Gâchis maçonnique ?
En cliquant ici, vous entendrez le fichier midi de Bonjour, mon ami Vincent, séquencé par Christophe D.
C'est dans un roman antimaçonnique de 1848, Jacquemin le Franc-maçon, légendes des sociétés secrètes, dont l'auteur dit être Jean de Septchênes, ancien timbalier de S. M. le Roi de Prusse, que nous avons trouvé cet amusant exemple de chanson antimaçonnique.
Elle montre à quel point Voltaire est à l'époque considéré par les anti-maçons comme le paradigme de la diablerie maçonnique, alors que les maçons en feront au contraire le symbole de leurs valeurs, dès les années 1830 et plus encore à l'approche du centenaire de sa mort.
Les francs-maçons et les philosophes, principaux responsables du gâchis de la Révolution française ? C'est en tout cas la légende qu'a popularisée Barruel. En 1817, dans leur mandement de Carême, les vicaires généraux de Paris mettaient en garde leurs fidèles contre les mauvaises lectures et statuaient que la culpabilité de la révolution (qu'il était à l'époque de bon ton de montrer du doigt) revenait à l'édition des oeuvres de Voltaire et Rousseau. Cela fit bien rire à Paris, particulièrement au Caveau où deux esprits malicieux s'en gaussèrent sur le thème C'est la faute à Voltaire ... c'est la faute à Rousseau : Chaponnière et Béranger, mais également dans la chanson maçonnique La Lumière. En 1862, Victor Hugo remit ces mots dans la bouche de Gavroche. |
On y lit à la p. 11 :
On a fait aussi sur les francs-maçons une chanson dont je ne connais que le premier couplet, que voici :
Francs-maçons, d'où venez-vous ? |
Cette chanson est manifestement un pastiche antimaçonnique de la féroce chanson antijésuitique de Béranger (1819), Les révérends pères, qui se chante sur l'air Bonjour, mon ami Vincent (qui est le n° 63 de la Clé du Caveau ; l'air Patati, patata, qui en est le n° 1912, et dont la métrique est pourtant fort différente, est également mentionné en alternative), et dont le premier couplet est :
Hommes noirs, d’où sortez-vous ?
ci-contre : illustration de Grandville (1803-1847) pour Les révérends pères |
Y aurait-il une similitude entre jésuites et maçons, qui justifierait l'emploi de termes identiques (Moitié renards, moitié loups) pour les qualifier ??? Au siècle précédent, Bonneville avait déjà (en faisant preuve d'une imagination délirante !) soupçonné - et dénoncé - une telle collusion.