Niccolò (Nicola) Piccinni (1728 - 1800) s'est illustré comme compositeur dans l'art lyrique dès 1754 en Italie et ensuite (à partir de 1776) à Paris, où il se trouva pris dans la virulente polémique entre les partisans de Gluck et les défenseurs de l'opéra italien. 

En 1791, l'instabilité révolutionnaire le poussa à rentrer en Italie, mais il le regretta bientôt : accusé d'être un jacobin pour avoir marié sa fille à un partisan de la Révolution, il tomba en disgrâce (la reine Marie-Caroline, se préoccupant du sort de sa soeur Marie-Antoinette, avait à ce moment abandonné toutes les idées libérales qui lui avaient valu tant de sympathie dans les milieux maçonniques). (voir à ce sujet une correspondance de Piccinni dans l'ouvrage 400 lettres de musiciens au Musée royal de Mariemont et les intéressants commentaires de Malou Haine, pp. 110-115)

Après l'arrivée des troupes françaises à Naples, il revint à Paris, où le premier Consul le fit nommer, en 1798, inspecteur du Conservatoire, et où il termina sa vie.

Il fut membre de la célèbre Loge des Neuf Sœurs à Paris, et y dirigea la partie musicale lors de la grandiose cérémonie d'hommage funèbre à Voltaire, le 28 novembre 1778. Il eut même l'élégance de mettre au programme des oeuvres de Gluck.

Malgré l'important décalage temporel, Piccinni est souvent confondu, notamment sur certaines des listes (parfois fantaisistes) de maçons célèbres qui abondent sur le web, avec Giacomo Puccini (1854-1924), le compositeur de Tosca, La Bohême et Madame Butterfly - lequel n'a rien à voir avec la maçonnerie. Même un auteur aussi réputé qu'Elisabeth Badinter commet cette erreur (p. 98) dans Mme du Châtelet, Mme d’Epinay ou l’ambition féminine au XVIIIe siècle (Flammarion 2006).

Sur un texte de Jean-François Marmontel (1723-1799), membre également de la Loge des Neuf Soeurs, Piccinni composa en 1783 la tragédie lyrique en trois actes Didon, dont l'air le plus célèbre Ah! que je fus bien inspirée a été utilisé pour des chansons maçonniques.

Le fac-similé du texte de Didon est intégralement disponible sur le site de la Bibliothèque Nationale de France, où il est référencé sous le numéro N072308.

En 1785, il a composé pour sa Loge la musique d'un Hymne pour une Cérémonie funèbre.