Cantique maçon

Cliquez ici (midi) ou ici (MP3)  pour entendre l'air Vive... de la première version, tel qu'indiqué par la Lire 

Cette chanson se trouve dès 1765 à la p. 56 du Nouveau Recueil de discours et chansons maçonnes, à l'usage de toutes les Loges régulières.

L'air mentionné est Vive, vive à jamais.

On remarque, aux deux derniers couplets, une justification inédite à l'exclusion des Soeurs : c'est la raison qui est ici invoquée.

CHANSON,

 

Sur l'Air Vive, vive à jamais, &c.

 

Nous savons en Maçons habiles, 
Poser la Pierre sans marteau, 
Et chez nous tout est de niveau,
Rien ne nous paroît difficile ; 
Car nous sommes dans nos travaux, 
Toujours dépourvu de méteau,

 

A trois Ans notre Aprentissage
Se commence par ia rigueur,
A cinq nous goûtons la douceur, 
D'une ame vertueuse & sage,
A sept est le parfait bonheur,
Quoiqu'il soit baigné de nos pleurs.

 

 A l'Ordre de Jerusalem
De grand coeur nous nous unissons,
Ses disciples étaient tous Maçons,
L'honneur & la probité même ;
Et Saint Jean, leur digne Patron,
Est celui que nous révérons

Sur le sommet d'une Montagne 
Paroît un petit Arbrisseau,
Et plus bas est un clair Ruisseau, 
Qui serpente dans la Campagne : 
Des Maçons voilà le climat,
Nommé la Vallée de Josaphat.

Contre vous, Profanes indignes,
Nous lançons la foudre à jamais ;
Vous n'aurez part à nos bienfaits,
Car vous n'en êtes pas dignes,
En blâmant jusqu'à nos repas,
Ce que vous ne connoissez pas. 

 

Pour vous beau Sexe tout aimable, 
Nous serons toujours pleins d'ardeur ;
Hélas ! qu'il nous seroit flâteur, 
De vous voir régner à nos tables : 
De grand cœur l'amour y consent,
Mais la raison nous le défend.

 

 La raison, quoique tyrannique, 
Nous accorde la liberté 
De célébrer votre santé, 
Avec les honneurs maçonniques,
Et pour satisfaire à nos loix,
Nous le faisons par trois fois trois.

On la retrouve, sous le titre cantique maçon, aux pages 511-2 (qui font partie de celles qui sont absentes des éditions antérieures) de l'édition 1787 de La Lire Maçonne. 

Mais cette fois on trouve 5 couplets et non 7 : les couplets qui n'ont pas été réutilisés sont :

Par contre, a été ajouté un refrain, Haut le Marteau ! bas le Marteau ! Battons le fer pendant qu'il est rouge, Battons le fer pendant qu'il est chaud, ce qui justifie l'utilisation d'un autre air (que nous n'avons pas trouvé). On peut d'ailleurs s'étonner de ce paradoxal encouragement à battre le fer au moment même où l'on rappelle qu'on est dépourvu de métaux. Mais l'air d'origine, Vive, vive, vive à jamais le Père & le Roi des Français, n'était peut-être pas un air connu, ou bienvenu, aux Pays-Bas ?

On remarque qu'au 2e vers du premier couplet, un contresens a été introduit par la Lire : Nous savons en Maçons habiles poser la Pierre sans Marteau (ce qui est logique puisque nous sommes dans nos travaux toujours dépourvus de métaux) est devenu Nous savons en Maçons habiles poser la Pierre & le Marteau.

On retrouvera cette version de la Lire en 1806 dans la Muse maçonne (p. 324), avec la même mention d'air, Haut le Marteau.

A noter que Haut le Marteau ! bas le Marteau ! est une chanson qui figure en 1833 à un recueil de chants d'étudiants de Groningue, et qui correspond exactement au refrain ci-dessous. Mais nous n'en connaissons pas la partition. C'est probablement cet air qui sera utilisé ici par Legret, mais sous la forme - plus adaptée aux banquets maçonniques - Haut le canon ! bas le canon !

Cette version en 5 couplets, telle qu'elle sera reprise par la Lire, figurait en fait déjà aux pp. 46-7 de l'Almanach des franc-maçons pour l'année commune 1783.
 

    

CANTIQUE MAÇON. 

 

Sur l'Air Haut le Marteau.

 

Nous savons en Maçons habile(s) 
Poser la Pierre & le Marteau, 
Et chez nous tout est de niveau ; 
Rien ne nous paroit difficile : 
Car nous sommes dans nos travaux 
Toujours dépourvu de Métaux,

Haut le Marteau ! bas le Marteau ! 
Battons le fer pendant qu'il est rouge, 
Battons le fer pendant qu'il est chaud.

