Jarnowick

En cliquant ici, vous entendrez le début du 3e mouvement (Rondo) de son concerto pour violon n° 5, interprété par Brittany Kotheimer, accompagnée par le Starling Chamber Orchestra sous la direction de Kurt Sassmannshaus (CD Arte Nova Classics 74321 30469 2)

Ivan (Giovanni ) Mane Jarnović (1745 ? – 1804) fut un célèbre virtuose du violon et ... du billard, ainsi qu'un compositeur auquel on doit plus de 20 concertos pour violon (dont 17 sont parvenus jusqu'à nous), qui connurent avec lui le plus grand succès partout en Europe.

On trouve aussi Giornovichi, Jarnowick ou Jarnowitz car il modifiait l'orthographe de son nom selon le pays où il se produisait.

Fétis dans son volume IV en donne la biographie suivante :

JARNOWICK (Jean-Mane GIORNOVICCHI, connu sous le nom de), naquit à Palerme en 1745, suivant une note qu'il a placée lui-même sur le registre de la grande loge maçonnique de Berlin, en 1780. On s'est donc trompé dans les Biographies générales de Michaud, de Beauvais et de Rabbe, lorsqu'on a dit qu'il était né à Paris de parents italiens. Elève de Lolli, il devint par les leçons de ce maître un violoniste distingué. Les qualités de son talent étaient particulièrement une justesse parfaite, la netteté dans l'exécution des traits, et le goût dans le choix des ornements ; mais il tirait peu de son de l'instrument et manquait de largeur et d'expression. Arrivé à Paris vers 1770, il débuta au concert spirituel par le sixième concerto de son maître, où il ne réussit pas, parce que cette musique exige un caractère mâle d'exécution qu'il ne possédait pas ; mais il prit bientôt sa revanche dans son premier concerto (en la majeur), dont le style agréable et léger eut un succès d'enthousiasme. Dès ce moment la musique et le jeu de Jarnowick furent à la mode, et pendant près de dix ans l'artiste et ses ouvrages jouirent d'une vogue dont il n'y avait pas eu d'exemple jusqu'alors. Homme de plaisir et d'une tournure d'esprit originale, il ne s'occupait pas assez de son talent ; tel il avait été dans les premiers temps de sa carrière, tel on le retrouvait longtemps après. Son humeur était capricieuse, et le penchant qu'il avait pour le jeu et la débauche le poussait souvent dans des écarts condamnables. Dans la chaleur d'une dispute, on le vit un jour donner un soufflet au chevalier de Saint-Georges, son émule sur le violon, et la plus forte épée qu'il y eut alors en Europe. Celui-ci se contenta de dire : J'aime trop son talent pour me battre avec lui. Des circonstances plus graves, où l'honneur de Jarnowick était compromis, l'obligèrent à s'éloigner de Paris en 1779. Il se rendit en Prusse, où il fut engagé pour la chapelle du prince royal Frédéric-Guillaume II ; mais son caractère altier et ses discussions perpétuelles avec Duport et les autres artistes de la musique du prince, l'obligèrent à quitter Berlin en 1783. Des voyages continuels occupèrent alors son activité : il visita Vienne, Varsovie, Pétersbourg, Stockholm, et partout il eut des succès. Arrivé à Londres en 1792, il y joua dans les concerts qui y furent donnés à cette époque, et presque toujours il y fut applaudi. Malheureusement pour lui, Viotti arriva vers le même temps dans la capitale de l'Angleterre, et la supériorité de son talent plaça Jarnowick à un rang inférieur, comme cela était déjà arrivé entre eux dix ans auparavant, à Berlin. La jactance de Jarnowick n'y put tenir cette fois ; et la première fois qu'il rencontra celui qu'il considérait comme son rival, quoique celui-ci n'en eût point, il faborda brusquement et lui dit : « Il y a longtemps que je vous en veux ; vidons la querelie, apportons nos violons, et voyons enfin qui de nous deux sera César ou Pompée. » Le cartel fut accepté, et Jarnowick vaincu dut se considérer comme placé bien au-dessous du grand artiste qui n'avait pas dédaigné cette lutte. Cependant il ne perdit pas courage ; car avec ce ton gascon qui lui était familier, il s'écria : « Ma foi, mon cher Viotti, il faut avouer qu'il n'y a que. nous deux qui sachions jouer du violon. » Malgré cet échec, il aurait pu continuer de résider à Londres où il y a des admirateurs pour tous les genres de talents ; mais sa conduite peu régulière, et surtout son arrogance habituelle envers les autres artistes, l'obligèrent encore à aller chercher fortune ailleurs. Dans une dispute qu'il eut avec le célèbre pianiste Jean-Baptiste Cramer, il porta l'insulte si loin, que celui-ci se crut obligé de lui proposer un duel, que Jarnowick n'accepta pas. Cette aventure le perdit. Il quitta Londres en 1796 et se rendit à Hambourg, où il vécut quelques années sans emploi, s'y faisant entendre de temps en temps dans des concerts publics, mais cherchant surtout des ressources pour son existence dans le jeu de billard, où il était fort habile. Au commencement de 1802, il partit pour Berlin, et le 21 mars de cette année il y donna un concert où, bien qu'âgé de cinquante-sept ans, il excita l'étonnement de ceux qui l'entendirent et fit éclater les plus vifs applaudissements. De là, il alla à Pétersbourg. Il y eut d'abord des succès ; mais bientôt l'arrivée de Rode le fit oublier. Il mourut subitemetit en cette ville le 21 novembre 1804, en jouant une partie de billard. On a de cet artiste : 1° Quinze concertos pour le violon, qui ont été tous gravés à Paris. — 2° Trois quatuors pour deux violons, alto et basse , op. 1 ; Paris, Naderman — 3° Duos pour 2 violons, op. 2, 3, 16 et 24 ; Paris, Naderman, Janet et Sieber. — 4° Sonates pour violon et basse, ibid. — 5° Quelques symphonies exécutées au concert des amateurs et gravées chez Bailleux, à Paris. 

Ce personnage si asociable et si mal réputé n'en était pas moins maçon.

On trouve à de nombreuses reprises son nom, comme compositeur et/ou exécutant, dans les programmes du Concert Spirituel à partir de 1773.

Par ailleurs, Le Bauld de Nans rapporte que, lors du concert qui accompagna la visite, le 10 juin 1780, de deux Princesses de Prusse à la Loge La Royale Yorck de l'Amitié, le Frère Jarnowich, célèbre violon de la chapelle de S. A. R. Mgr. le Prince de Prusse, sembla avoir ajouté à la sublimité de son talent (Concialini, Beer et Benda participaient également à ce concert).

 

La BNF donne accès à quelques-unes de ses partitions.

 

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