Chanson

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Cette chanson se trouve dans certaines des variantes du Chansonnier de Jérusalem (D p. 133, C p. 159) ainsi que dans deux autres chansonniers influencés par celui-ci, le chansonnier lausannois de 1779 (pages 203-5, reproduites ci-dessous) et un recueil de 1765 (p. 33).

Il s'agit d'une variante historico-biblique d'une chanson, l'Excellence de l'Ordre, qui est beaucoup plus connue (elle est dans presque tous les chansonniers), et dont elle adopte l'air (lequel est d'ailleurs apparenté à celui de la Chanson des Surveillants du Recueil de Naudot) et le refrain.

Pour la gouverne des moins érudits, les références sont explicitées par deux notes de bas de page qui renvoient respectivement à la défaite d'Antoine et Cléopâtre et au récit biblique de Judith et Holopherne.

Au couplet 2, Samson complète ce trio de hauts personnages dont des femmes ont pu, puisqu'ils n'avaient pas le bonheur d'être maçons, faire le malheur.

Cette dernière allusion, tout comme celle à Diogène au couplet suivant, ont sans doute semblé suffisamment évidentes pour ne pas devoir être explicitées : il est vrai que le philosophe était déjà une vedette du chansonnier maçonnique.

Le premier et le dernier couplet opposent classiquement les vices du profane vulgaire, voué seulement à Vénus et à Bacchus, à la moralité des maçons, dont les principes sont rappelés.

ci-contre : le tableau du Caravage Judith décapitant Holopherne

Sublime Ecossaise

Au XVIIIe, un des hauts grades de la Maçonnerie d'Adoption, celui de Sublime Ecossaise, constituait une mise en scène de l'acte héroïque de Judith. C'était en quelque sorte, en tout aussi macabre et violent, le pendant féminin des grades de vengeance masculins.

On en trouvera tous les détails aux pages 68 à 79 du Manuel complet de la maçonnerie d'adoption de Ragon. 

La mise en scène, passablement grand-guignolesque, se termine par l'entrée de la postulante, brandissant de la main droite un sabre, de la gauche une tète de mort peinte qu'elle présente au maître des cérémonies, qui la met au bout d'une lance placée contre l'autel (tragique ironie de l'histoire : c'est au bout d'une pique qu'allait être promenée dans Paris en 1792, lors des massacres de septembre, la tête de la princesse de Lamballe, Grande Maîtresse de la Mère-Loge écossaise d'Adoption).

            

               

CHANSON

 

Sur l'air : Nous seuls des secrets des Maçons.

 

AMateurs de la volupté,
Qui ne connoissez sur la terre
Que la déesse de cythère
Et Bacchus pour divinités ;
Que jamais vos affreux exemples
Ne corrompent nos nourrissons ;
Les vertus triomphent aux temples
Des Francs-maçons.        bis, bis.

 

 

C H OE U R.

De notre art chantons l'excellence, 
Ses secrets font notre bonheur ; 
De notre art chantons l'excellence, 
Exaltons sa magnificence ; 
Qui des rois montre la grandeur.      bis.

 

 

Marc-Antoine (1) eût donné des loix 
Aux Romains, malgré sa maîtresse, 
Et Judith n'auroit eut l'adresse 
De trancher la tête d'un roi (2) ;
Dalila n'auroit su connoìtre 
Le secret du fameux Samson ; 
S'ils avoient eu le bonheur d'être 
Des Francs-maçons.        bis, bis.
De notre art, &c.

 

 

Le philosophe Athénien
Ne put contenter son envie,
Quoiqu'il cherchât toute sa vie
Pour trouver un homme de bien.
Si ce savant perdit ses peines,
Je vous en dirai la raison ;
C'est qu'il n'y avoit point dans Athènes
Des Francs-maçons.        bis, bis.
De notre art, &c.

 

 

Marcher toujours d'un pas égal
Dans le sentier de la sagesse,
Avoir de la délicatesse,
Faire le bien, fuir le mal,
Aimer & secourir ses frères ;
Consulter toujours la raison ;
Curieux, voilà les mystères
Des Francs-maçons.        bis, bis.
De notre art, &c.

 

 

( 1) L'un des Triumvirs.
(2) Holoferne.

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