Georg Anton Benda 

 Cliquez ici pour entendre un extrait du lied mentionné plus bas

Père de Friedrich Ludwig Benda et oncle de Karl Hermann Heinrich Benda, Georg Anton (Jirí Antonín) Benda (Staré Benatky 1722 - Körstritz 1795) est le principal membre d'une famille de musiciens originaire de Bohême. Il devint en 1750 le maître de chapelle de la cour de Gotha.

A partir de 1780, il édita avec grand succès ses propres oeuvres, dont il faisait paraître chaque année un recueil.

Mozart lui vouait une grande admiration, comme en témoigne cet extrait d'une lettre à son père : J'ai vu Médée de Benda - il en a créé encore un, son titre est Ariane dans l'île de Naxos, tous les deux sont magnifiques ... j'aime tellement ces deux oeuvres que je garde toujours leurs partitions sur moi.

Benda fut membre de la Loge Archimedes zu den drei Reissbrettern à l'Orient d'Altenburg et il écrivit des lieder pour des festivités maçonniques viennoises. Nous n'avons pu déterminer si le lied, dont vous pouvez entendre le début, est un de ceux-ci, comme son titre (Auf und trinkt! Brüder, trinkt! - texte de Matthias Claudius) pourrait le donner à penser.

Ce lied figure au disque Hungaroton HCD 31779, dans l'interprétation de Istvan Kovacs, basse, accompagné au clavecin par Aniko Horvath. Vous pouvez en apprendre plus sur ce CD via le site Amazon.fr

Le Bauld de Nans rapporte que le Frère Benda (NDLR : s'agit-il de lui ou plutôt de son fils, qui était membre de cette Loge en 1783 ? D'après l'article de Giacomo Fornari figurant aux pp. 50-61 du n° 1/2020 de la revue Hiram du Grand Orient d'Italie, il s'agit de Friedrich) se distingua lors du concert qui accompagna la visite, le 10 juin 1780, de deux Princesses de Prusse à la Loge La Royale Yorck de l'Amitié (Concialini, Jarnowick et Beer participaient également à ce concert).

Voici ce qu'en dit Fétis dans son T. 1 :

BENDA (Georges), compositeur, ... naquit à Jungbunslau, en 1722. Son père, simple tisserand dans ce village, fut son premier maître de musique et lui enseigna à jouer du hautbois. Il se livra aussi à l'étude du violon et du clavecin, et devint d'une habileté remarquable sur ces instruments. En 1740, lorsque François Benda appela près de lui sa famille à Berlin, Georges perfectionna ses talents sur les beaux modèles que lui offraient les artistes de la capitale de la Prusse. Admis dans la chapelle du roi, comme second violon, il eut de fréquentes occasions d'entendre les compositions de Graun et de Hasse, et de former son goût sur leur modèle. Ce fut à peu près la seule éducation musicale qu'il reçut comme compositeur, car il ne voulut jamais se donner la peine d'étudier le contrepoint, ni même l'harmonie. La place de maître de chapelle du duc de Saxe-Gotha étant devenue vacante, en 1748, par la mort de Stœlzel, Benda l'obtint et quitta le service du roi de Prusse. Le duc, Frédéric III, était un amateur passionné de musique d'église; il demanda beaucoup de Messes, de Passions et d'Hymnes à son nouveau maître de chapelle ; le talent déployé par Benda dans ces ouvrages révéla à l'Allemagne l'existence d'un artiste de mérite. Le prince fut si satisfait de ces productions, qu'il consentit, en 1764, au voyage que Benda voulait faire en Italie, et qu'il en paya les frais. Déjà le compositeur était connu par ses belles sonates et ses concertos. Il joua l'un de ceux-ci à la cour de Munich, lorsqu'il partit pour l'Italie, et l'électeur lui donna une belle montre d'or en témoignage de sa satisfaction. Arrivé à Venise, Benda courut au théâtre, pressé par le besoin d'entendre de la musique italienne. On jouait un opéra bouffe de Galuppi. Accoutumé comme il l'était à la musique forte d'harmonie et riche de modulations, le compositeur allemand ne comprit pas le mérite des mélodies simples, naturelles et spirituelles de Galuppi, et son dégoût pour cette musique devint si fort, qu'il ne voulut pas rester dans la salle jusqu'à la fin de la représentation, et qu'il s'enfuit malgré les observations du directeur de musique Rust, qui l’avait accompagné dans son voyage. Rust, mieux disposé que Benda à goûter le charme de la musique italienne, non seulement écouta la pièce jusqu'au bout , mais y retourna tous les soirs. Étonné de sa persévérance, Benda voulut encore tenter une épreuve, et prit enfin le parti d'aller entendre encore cette musique qui lui avait tant déplu d'abord. Cette fois il y découvrit un charme qui le captiva jusqu'à le faire assister à toutes les représentations. Devenu enfin passionné pour les formes italiennes, il s'en servit pour modifier sa manière, qui, depuis lors, prit le caractère italo-germanique que Benda a conservé dans toutes ses productions. Arrivé à Rome, Benda y écrivit un morceau d'église pour l'anniversaire de la naissance du duc de Saxe-Gotha ; ce morceau, considéré comme un de ses meilleurs ouvrages, n'a point été publié.

