Pour les dames

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L'air O filii et filiae a été utilisé au XVIIIe pour une chanson qui eut un énorme succès ; elle est très moralisatrice, et deux de ses couplets constituent une justification (classique) du refus de toute présence féminine en Loge :

Nous chasserons de ce séjour,
Le turbulent Dieu de l’Amour,
L’Amitié le remplacera, Alleluia.

De tout risque, de tout danger
Où nous conduit ce Dieu léger,
Elle seule nous sauvera, Alleluia.

On en trouve aux pages 119-20 du Recueil de chansons pour la maçonnerie des hommes et des femmes (Recueil de Sophonople), sous le titre  pour les dames, ce pastiche quelque peu insolent et qui - comme cette autre chanson - en prend le contrepied.

Alors qu'au XVIIIe les chansons destinées aux Loges d'Adoption se caractérisent généralement par un gracieux ton de marivaudage, aussi léger qu'innocent, il est possible de déceler dans celle-ci, comme ce sera plus souvent le cas au XIXe, des doubles sens quelque peu osés.

Cette chanson, amputée de son dernier couplet et sous le titre Echelle d'Adoption, sera reprise au siècle suivant dans la Lyre maçonnique pour 1811 (p. 61-2).

Voici en vis-à-vis le texte de Naudot (à gauche) et celui de Sophonople (à droite) ; on voit que, si le premier couplet est le même, les autres n'ont que l'un ou l'autre vers en commun. 

On remarquera particulièrement l'opposition entre Nous chasserons de ce séjour Le turbulent dieu de l'amour (ce qui est bien caractéristique des Loges masculines) et Nous allons tous dans ce séjour Elever un temple à l'Amour (ce qui est plus conforme au style galant des Loges mixtes).

Voir à propos de l'air.

O filii et filiae
Le maître vous a rassemblés
pour un travail qui vous plaira, Alleluya

Faisons un temple à l'éternel,
Nos coeurs y serviront d'autel,
La charité le soutiendra, Alleluya.

Pour embellir ce Bâtiment,
Et le fonder solidement,
Sur les vertus il posera, Alleluya.

Nous chasserons de ce séjour
Le turbulent dieu de l'amour,
L'amitié le remplacera, Alleluya.

De tout risque, de tout danger,
Où nous conduit ce dieu léger,
Elle seule nous sauvera, Alleluya.

Les moments qu'on doit employer,
Doivent servir à corriger
Les deffauts que chaqu'un aura, Alleluya.

Il faut sur tout nous apliquer,
A reprendre sans critiquer
De la douceur on usera, Alleluya.

Gardons nous bien de retomber
Dans les vices, les préjugés
Où le monde nous entraina, Alleluya.

En loges quand nous céderons
Aux plus vertueux des maçons,
Tout le monde l'aprouvera, Alleluya.

O filii et filiae
Le Maître vous a rassemblés
pour un travail qui vous plaira. Alleluia

Nous allons tous dans ce séjour
Elever un temple à l'Amour,
Dont la structure étonnera. Alleluia.

Sans aucun risque ni danger,
Sur un fond mobile et léger,
Tout l'édifice portera. Alleluia.

Des pierres qu'on doit employer,
Heureux mille fois l'ouvrier
Qui la première posera.
Alleluia.

Un tel honneur nous céderons,
A celui qui de nos Maçons,
La meilleure truelle aura. Alleluia.

Il faut surtout vous appliquer,
A broyer, à bien préparer
Le ciment dont on usera. Alleluia.

Dans un acte aussi solennel,
Victime, prêtre, temple,autel,
Tout ensemble se confondra. Alleluia.

Si le temple vient à tomber,
A qui pourra le relever,
Jamais le fonds ne manquera. Alleluia.

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