Louis Spohr
En cliquant ici, vous entendrez le deuxième mouvement (larghetto) de son concerto pour clarinette n° 4, interprété par Ernst Ottensamer accompagné par le Slovak Radio Symphony Orchestra Bratislava sous la direction de Johannes Wildner (CD Naxos 8.550689)
Une Loge fameuse pour son engagement philosophique, Ernst zum Compass à l'Orient de Gotha, compte en 1809 cinq musiciens, qui forment un collège musical. Le directeur de ce collège est l'un des meilleurs violoncellistes de son temps, Johann Conrad Schlick. Et le plus jeune membre en est un autre grand virtuose, Louis SPOHR (d'après Philippe Autexier).
Louis Spohr (1784 - 1859) fut un violoniste virtuose, qui se produisit partout en Europe, et un chef d'orchestre (il fut un pionnier de l'usage de la baguette) de grande réputation (il dirigea la première de Tannhäuser), admirateur des classiques (il fut un des rares à son époque à interpréter Bach) et particulièrement de Mozart, son idole, mais aussi promoteur des musiques nouvelles de Wagner, Liszt ou Berlioz. En tant que compositeur, il se situe à la transition entre le classicisme et le romantisme. Son oeuvre comporte principalement, outre de la musique de chambre, 4 oratorios, une messe, 21 concertos, 9 symphonies et 10 opéras (dont un Faust en 1816, Zémire et Azor en 1819, Jessonda en 1823 et les Croisés en 1845). Il est aussi l'auteur d'une Méthode de violon publiée en 1831. Maître de Chapelle, puis Directeur général de la musique à la Cour de Kassel, il démissionna de cette fonction en 1857, deux ans avant sa mort, à la suite d’une mésentente persistante. Spohr avait la réputation d'un homme généreux et plein de chaleur. Il s'intéressa à la politique (on le vit sur les barricades lors du soulèvement populaire de Cassel en 1848), et il fut aussi considéré comme un peintre talentueux et comme un bon joueur d'échecs. |
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Spohr fut initié le 26 janvier 1807, en présence de Himmel. Dans la Lyre Maçonne, Philippe Autexier donne de nombreux détails (plus complets dans la version allemande, Lyra Latomorum) sur son parcours maçonnique et sur certaines des nombreuses oeuvres (dont beaucoup sont perdues) qu'il a composées pour diverses Loges, oeuvres dont le décès prématuré de ce grand musicologue maçon a malheureusement empêché la republication qu'il projetait.
Parmi celles-ci, il relève :
en 1807, pour une cérémonie destinée à fêter la paix de Tilsit :
un cantique d'ouverture sur un poème de Ritter, Freuet euch, Brüder (cfr n° 5 à la p. 270 de Lyra Latomorum)
un cantique des santés
un cantique pour la chaîne d'union, sur un fragment (non retenu par la suite) de la version originale de l'Ode à la Joie de Schiller (cfr n° 7 à la p. 276 de Lyra Latomorum)
en 1809
le lied Der Compas sur un texte d'Ewald (cfr n° 14 à la p. 301, n° 29 à la p. 322 et n° 43 à la p. 340 de Lyra Latomorum)
le lied Forschen des Maurers (quête du maçon) pour la Loge de la Pomme d'Or (Zum Goldenen Apfel) à Dresde (Naumann avait également écrit une musique sur ce texte en 1782) : cfr n° 21 à la p. 313 de Lyra Latomorum
en 1818, le cantique An die geliebten besuchenden Brüder (aux bien-aimés Frères visiteurs), sur un poème de Ihlée (cfr n° 34 à la p. 331 de Lyra Latomorum)
Des textes de cantiques maçonniques ont également été écrits en réutilisant des musiques profanes de Spohr, comme son Rauschet ihr Meere (Murmurez, océans) sur lequel Deecke écrivit Tage verrauschen (les jours fuient) et Weit durch der Welten unendliche Räume (Loin dans les espaces infinis de l'univers).
Des musiques de Spohr, composées sans intention maçonnique, ont été a posteriori publiées dans des chansonniers maçonniques, comme Rastlose Liebe (Amour incessant) sur un texte de Goethe (cfr n° 66 à la p. 355 de Lyra Latomorum).
Nous avons également trouvé, dans le recueil Liederbuch für Freimaurer-Logen édité à Leipzig en 1888 un cantique de clôture dont il est mentionné que la musique est de Spohr.
Les deux premiers des recueils manuscrits de la Loge Ernst zum Compass contiennent chacun de sa composition les deux lieder suivants :
Weilst du immer noch in dunkler Ferne (cfr n° 25 à la p. 319 de Lyra Latomorum)
Frisch die Segel aufgezogen fahret ab vom Nebelstrand (comme on le voit ici, il s'agit en fait de l'incipit de Der Compas)