De retour à Gotha, en 1766, Benda y écrivit ses opéras de Ciro riconosciuto et de Il buon Marito. Ces ouvrages furent suivis de la Foire de village, petit opéra comique; de Walder, opéra sérieux ; d'Ariane à Naxos, duodrame ; de Médée ; du Bûcheron ; de Pygmalion, monodrame de Rousseau ; de Roméo et Juliette ; de la Loi tartare ; de Lucas et Barbe, opéra comique, et de l'Enfant trouvé. Après le brillant succès de toutes ces compositions, Benda jouissait de la plus belle réputation et du sort le plus doux à la cour de Gotha ; cependant il quitta tout à coup cette position, renonça aux douze cents thalers de traitement qu'il recevait chaque année, et, sans même demander de pension pour ses longs services, il s'enfuit, en 1778, à Hambourg, où Schroeder lui confia la direction de l'orchestre de son théâtre. Bientôt fatigué de la dépendance où le mettait son service, il .se rendit à Vienne, s'y fit entendre avec succès dans un concert, n'y vécut point heureux, et prit enfin le parti de retourner à Gotha, où il pria le prince de lui pardonner sa faute. Il en reçut deux cents thalers de pension annuelle ; le successeur de ce prince, le duc Auguste de Saxe-Gotha, y ajouta deux cents autres thalers. Alors Benda se retira à Georgenthal, agréable village à trois lieues de Gotha, et y employa les loisirs de sa solitude à rassembler tous les morceaux qu'il avait écrits pour le piano, dans le dessein d'en donner une édition complète.

En 1781, des propositions lui furent faites pour se rendre à Paris, où l'on venait de traduire son opéra d'Ariane à Naxos ; il ne se décida qu'avec peine à ce voyage, parce qu'il avait atteint sa soixantième année ; mais les instances devinrent si pressantes, qu'il accéda enfin aux offres qui lui étaient faites. Il dirigea lui-même la mise eu scène de son ouvrage ; mais il se repentit ensuite de sa condescendance, la pièce n'ayant point eu de succès. De retour à Georgenthal, il semblait s'y plaire; mais tout à coup, par un de ces caprices dont sa vie offrit de nombreux exemples, il alla demeurer à Ordruff, se fatigua bientôt de son séjour dans cette ville et se retira, en 1788, à Ronnebourg où il exprima, quatre ans après, l’ennui qui le dévorait dans une sorte d'élégie en musique connue sous le nom des Plaintes de Benda (Benda's Klagen). Fatigué du monde et de lui-même, il alla, peu de temps après, chercher une solitude à Koestritz, où il mourut le 6 novembre 1795, à l'âge d'environ soixante-treize ans. Dans ses dernières années son art avait pour lui si peu de charme, que, lorsqu'on le pressait d'entendre quelque artiste distingué, il répondait : une simple fleur me procure plus de jouissances que toute la musique.

Benda aimait beaucoup les plaisirs de la table, semblable en cela à Jomelli, Haendel et Gluck. Lorsqu'il composait, il écrivait fort vite ; mais il passait la plus grande partie du temps dans une vague rêverie qui l'empêcha de produire autant qu'il aurait pu le faire dans une carrière aussi longue que la sienne. On voit dans ses lettres, publiées par Schlichtegroll, qu'il médita beaucoup, vers la fin de sa vie, sur l'immortalité de l'âme, à laquelle il ne croyait pas. Il y a lieu de penser que son cœur était sec autant que sa tête était fantasque. On rapporte sur lui l'anecdote suivante. Sa femme venait d'expirer dans ses bras ; à peine eut-elle rendu le dernier soupir, que Benda se précipita sur son piano et chercha à exprimer sa douleur par des modulations mélancoliques ; mais bientôt, préoccupé de ses successions d'accords, il oublia l'objet de son improvisation, et lorsqu'un domestique vint lui demander s'il fallait envoyer des lettres de faire part, il entra dans la chambre de sa femme pour la consulter sur ce sujet, et ce ne fut qu'en apercevant le corps inanimé qu'il se souvint du malheur qui venait de le frapper. Benda avait reçu de la nature des idées mélodiques remplies de grâce et d'expression ; bien qu'il n'eût point fait d'études, son harmonie est, en général, pure et correcte ; tout ce qu'il a écrit est d'un caractère gracieux, et ses ouvrages ont toujours été entendus avec plaisir ; néanmoins le cachet de l'invention y manque, et c'est à cela qu'il faut attribuer le profond oubli où ces productions sont déjà tombées.

[suit une liste d'oeuvres]

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