Hommage à Henri IV

Cliquez ici pour entendre l'air

Cette chanson occupe les pp. 5-6 du recueil d'Honoré.

Celui-ci ne fait en fait que recopier un texte déjà publié - et cette fois sans abréviations maçonniques - aux pp. 85-6 (85/368) de la première partie du Tome premier de l'Etat du Grand Orient de France pour 1777, où il est précisé que cette romance est De la Composition du Très Cher Frère de Beaussay, ancien Vénérable de la Loge de la Concorde à l'Orient de la Rochelle. Francis Masgnaud, dans Franc-maçonnerie et francs-maçons en Aunis et Saintonge sous l’Ancien Régime et la Révolution (Ed. Rumeur des Ages, La Rochelle 1989), nous précide qu'il fut interprété en tenue solennelle fin mars 1775 par son auteur de Baussay, à ce moment Vénérable de cette Loge.

 

Romance

Sur l'Air : de la Romance de M. de Marmontel, en s'éloignant de sa Muse

Nous n'aurons tous qu'un langage, 
C'est Henri que nous chantons ; 
Joignez-vous à mon hommage, 
Venez sensibles Maçons 
On le bénit d'âge en âge, 
C'est le culte des Français :
Venez placer son image 
Dans le Temple de la Paix. 

Si d'heureuses destinées, 
Favorisant notre Loi, 
Avaient placé nos années 
Près des jours de ce grand Roi, 
Il eut été de nos Frères 
Le plus grand, le plus chéri 
Il soupçonnait nos mystères, 
Quand il embrassait Sully

Un Maçon prend une belle, 
On connait le choix d'Henri
Cette tendre Gabrielle
Qui ne vécut que pour lui. 
Bon Henri, ton âme aimante, 
Eut le prix de ses bienfaits.
Un ami, ta douce amante ; 
Et le cœur de tes sujets. 

Si des voûtes éternelles 
Il jette les yeux sur nous, 
Il voit les sujets fidèles 
Qu'il aima par dessus tout. 
En pleurant cette ombre chère, 
Tout Rochellois, à son fils, 
Dit : il était notre père, 
Et nous ses bien bons amis (1).

Mais notre douleur s'apaise, 
Il est un terme aux regrets : 
On a dit qu'en Louis-Seize
Bon Henri, tu renaîtrais. 
Si de la France attendrie, 
Il est l'espoir et l'amour, 
C'est qu'on voit la prophétie 
Qui s'accomplit chaque jour. 

Par le T. C. F. ***.

(1) C'est le nom qu'Henri donnait aux habitants de la Rochelle en leur écrivant.

Il traduit bien l'attachement fidèle des Rochelais à Henri IV, qui aimait bien ces protestants. Le texte précise d'ailleurs en note, en commentaire du vers Et nous ses bien bons amis, que bons amis est le nom qu'Henri donnait aux habitants de la Rochelle en leur écrivant

Dire qu'Henri renaît dans le nouveau roi Louis XVI est dès lors une révérence à ce dernier. Le culte d'Henri IV (dont une loge portera le nom à partir de 1817) sera d'ailleurs ranimé à la Restauration.

Cet attachement à Louis XVI - et à la monarchie en général - est confirmé par exemple par le discours (cité par Masgnaud) du Frère Thibault, Orateur de l'Aimable Concorde de Rochefort, le 12 juin 1774 : Je requiers que nous commencions nos Travaux en invitant les Frères visiteurs à se joindre à nos voeux pour reconnaître Louis XVI notre nouveau monarque en lui prêtant serment de fidélité comme nous l'avions fait pour son prédécesseur, de ne jamais rien souffrir parmi nous qui puisse porter atteinte à sa personne ... le premier devoir que nous nous prescrivons est notre attachement invincible pour notre Roy. Ensuite de quoi il est tiré à l'extérieur du Temple trois fois sept coups de canon.

L'air dit de la romance de M. de Marmontel, En s'éloignant de sa muse, est également utilisé par un autre cantique (pp. 54-57) du même recueil, qui a été repris dans le recueil de la Loge Ernest Renan; celui-ci en donne une partition (dont nous n'avons pu déterminer la source), ce qui nous permet de vous le faire entendre.

Il faut signaler que nous connaissons une autre partition pour cette romance de Marmontel, celle proposée en 1782 par Naumann dans ses Ariettes françoises.

Retour au sommaire du recueil d'Honoré :

Retour au sommaire du Chansonnier :