre 14-18, a-t-il été jugé trop militaire :

Frères, que notre artillerie
A ma voix se charge à l'instant,
Et que notre mousqueterie
Offre un feu partout éclatant ;
Ordre à nos mystères
Par trois, tirons, frères ;
Les mains tous ensemble aux canons,
Feu, feu, grand feu, feu des Maçons.

Ce recueil indique lui aussi comme air L'art à l'amour est favorable, mais en donne une partition complètement différente. En reprenant dans le même ordre deux chansons (Couplets pour la fête d'un Vénérable et le maçon aux profanes) données par Grenier, qui indique le même air pour elles, le recueil Renan donne donc pour elles deux partitions distinctes, la première (pp. 6-7) sous le titre C'est un enfant et la deuxième sous le titre L'art à l'amour est favorable, alors qu'il s'agit du même air selon la Clé du Caveau. Cliquez ici pour entendre la partition ci-dessous (dont l'air nous semble d'ailleurs être plutôt celui du Cantique des Santés, c'est-à-dire Mon père était pot).

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Copie de Gr00.gif (4742 octets)

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couv.gif (4209 octets)