Pour la Loge le Travail

Ce cantique est le premier des 7 chantés lors de la Saint-Jean d'été, le 16 juin 1842, de la Loge bruxelloise le Travail au cours de laquelle elle inaugura son nouveau Temple.

Le Frère Lippens - qui se fait ici accompagner par Artot - pourrait être le même que l'auteur d'une autre chanson de ce site (mais le nom n'est pas rare et la ville n'est pas la même). Comme le fait souvent - et notamment le même jour - Defrenne, il souligne (à l'avant-dernier couplet) la bonne conscience des maçons vis-à-vis des condamnations de l'Eglise et leur confiance dans une justice divine moins intolérante que celle de son vicaire.

L'air utilisé n'est pas mentionné. Nous avons cependant relevé que Voilà l'bonheur (ces paroles constituent l'incipit du refrain) est une scène champêtre pour piano d'un certain G. Vernoy, dont nous ne savons absolument rien : nous ignorons donc totalement s'il existe un rapport.


           

COUPLETS

chantés

DANS LE SEIN DE LA Respectable Loge LE TRAVAIL,

A L’OCCASION DE LA FÊTE SOLSTICIALE D'ÉTÉ

et de

 l'Inauguration de son Nouveau Temple

(Le 16e jour du 4e mois 5842).

paroles du Frère LIPPENS, chantés par lui avec accompagnement de piano par le Frère ARTOT.

 

Quoi ? vous voulez, mes Frères, que je chante ?
Pour obéir je vais faire un effort ;
Bien que ma voix soit et faible et tremblante,
J’ose espérer vous satisfaire encor.
Sous les rameaux d'un arbre tutélaire
Venir ici partager vos ébats !
Voilà l’bonheur ou je n’m’y connais guère, 
Voilà l’bonheur ou je n’m’y connais pas.

Allons, allons, qu'un élan magnanime
Parte du cœur pour fêter ce beau jour ;
Et célébrons, d`une voix unanime, 
Le digne objet de notre ardent amour.
Offrir l'encens au maître de la terre,
Quand nous trouvons quelques fleurs sur nos pas,
Voilà l’bonheur ou je n’m’y connais guère, 
Voilà l’bonheur ou je n’m’y connais pas.

Soumis aux lois d’une amitié durable, 
Dans nos bienfaits montrons-nous généreux ;
Tendons toujours une main secourable
Alors qu'à nous s'adresse un malheureux.
Lui conserver, pour aide à sa misère,
Avec du pain, l'appui de notre bras,
Voilà l’bonheur ou je n’m’y connais guère, 
Voilà l’bonheur ou je n’m’y connais pas.

Puisqu’on nous dit que la vie est un fleuve,
Qu'à son courant il ne s'échappe rien :
Descendons-le, vrais enfants de la Veuve,
Sans oublier de faire un peu de bien. 
Dans le giron de notre auguste Mère,
Quand nous pouvons ramener des ingrats....
Voilà l’bonheur ou je n’m’y connais guère, 
Voilà l’bonheur ou je n’m’y connais pas.

Pour recueillir le plus grand bénéfice
Du culte saint que tous nous professons,
Toujours actifs, maintenons l’édifice,
Car au Travail on connaît les maçons.
Exempt d’orgueil, chaque fois qu'un bon frère,
Avec transport se jette dans nos bras ; 
Voilà l’bonheur ou je n’m’y connais guère, 
Voilà l’bonheur ou je n’m’y connais pas.

Sachons braver l'effet de l'anathème 
Qu’au Vatican on a lancé sur nous. 
Et fions-nous à la bonté suprême, 
Du même Dieu qui nous jugera tous. 
Sur les méchants que gronde son tonnerre ;
Rendons meilleurs les mortels ici-bas. 
Voilà l’bonheur ou je n’m’y connais guère, 
Voilà l’bonheur ou je n’m’y connais pas.

Mais arrêtons l'ardeur qui me transporte,
J’ai bien assez tourmenté mon cerveau
Pour y trouver comme une feuille morte, 
Qu'en temps d'automne on voit flotter sur l’eau.
Si des bravos me viennent pour salaire,
Du fond du cœur je redirai tout bas :
Voilà l’bonheur ou je n’m’y connais guère, 
Voilà l’bonheur ou je n’m’y connais pas. 

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