Le Chansonnier maçonnique
et profane
du Frère Aze

Ce recueil (sans partitions) de 1822, intitulé chansonnier maçonnique et profane, dédié aux francs-maçons de l'Orient de Paris et des Orients étrangers, est un des rares publiés sous la Restauration. Il est vrai qu'après ses délires napoléonolâtres, la maçonnerie française a quelques raisons de faire profil bas à ce moment ; les éditeurs de la Lyre maçonne ne se manifesteront d'ailleurs plus avant 1830.

On peut le consulter à la BNF ou sur Google.
 

Nous n'avons sur l'auteur, le Frère V.-R. Azé (ou Aze), Orateur de la Loge d'Isis, d'autres renseignements que ceux qu'il donne ci-contre. La Loge de Tarare (Rhône), les Amis Réunis, dont il était député (à l'époque, vu la longueur des voyages, les Loges de province choisissaient un député résidant à Paris), fut selon Bésuchet fondée en octobre 1820 (soit moins d'un an après une autre Loge de la même ville, Constance et Fidélité, ce qui peut sembler étonnant pour une ville qui ne comptait à l'époque que 6000 habitants).

Quoique nous n'ayions trouvé d'autre trace de son existence, il s'agit manifestement, puisqu'il se désigne comme Capitaine en non-activité et Chevalier de la Légion d'honneur, d'un ancien officier de l'armée napoléonienne, mis en demi-solde à la Restauration (Bazot le désigne d'ailleurs comme capitaine décoré à la table des auteurs de sa Morale de la Franche-maçonnerie). On sait que beaucoup de ces demi-solde, peu satisfaits de ce statut, étaient des nostalgiques de l'Empire et qu'on en a trouvé plus d'un dans les cercles d'opposants, parfois conspirationnistes, au régime.

Nostalgique de l'Empire, Azé l'était certainement, puisque dans ses chansons il rend à plusieurs reprises hommage aux héros qui pendant vingt ans ont couvert la France de gloire (cfr. p. 49). L'une des chansons (p. 39) s'intitule d'ailleurs Réception d'un officier à la demi-solde à la Loge d'Isis. Mécontent du régime, il devait l'être aussi, puisqu'il fait indirectement l'éloge d'un journal qui l'était tout autant.

Nous ignorons s'il a un lien de parenté avec le docteur Olivier Azé qui en 1849 fut Vénérable de la Loge caennaise Thémis.

Le recueil comprend 204 pages (plus 12 d'une préface intitulée dialogue entre un Frère et l'auteur, où celui-ci dissipe les préventions contre son projet du premier, qui craint qu'une telle publication génère des indiscrétions), et, comme le titre l'indique, des chansons profanes et maçonniques ; la partie allant de la p. 50 à la p. 174 est consacrée à des chansons, poèmes et épigrammes profanes ; les chansons maçonniques vont de la p. 1 à la p. 49, mais une autre (cantique pour l'installation de la Loge Le Bouclier français, 1821) - suivie de deux discours maçonniques - se trouve en fin de volume, p. 175.

Beaucoup de ces chansons restent dans le ton des chansonniers de l'Empire en n'étant qu'une glorification, sur un ton très profane, des banquets maçonniques. Quelques autres nous ont cependant semblé valoir une mention :

Page Titre
1

Les conditions maçonniques, avis aux profanes

4 Ronde maçonnique
13 L'Amour fugitif
17 Cantate pour la Fête de l'Ordre (1819)

Bailleul, l'imprimeur-éditeur et libraire, a aussi réédité en 1821 un classique de la littérature ésotérique, Crata repoa : initiations aux anciens mystères des prêtres d'Égypte, en s'y désignant comme Frère.

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