 

 

A trois Ans nôtre apprentissage
Se commence par ia rigueur,
A cinq on goûte la douceur, 
D'une Ame vertueuse & sage ; 
A Sept, est le parfait bonheur ;
Quoiqu'il soit mêlé de nos pleurs.

Haut le Marteau ! &c.

 

 

Sur le sommet d'une Montagne, 
S'élève un petit Arbrisseau ; 
Et plus loin est un clair Ruisseau, 
Qui serpente dans la Campagne : 
Des Maçons c'est le vrai climat
Nommé valée de J. . . . at

Haut le Marteau ! &c.

 

 

Pour vous, beau Sexe, tout aimable, 
Nous serons toujours plein d'ardeur,
Ah ! qu'il seroit pour nous flatteur, 
De vous voir régner à nos Tables : 
De bon cœur l'amour y consent,
Mais la raison nous le deffend.

Haut le Marteau ! &c.

 

 

La raison quoique tirannique, 
Nous accorde la liberté ;
De célébrer votre santé, 
Avec les honneurs Maçonniques ;
Et pour satisfaire à vos loix,
Nous le ferons par trois fois trois.

Haut le Marteau ! &c.

Josaphat

Au couplet 3, le nom caché de la vallée évoquée, Josaphat, n'est, dans la version de la Lire, écrit qu'incomplètement, ce qui implique qu'il est considéré comme un mot secret.

Dans l'ouvrage de Pérau, L'Ordre des francs-maçons trahi, on trouve le dialogue suivant :

Q. : Où avez-vous été ?

R. : Dans une Loge réglée & parfaite.

Q. : Comment s'appelle cette Loge ?

R. : La Loge de S. Jean.

Q. : Où est-elle située ? 

R. : Dans la Vallée de Josaphat en Terre Sainte.

D'autres répondent : Au sommet d'une grande montagne, et au fond d'une grande vallée, où jamais coq n'a chanté, femme n'a babillé, lion n'a rugi, en un mot, où tout est tranquille, comme dans la vallée de Josaphat. Expressions figurées, pour marquer la concorde & la paix qui règnent dans les Assemblées Maçonnes, & le soin que l'on prend d'en exclune les Femmes.

La vallée de Josaphat est également parfois indiquée comme lieu d'impression (fictif) de livres maçonniques, comme par exemple les mémoires de Coustos. Et une divulgation de 1748 bien connue, l'Anti-maçon, annonce comme lieu d'impression EN LA VILLE SAINTE, Dans le Temple de Salomon, dans la Chambre du milieu & dans la Vallée de Josaphat, au Tombeau d'Adoniram, Rue de l'Acacia.

On trouve, sous le titre Cantique maçonnique du marteau, un texte un peu différent (mais seulement par des détails, indiqués en mauve) de cette version en 5 couplets dans un document manuscrit qui fait partie du Fonds Gaborria. On remarquera qu'ici le mot Josaphat est à nouveau écrit en toutes lettres.

Cantique Maçonique Du Marteau. 

 

1.

Nous savons en Maçons habile(s) 
Poser la pierre & le Marteau
Car chez nous tout est de niveau
Rien ne nous paroit difficile 
Et nous sommes dans nos travaux 
Toujours dépourvu de Métaux,
Haut le Marteau, bas le Marteau ! 
Battons le fer pendant qu'il est rouge, 
Battons le fer pendant qu'il est chaud.

 

 2.

A trois Ans nôtre apprentissage
Se commence par ia rigueur,
A cinq on goûte
les douceurs, 
D'une
Amitié sincère et sage ; 
A Sept est le parfait bonheur ;
Quoiqu'il soit mêlé de nos pleurs.
Haut le &c.

 

 3.

Sur le sommet d'une Montagne, 
S'élève un petit Arbrisseau ; 
Et plus loin est un clair ruisseau, 
Qui serpente dans la Campagne : 
Des Maçons c'est le vrai climat
Nommée la Valée Josaphat
Haut le &c.

 

4.

Pour vous Sexe trop adorable
Nous serons toujours plein d'ardeur
Ah,
pour nous qu'il seroit flatteur, 
De vous voir régner à nos tables : 
De bon cœur l'amour y consent
Mais la raison nous le deffend.
Haut le Marteau ! &c.

  

 5. ici on fait charger le Canon

La raison quoique tyranique, 
Nous accorde la Liberté ;
De
tirer à votre santé, 
Avec les honneurs Maçonique ;
Et pour satisfaire à
ses loix,
Nous le
faisons par trois fois trois.
Haut le Marteau, on vide le Canon 
bas &c.

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