Le Masonic Hall de Philadelphie

Le Masonic Hall de Philadelphie fut construit dans la Chesnut Street (ou Chestnut) en 1810 et inauguré en 1811.

Incendié - heureusement sans autres dommages que matériels - le 9 mars 1819 (on trouvera tous les détails à ce sujet dans l'ouvrage de Noris S. Barratt et Julius F. Sachse, Freemasonry in Pennsylvania 1727 to 1907 ; on notera que le feu se répandit si rapidement que la Loge en réunion à ce moment fut amenée à évacuer sans même avoir fermé les travaux !), il avait été aussitôt reconstruit, et inauguré solennellement le 1er novembre 1820. 

 

On trouve en décembre 1820 un compte-rendu de  cette cérémonie de réinauguration dans la revue The American masonic register, and Ladies' and gentlemen's Magazine de Luther Pratt (pp. 137-8). On y lit (ces moeurs typiques de la maçonnerie américaine étonneront peut-être certains de nos lecteurs européens) qu'après une cérémonie à l'église avec prières et chants, on se rendit en procession au nouveau bâtiment pour l'inaugurer et y banqueter.

Il faut signaler que, en 1855, ce bâtiment allait être remplacé par un nouveau (ci-contre), également néo-gothique mais dans un style plus flamboyant. Il y eut de nouveau une inauguration solennelle, dont le rapport figure in extenso aux pages 26 à 55 des Proceedings of the Grand Lodge of Pennsylvania de décembre 1855.

On y lit que Cunnington dirigeait les exécutions musicales.

Quoique le nom de leur compositeur n'y soit pas indiqué, il nous semble évident que les deux marches mentionnées dans ce Tracé soient celles de Fennen et de Boettger.

La Grande Loge du Massachusetts a rendu compte ainsi de cet événement :


 

L'événement avait attiré l'attention de la maçonnerie européenne, comme en témoigne l'article publié en 1853 dans Le Soleil mystique.

 

La Grande Loge de Pennsylvanie avait effectivement, comme mentionné dans ce texte, été la première Grande Loge Provinciale et Franklin en fut dès 1734 le premier Grand Maître, réclamant aussitôt son autonomie par rapport au Grand Maître Provincial d'Amérique du Nord désigné par Londres en 1733 (c'est en 1778 qu'elle coupa officiellement ses liens avec Londres). La Grande Loge du Massachusetts, relevant elle de la Grande Loge d'Ecosse, ne fut créée qu'en 1769. C'est d'ailleurs à Philadelphie qu'avait été installée, en 1730, la première Loge du pays, dont Franklin fut Vénérable.

Mais cette construction de 1855 fut rapidement jugée obsolète et la décision de la remplacer fut prise dès 1865 et finalisée en 1873. On aperçoit ce nouveau bâtiment à la médaille ci-contre.

 

Le compte-rendu de la cérémonie de 1820 est accompagné des textes des cantiques chantés à l'église. Parmi ceux-ci, on note cette Ode, dont le texte est de William B. Tappan (1704-1849), qui allait lui-même le publier à la p. 29 de son recueil Poems publié à Philadelphie en 1822.

La musique, elle, constitue un arrangement par Benjamin Carr d'un air du compositeur italien Pucitta (1778-1861). 

Carr devait particulièrement aimer cet air de Pucitta puisqu'il en avait déjà fait en 1814 un arrangement sous le titre (repris en citation par Tappan, qui a calqué son texte sur l'original) Strike the Cymbal, partition qu'il s'est contenté de réutiliser ici avec de nouvelles paroles.

Il a d'ailleurs publié simultanément cette nouvelle version et encore une troisième, qui sont accessibles sur le riche site The Lester S. Levy Collection of Sheet Music. Celle de 1814 est également présentée, dans une version très lisible, sur une page du site de l'organiste allemand Gabriel Isenberg. Nous ne croyons donc pas utile de reproduire cette partition sur la présente page.

On remarquera, dans le texte, la note de bas de page Alluding to the Conflagration of the late Grand Hall (allusion à l'explosion du Grand Hall précédent), qui fait référence à l'incendie de 1819.

Solo

"Strike the Cymbal ! 
roll the Tymbal !"
swell the note of grateful love.

Chor

Heav'n rejoices ! 
Lend your voices !
Praise the Architect above

Solo

God of Glory, 
The song of vict'ry
Peans loud are ever thine

Chor

Cherubs singing, 
Glad are bringing
Off'rings to Jehovah's shrine

Solo treble

Lo, in grandeur 
Bedeck'd in splendor
See the Temple proudly rises
Masonry triumphant gazes

Chorus

Where red gleaming 
Ruin beaming
*
Spread the midnight terror round

* Alluding to the Conflagration of the late Grand Hall

Trio

Art combining
Grace entwining
Charity the corner stone

Chorus

Discord never
Can dissever
Fabrics rear'd on God alone !

Solo

Faith and Hope our chosen stay,
Love illumes with mystic ray
Truth and Reason still combine

Chorus

Still adorn the hallow'd shrine
Praise him The Architect O Praise !
Hosanna Hosanna Hosanna 

Solo

Frappez cymbales !
Roulez timbales !
Enflez les notes de l'amour reconnaissant.

Choeur

Cieux réjouissez-vous !
Prêtez vos voix !
Priez l'Architecte là-haut

Solo

Dieu de Gloire, 
Le chant de victoire
Ces péans sonores sont toujours pour toi 

Choeur

Des chérubins chantants 
Apportent joyeux
Des offrandes sur l'autel de Jehovah

Solo aigu

Regardez, en majesté
 Orné de splendeur 
Voyez le Temple s'élève fièrement
La maçonnerie contemple triomphante

Choeur

Le lieu où le rouge étincelant
Diffusant la ruine
*
Répandait alentour la terreur de minuit

* Allusion à l'explosion du Grand Hall précédent

Trio

L'Art combinant
La Grâce enlaçant
La Charité, la pierre angulaire

Choeur

Jamais la discorde
Ne peut désunir 
Ce tissu élevés sur Dieu seul !

Solo

Foi et Espérance notre séjour choisi
L'Amour éclaire de son rayon mystique
La Vérité et la Raison se réunissent encore

Choeur

Ornez encore le mausolée consacré
Priez-le, l'Architecte, O Priez !
Hosanna Hosanna Hosanna 

Merci à qui pourrait améliorer l'essai de traduction ci-dessus

Other english-speaking songs

Retour au sommaire des chansons diverses du XIXe:

Retour au sommaire du Chansonnier :